FINANCES ET COMPTES PUBLICS
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON
BUDGÉTAIRE 2023
Mission « Médias, livre et industries
culturelles »
Avril 2024
Sommaire
SYNTHÈSE
..................................................................................................................................
5
RECOMMANDATION UNIQUE
.............................................................................................
7
INTRODUCTION
.......................................................................................................................
9
CHAPITRE I ANALYSE
DE L’EXÉCUTION BUDGÉ
TAIRE
.........................................
11
I - LA PROGRAMMATION INITIALE
...............................................................................................
11
A - Les évolutions de périmètre
.................................................................................................................
11
B - Les hypothèses de budgétisation
..........................................................................................................
12
C -
L’articulation AE = CP
........................................................................................................................
14
D - La soutenabilité de la programmation vue par le CBCM
.....................................................................
15
II - LA GESTION DES CRÉDITS ET SA RÉGULARITÉ
.................................................................
15
A - Les reports de 2022 sur 2023
...............................................................................................................
15
B - La mise en réserve
................................................................................................................................
16
C - Les crédits initiaux et les crédits consommés
......................................................................................
18
III -
ANALYSE DE L’É
VOLUTION DE LA DÉPENSE ET DE SES COMPOSANTES
................
19
A - Les composantes de la dépense
............................................................................................................
20
B - Les emplois et les dépenses de personnel
............................................................................................
21
C -
Les dépenses d’intervention
.................................................................................................................
22
D - Les dépenses de fonctionnement
..........................................................................................................
25
E -
Les dépenses d’investissement et d’opérations financières.
.................................................................
26
F - Le financement des opérateurs
.............................................................................................................
29
IV - PERSPECTIVES ASSOCIÉES À LA TRAJECTOIRE BUDGÉTAIRE
...................................
31
A - Restes à payer
......................................................................................................................................
31
B - Reports sur 2024
..................................................................................................................................
32
V -
L’INCIDENCE DES
DÉPENSES BUDGÉTAIRES SUR
L’ENVIRONNEMENT
....................
33
CHAPITRE II POINTS
D’ATTENTION PAR PROG
RAMME
........................................
35
I - PROGRAMME 180
–
PRESSE ET MÉDIAS
..................................................................................
35
A -
Une nouvelle aide à la diffusion de la presse qui n’atteint pas encore complètement ses objectifs
.....
35
B -
Le financement en gestion d’une aide exceptionnelle aux éditeurs de presse
......................................
36
II -
DES CRÉDITS D’U
RGENCE ET DE RELANCE TOUJOURS EN COURS DE
DÉPLOIEMENT EN 2023
.................................................................................................................
37
A -
Des crédits exceptionnels d’urgence qui continuent d’être versés en 2023, dans certains cas
comme des crédits de droit commun
....................................................................................................
37
B -
Un taux d’exécution des crédits de relance qui reste faible pour le secteur de la presse
......................
38
III - PROGRAMME N° 334 - LIVRE ET INDUSTRIES CULTURELLES
......................................
41
A - Le financement du CNM
.....................................................................................................................
41
B - Les crédits consacrés aux jeunes de 15 à 25 ans
..................................................................................
42
CHAPITRE III MOYENS
CONSACRÉS PAR L’ÉTA
T À LA POLITIQUE
DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
................................
45
I - LES DÉPENSES FISCALES
.............................................................................................................
45
A - Les dépenses fiscales en faveur de la presse et des médias
..................................................................
46
COUR DES COMPTES
4
B -
Les dépenses fiscales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel
............................................................
50
C - Les dépenses fiscales en faveur de la musique.
....................................................................................
52
II - LES OPÉRATEURS ET LES TAXES AFFECTÉES
....................................................................
53
A - La taxe affectée au CNM
.....................................................................................................................
53
B - Les taxes affectées au CNC
..................................................................................................................
54
III -
LE PLAN D’INVE
STISSEMENT FRANCE 2030
.......................................................................
56
IV -
L’ÉVOLUTION DE
LA DÉPENSE TOTALE SUR MOYENNE PÉRIODE
............................
58
A - Dépense totale de la mission
................................................................................................................
58
B - Une vision consolidée des crédits concourant à la mission
..................................................................
58
V -
L’ANALYSE DE LA
PERFORMANCE
.........................................................................................
60
ANNEXES
..................................................................................................................................
63
Synthèse
La mission
Médias, Livre et industries culturelles
se caractérise par la prépondérance des
dépenses fiscales et des taxes affectées aux opérateurs, les crédits budgétaires représentant le
tiers de la dépense totale de la mission, ce qui restreint la capacité de pilotage du ministère.
Avec 731,7
M€ d’
auto
risation d’engagement
et 725,6
M€ de
crédits de paiement
consommés, le volume de crédits budgétaires ouverts en 2023
s’est
cependant
accru de 100 M€
par rapport à l’exécution 2022.
Cette croissance soutenue des dépenses, qui concerne le programme 180
–
Presse et
médias
,
s’explique par
la mise en place à compter du 24 février 2023 de la nouvelle aide à la
diffusion de la presse
, destinée à favoriser le portage des titres de presse, dont le coût s’est élevé
à plus de 106
M€. Elle résulte également du financement en cours de gestion d’une aide
exceptionnelle aux éditeurs de presse confrontés à la hausse de leurs coûts de production à
hauteur de 30 M€.
D’une façon générale, l’exercice 2023 a été marqué
les tensions inflationnistes touchant
en particulier les
coûts de l’énergie
, qui ont rendu nécessaire la revalorisation, en loi de finances
initiale et en cours de gestion, des subventions pour charges de service public versées aux
opérateurs du programme 334 -
Livre et industries culturelles
, au premier rang desquels la
Bibliothèque nationale de France. Pour autant, le volume de crédits de paiement exécutés sur
ce programme a été maintenu à un niveau
identique à celui de l’exercice précédent, à 335
M€.
Les enveloppes
mobilisées de crédits d’urgence post
-crise sanitaire ou de relance ont été
d’une ampleur beaucoup plus réduite
en 2023 que lors des trois exercices précédents, certains
opérateurs comme le Centre national de la musique (CNM) disposant encore dans leurs fonds de
roulement de volumes de crédits importants issus des dotations exceptionnelles versées
par l’
État
en 2020-2021. Ces reliquats de crédits sont donc désormais en grande partie utilisés, à rebours de
leur vocation initiale, comme des ressources de droit commun.
Si le coût des dépenses fiscales relatives à la presse et aux médias diminue de 10 % en 2023
sous l’effet d’un changement de mode de calcul
du coût des taux réduits de TVA, celui des dépenses
fiscales en faveur du cinéma, de l’audiovisuel et de la musique
enregistrée maintient une trajectoire
dynamique (+15%) dans le contexte de reprise de ces secteurs.
Sur l’ensemble de la mission, le coût
estimé pour 2023 des dépenses fiscales dépasse, à 772 M€, le volume des crédits budgétaires
consommés. La recommandation de la Cour visant à procéder de façon systématique à une
évaluation de ces dispositifs fiscaux avant leur prorogation n’a été que partiellement mise en œuvre,
trois dépenses fiscales ayant été prorogés par la loi de finances pour 2024 sans évaluation préalable
de leur efficacité.
Les produits des taxes affectées au Centre national du cinéma et de l’image animée et au
CNM ont également progressé de façon significative en 2023, atteignant
824 M€ contre 754 M€ en
2022 (soit +9 %). Cette tendance devrait être accentuée par la création, en loi de finances pour 2024,
COUR DES COMPTES
6
d’une nouvelle contribution fiscale
des plateformes de streaming, affectée au CMN et destinée à
consolider ses ressources financières.
Enfin, le plan
d’investissement
France 2030 poursuit en 2023 son déploiement. Le caractère
éclaté de sa gouvernance ne facilite cependant pas le suivi des crédits engagés et consommés, le
ministère de la culture et ses opérateurs n’étant pas en charge du versement des subventions.
Au total, la prise en compte des crédits budgétaires, dépenses fiscales, taxes affectées,
ainsi que des mesures de relance (plan de relance et France 2030) porte à 2,4
Md€ les moyens
consacrés à la mission en 2023, soit 583
M€ de plus qu’en 2019.
Recommandation unique
1.
(Réitérée) : Conditionner toute reconduction de dépense fiscale, notamment de faible montant,
en faveur de la presse, à une évaluation de son efficacité
(DGFiP et ministère de la culture)
.
Introduction
La mission
Médias, livre et industries culturelles
relève de la direction générale des
médias et des industries culturelles (DGMIC) du ministère de la culture, créée par le décret
n° 2009-1393 du 11 novembre 2009.
La mission est structurée autour de deux programmes :
-
180
–
Presse et médias
qui comporte cinq actions :
relations financières avec l’
Agence
France Presse (AFP), aides à la presse, soutien aux médias de proximité, soutien à
l’expression radiophonique et enfin
Compagnie internationale de radio et de télévision
(CIRT) ;
-
et
334 -
Livre et industries culturelles
qui comprend deux actions de son intitulé : livre et
lecture, et industries culturelles.
La LFI 2023 dotait la mission de crédits budgétaires à hauteur de 704,86 M€, revus à
739,96 M€ en cours d’exercice, à la suite de différents mouvement
s de transfert et de virements
de crédits rendus nécessaires pour financer des dépenses supplémentaires liées principalement
à la hausse de l’inflation.
Aux 725,65 M€ de crédits budgétaires consommés en 2023, s’ajoutent 15 dépenses
fiscales pour un coût
évalué à 772 M€
, et 5 taxes affectées représentant un produit estimé à
823,9 M€ en 2023.
Le montant consommé des crédits de relance (8 M
€
) est quant à lui en net recul par rapport
à l’exercice 2022
.
COUR DES COMPTES
10
Mission Médias, livre et industries culturelles
Programme
180
–
Presse et médias
Programme
334
–
Livre et industries culturelles
Graphique n° 1 :
dépenses budgétaires de la mission Médias, livre et industries
culturelles - exécution 2023 (CP, en
M€)
Source : Cour des comptes
Graphique n° 2 :
dépenses budgétaires, fiscales, taxes affectées et plan de relance
par
programme (en M€)
Source : Cour des comptes
390,4
335,3
725,7
232
540
772
823,9
823,9
8,3
0,1
8,4
0
500
1000
1500
2000
2500
P180 Presse et médias
P334 Livre et industries
culturelles
TOTAL Mission
Dépenses budgétaires
Dépenses fiscales
Taxes affectées
Plan de relance
Chapitre I
Analyse de l’exécution budgétaire
La loi de finances initiale (LFI) pour 2023
fixait les autorisations d’engagement
(AE) de
la mission à 702,39
M€, en
légère augmentation par rapport à 2022 (698,17
M€)
.
Les crédits de paiement (CP) suivent une évolution similaire, à 704,86
M€
en 2023, en
progression de 4 %, par rapport à la LFI 2022 (675,2
M€).
Tableau n° 1 :
évolution entre la LFI 2022 et la LFI 2023 (CP,
M€)
LFI
2022
Mesures
de périmètre
et de transfert
Tendanciel
Économies
Mesures
nouvelles
LFI
2023
HT2
675,15
0,800
16,76
-1,35
13,5
704,86
dt prog. 180
350,76
0,00
19,20
-1,35
2,4
371,01
dt prog. 334
324,39
0,800
-2,44
0,00
11,10
333,85
Total mission hors CAS
675,15
0,800
16,76
-1,35
13,5
704,86
Source : DGMIC
Les CP 2023 du programme
Presse et médias,
augmentent de 20,25
M€ par rapport à
2022 (+6%), et ceux du programme
Livre et industries culturelles
de 9,46
M€ (+
3%).
I -
La programmation initiale
A -
Les évolutions de périmètre
La construction de la programmation initiale de l’exercice 2023 ne s’est pas traduite par
des évolutions notables concernant le périmètre de la mission
Médias, livre et industries
culturelles.
Pour le programme 334, il est à noter que 0,88 M€ en AE=CP ont été transférés au titre
des mesures catégorielles depuis le titre 2 du programme 224
Soutien aux politiques du
ministère de la Culture
en faveur des agents de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et du
Centre national du livre (CNL). À
l’inverse, 0,08 M€ en AE=CP sont transférés du programme
334 vers le programme 224 au titre de la prise en charge de deux emplois du CNL sur le titre 2
COUR DES COMPTES
12
de ce programme. Ce mouvement se traduit en parallèle par le transfert de 2 ETPT vers le
programme 224 (cf. chapitre I-III-B
infra
).
B -
Les hypothèses de budgétisation
La budgétisation des dépenses de la mission
Médias, livre et industries culturelles
est
caractérisée, pour le programme 180,
par l’importance des
dépenses « de guichet » (aides à la
presse) sous enveloppe limitative
, ainsi que par le contrat d’objectifs et de moyens de l’AFP.
Les dépenses du programme 334 sont quant à elles largement conditionnées par
l’évolution des subventions versées aux opérateu
rs.
1 -
Les hypothèses du programme 180
–
Presse et médias
En LFI 2023, 372
M€
en AE et 371 en CP ont été ouverts sur le programme 180
–
Presse
et médias
(350,76
M€
en AE et CP en LFI 2022)
.
Sur ce total, les mesures nouvelles
représentent 2,4 M€ en AE=CP.
Ce programme finance des dépenses de fonctionnement et des
dépenses d’intervention
qui sont relativement stables, et en grande partie prédéterminées par contrat ou par enveloppe
limitative.
Ainsi, les « relations financières avec
l’Agence France
-Presse », qui représentent plus du
tiers des crédits du programme 180
–
Presse et médias
, sont encadrées par la convention
d’abonnements de l’État au fil de l’Agence signée en 2015 (21,7 M€ reconduits tacitement
jusqu’en 2023), ainsi que par la trajectoire de la
dotation en compensation des missions d’intérêt
général (MIG) fixée par le contrat d’objectifs et de moyens (2019
-2023). Ce COM tient compte
du plan de transformation de l’Agence, auquel l’État a apporté un soutien exceptionnel en 2019
et 2020. Le plan de transformation achevé, la dotation en LFI 2023 a été fixée à 113,3
M€
,
montant stable par rapport à 2022.
Les aides à la presse représentaient 196,5
M€ en
LFI 2023 (179,2
M€ en LFI 202
2).
Les aides « de guichet » octroyées sous enveloppe fermée, à savoir les aides au portage,
à la modernisation de la distribution de la presse quotidienne nationale, ou au pluralisme sont
intégralement consommées chaque année
. Elles sont calibrées en prenant compte l’évolution
prévisible du nombre de bénéficiaires. Les exonérations de charges patronales pour les
vendeurs-colporteurs et porteurs de presse
sont évaluées par l’A
gence Centrale des Organismes
de Sécurité Sociale (ACOSS), organisme gestionnaire (-
1,2 M€ en AE et CP 2023)
.
Parmi les aides au pluralisme, l
’aide aux publications nationales d’information politique
et générale à faibles ressources publicitaires (PFRP) a vu sa dotation augmenter en LFI 2023
de 1,2 M€, passant à 14,36 M€, afin de financer en base l’éligibilité du quotidien
L’Opinion
tout
en maintenant au niveau des années antérieures l’aide apportée aux autres principaux
quotidiens bénéficiaires.
L’année 2023 constitue
également
la première année de mise en œuvre de l’aide à
l’exemplaire pour les titres de presse postés ou portés
créée par le décret n°2023-132 du 24
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
13
février 2023
1
. La dotation de cette nouvelle aide a été sensiblement revalorisée en LFI 2023
(+18,5 M€) par rapport à l’exercice précédent pour anticiper la montée en charge de la réforme
(cf. chapitre II-I-A
infra
).
Par ailleurs, en raison de
l’extinction définitive de l’aide à la modernisation sociale de la
presse quotidienne d’information politique et générale, les
0,15 M
€ en AE = CP mobilisés pour
doter cette aide jusqu’en 2022 n’ont plus été intégrés à la budgétisation 2023.
Pour les dispositifs d’aide à l’investissement et/ou aux projets (le fonds stratégique pour
le développement de la presse -
FSDP, l’aide à la moder
nisation des diffuseurs de presse et le
fonds de soutien à l'émergence et à l'innovation dans la presse - FSEIP), les besoins sont évalués
de façon à couvrir les paiements des projets financés les années antérieures et ceux liés aux
nouveaux projets retenus.
En application du protocole de conciliation signé en mars 2018 entre la messagerie
Presstalis, les coopératives d’éditeurs concernées et l’État
2
, 9
M€ sont transférés annuellement
du fonds
stratégique pour le développement de la presse (FSDP) vers l’ai
de à la modernisation
de la distribution de la presse, en soutien à Presstalis, puis à la société France Messagerie qui
lui a succédé.
Enfin, en ce qui concerne le soutien aux médias, un rebasage à hauteur de 1,73
M€ a été
arbitré en faveur du fonds de so
utien à l’expression radiophonique locale (FSER) afin de
prendre en compte l’augmentation du nombre de radios éligibles (en FM et DAB+).
En outre,
un fonds pour la création sonore (« fonds podcasts »), qui consiste en une aide aux auteurs dans
leurs projet
s d’écriture ou de réécriture d’œuvre sonores originales, a fait l’objet d’une mesure
nouvelle en 2023
après avoir été financé en gestion en 2022, pour un montant total de 1,2 M€
en AE = CP.
2 -
Les hypothèses du programme 334
–
Livre et industries culturelles
Pour le programme 334 -
Livre et industries culturelles,
330,3
M€
en AE et 333,9
M€ en
CP ont été ouverts en LFI 2023.
Sur ce total, les mesures nouvelles représentent 13,4 M€ en
AE et 11,1 M€ en CP.
L’enveloppe budgétaire du pro
gramme est relativement rigide compte tenu du poids des
subventions versées aux opérateurs, au premier rang desquels la BnF :
-
La dotation de la BnF (198,4
M€ de subvention pour charge de service public
en 2023), en
progression régulière depuis 2018, représente près de 60 % des crédits du programme. Elle
augmente de 6,1
M€ en
LFI 2023 (+ 3%) dont 2,77
M€ au titre d’une mesure de rebasage
,
et 2,45 M€ afin de compenser les effets de l’inflation sur ses dépenses de fonctionnement
(fluides notamment) ;
la subvention pour charges d’in
vestissement de la BnF suit une
trajectoire comparable avec +2,65 M€ (
en CP) en LFI 2023,
dont 1,25 M€ de rebasage
;
1
Décret n° 2023-132 du 24 février 2023 instituant une aide à l'exemplaire pour les titres de presse postés ou portés.
2
Dans le cadre de ce protocole, il a été convenu avec les coopérateurs de Presstalis que l’aide à la distribution de la
presse
quotidienne nationale
serait portée de 18 à 27 M€ jusqu’en
2021 (puis prolongée en 2022, 2023 et 2024), par redéploiement de
crédits issus du FSDP habituellement consommés par les éditeurs membres des coopératives actionnaires de Presstalis, en
contrepartie de l’eng
agement de ces éditeurs à ne pas bénéficier du fonds pendant cette même période.
COUR DES COMPTES
14
-
Les subventions pour charge de service public du CNL et du CMN ont également été
rebasées à hauteur de près de 1 M€ pour chacune
; des enveloppes destinées à compenser
les effets de l’inflation sur leurs budgets ont également prévues
pour
la Bpi (+0,24 M€) et
le CNL (+0,15 M€).
Pour autant, deux nouvelles actions sont financées sur le programme 334 dans le cadre de
la LFI 2023 :
-
la création
d’un portail national du livre accessible et adapté, décidée en Conseil
interministériel du handicap le 3 février 2022, avec 3,56 M€ d’AE et 1,25 M€ de CP prévus
en LFI 2023 (cf. chapitre I-III-E
infra
) ;
-
une
mesure nouvelle à hauteur de 0,95 M€ en AE = CP afin de pérenniser les actions en
faveur de la découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones, financées depuis
2021 par le plan de relance (programme 363 -
Compétitivité
).
Dans le domaine du soutien à la lecture, le ministère a mobilisé dans le cadre de la LFI
2023 une enveloppe de 0,5 M€ pour mener une campagne nationale de communication afin de
relancer la fréquentation des bibliothèques territoriales qui a reculé à la suite de la crise
sanita
ire. Une enveloppe supplémentaire de 0,3 M€ en AE=CP a é
galement été mobilisée pour
permettre aux services déconcentrés du ministère de renforcer leur soutien au développement
de l’offre et des pratiques de lecture par les bibliothèques.
Par ailleurs, en ce qui concerne le
secteur de l’édition et des librairies
, la LFI prévoit une
revalorisation de 1 M€ en AE=CP de la subvention accordée à la Centrale de l’édition,
groupement d’intérêt économique chargé à la fois de favoriser l’exportation à l’étranger des
livres en langue française et de permettre l’application dans les territoires ultramarins de la loi
de 1981 sur le prix du livre, grâce à la mutualisation et à la prise en charge partielle ou totale
des coûts de transport.
Un abondement de 0,35 M€ en AE=C
P est également programmé en
faveur du Bureau international de l’édition française (BIEF) qui est chargé de faciliter et
d’encourager les exportations et les échanges de droits pour les 280 maisons et groupes
d’édition française qui en sont membres.
L’enve
loppe consacrée aux crédits déconcentrés,
abondée de 0,75 M€ en AE=CP dans le cadre de la LFI 2023, vise à renforcer le soutien aux
festivals du livre présents sur l’ensemble du territoire.
Enfin, le calibrage des enveloppes du programme est également tributaire, en
investissement, de l’état d’avancement des opérations immobilières
(cf. chapitre I-III-E
infra
).
Ainsi,
pour la BnF, l’opération de construction de son centre de conservation et de stockage à
Amiens est abondée en 2023
de 4 M€ en CP pour couvri
r des AE ouvertes en LFI 2021. Le
projet de création d’une Maison de dessin de presse à Paris a conduit à programmer une
enveloppe de 2 M€ en AE=CP en LFI 2023 pour mener les études
et lancer la consultation des
entreprises. Des crédits ont également été prévus en 2023 pour le projet de relogement de la
Bibliothèque publique d’information
(Bpi).
C -
L’articulation AE
= CP
Chaque année, les projets annuels de performances présentent des échéanciers de
paiement au titre de la « justification au premier euro » (JPE) pour deux types de dépenses :
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
15
-
Sur le programme 180,
les dépenses d’intervention inscrites dans le cadre de dispositifs
d’aide
à la presse pluriannuels.
-
L’écart
entre les engagements et les paiements résulte principalement des modalités de
gestion du FSDP qui verse les subventions sur réception des factures attestant de la
réalisation des investissements aidés. Les versements du FSEIP sont, quant à eux, versés
en deux ou trois fois, après remise de rapports par les bénéficiaires, ce qui peut aussi se
traduire par une exécution de la dépense échelonnée sur plusieurs exercices.
-
Sur le programme 334,
les dépenses d’investissement consacrées essentiellement
aux
opérations immobilières : rénovation et relogement de la Bpi, construction du centre de
conservation de la BnF, maison du dessin de presse (cf. chapitre I-III-E
infra
).
D -
La soutenabilité de la programmation vue par le CBCM
Concernant le programme 180
–
Presse et médias
, le contrôleur budgétaire et comptable
ministériel (CBCM) a rendu le 6 mars 2023 un avis favorable avec réserve. Comme pour les
précédents exercices, le CBCM a relevé le caractère insoutenable de la dotation programmée
au titre de la compensation
des missions d’intérêt général
de
l’Agence France
-Presse, celle-ci
supportant un gel de crédits (à hauteur de 6,75
M€
en AE et CP
), alors qu’il s’agit d’une dépense
inéluctable prévue par convention. Cette réserve récurrente du CBCM a pu être levée en gestion,
par dégel des crédits correspondants.
Pour le programme 334
–
Livre et industries culturelles,
le 6 mars 2023, le CBCM a rendu
un avis favorable sur la programmation initiale 2023
, en l’absence
d’impasse budgétaire
significative.
Par ailleurs, aucun refus de visa ni d’avis défavorable sur des actes d’engagement de
dépense n’a été émis par le CBCM en 202
3.
II -
La gestion des crédits et sa régularité
A -
Les reports de 2022 sur 2023
Les reports de crédits de 2022 sur 2023 représentent 27,93
M€ en AE et
15,82
M€ en CP
pour la mission
Médias, Livre et Industries culturelles
3
.
Pour le programme 180
–
Presse et médias
, les reports sur 2023 (22,9
M€ en AE et
10,5
M€ en CP)
correspondaient aux besoins en couverture des aides à la presse attribuées en
2022 mais non engagées (AE) ou non soldées (CP) avant la fin de gestion de l’exercice.
En AE,
sont principalement concernées les aides attribuées dans le cadre du FSDP (13,34 M€), du
FSEIP (1,23
M€) et celles en faveur de la modernisation des diffuseurs (2,75 M€).
Il est à noter que la moitié de l’enveloppe de CP reportés de 2022 sur 2023 concerne l’aide
exceptionnelle aux éditeurs de presse, une enveloppe de 5 M€ ayant été ouverte par la loi de
3
Arrêté du 24 février 2023 portant report de crédits
–
JO du 2 mars 2023.
COUR DES COMPTES
16
finances rectificative de fin de gestion n°2022-1499 du 1
er
décembre 2022 (cf. chapitre II-I-B
infra
).
Sur le programme 334
–
Livre et industries culturelles
, 5,03
M€ en AE et
5,3
M€ en CP
ont été reportés de 2022 sur 2023. Ces reports de crédits budgétaires sur 2023 ont été demandés
principalement pour :
-
c
ompenser l’augmentation du point d’indice (hors compte d’affectation spéciale
« Pensions »)
pour l’année 2023,
aux opérateurs du programme (Bnf, Bpi, CNL et CNM),
à hauteur de 3,84 M€ en AE et CP. Ces
crédits avaient été ouverts dans le cadre de la LFR
de fin de gestion du 1
er
décembre 2022 ;
-
abonder la convention de mandat avec l’OPPIC relative
à
l’opération de restructuration du
quadrilatère Richelieu (1,1
3 M€ en AE et
1,3
2 M€ en CP).
B -
La mise en réserve
Pour le programme 180 -
Presse et médias
, la mise en réserve initiale a porté sur 18,6
M€
en AE et 18,55
M€ en
CP, soit 5% des crédits votés en LFI. Ce gel portait principalement sur
les enveloppes destinée
s à la compensation de la mission d’intérêt général (MIG) de l’AFP
, aux
aides à la modernisation de la presse (FSDP et FSEIP)
ainsi qu’à l’aide au transport postal.
La réserve de précaution du programme
334
- Livre et industries culturelles
représentait
quant à elle 9,56
M€ en AE et
9,73
M€ en CP, ventilés sur l’ensemble du programme. Un taux
réduit à 0,5% est appliqué à la part de subvention pour charge de service public correspondant
aux dépenses de masse salariale des opérateurs.
Par ailleurs, un « surgel » de 1% des crédits ouverts en LFI est intervenu en cours de gestion
(mai 2024), réparti entre les programmes 180 et 334. Ainsi, sur le programme 180, 3,72 M€ en
AE et 3,71 M€ en CP ont été gelés sur l’enveloppe réservée au financement de l’aide
exceptionnelle aux éditeurs de presse. Sur le programme 334, le « surgel
» a porté sur 1,91 M€
en AE et 1,95 M€ en CP, dont 0,92 M€ en AE et CP destinés à financer des actions en faveur de
la découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones, et environ 1 M€ en AE et CP sur
l’enveloppe
dédiée à la convention de mandat entre l’OPPIC et le ministère de la culture pour le
réaménagement du site Richelieu de la BnF.
En fin de gestion (novembre 2023), la totalité des crédits mis en réserve et « surgelés » sur
le programme 180 (22,32 M€ en AE
et 22,26 M€ en CP) a été dégelée
, notamment pour assurer
le financement de l’aide exceptionnelle aux éditeurs de presse
(cf. chapitre II-I-B
infra
).
En ce qui concerne le programme 334, le dégel de crédits n’a été que partiel (8,44 M€ en
AE et 7,85 M€
en CP
sur les 11,47 M€ en AE et 11,68 M€ gelés)
et a permis de financer :
-
un abondement de la SCSP de la BnF (7,83
M€
en AE et 7,25
M€ e
n CP) afin de lui
permettre de faire face aux surcoûts liés à l’inflation
(cf. chapitre I-III-F
infra
) ;
-
une
dotation de 0,6 M€ en AE et CP pour le financement d’actions en faveur de la
découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones.
Le solde des crédits gelés sur le programme 334 (3,03 M€ en AE et 3,83 M€ en CP) a été
annulé par la loi n° 2023-1114 du 30 novembre 2023 de finances de fin de gestion pour 2023. Les
mouvements en gestion
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
17
Graphique n° 3 :
d
e la LFI à l’exécution
(
CP
, en M€)
Source : Cour des comptes
1 -
Sur le programme 180, d’importantes ouvertures
de crédits en gestion destinées à
financer l’aide exce
ptionnelle aux éditeurs de presse
Afin de financer l’aide exceptionnelle aux entreprises de presse confrontés à la hausse d
e
leurs coûts de production
, d’un montant total de 30 M€
(cf. chapitre II-I-B
infra
)
, 17,43 M€ en
AE et 21,6 M€ en CP ont été ouvert
s en deux temps en cours de gestion 2023 :
-
16 M€ en AE et CP ont été transférés du programme 103
Accompagnement des mutations
économiques et développement de l’emploi
de la mission Travail et emploi
4
;
-
1,43 M€ en AE et 5,6 M€ en CP ont été ouverts en loi
de finances pour fin de gestion 2023
5
.
2 -
Des mouvements de crédits en gestion
d’une ampleur limitée sur le
programme
334.
Pour le programme 334, le solde des mouvements en gestion se traduit par une diminution
des crédits disponibles de -1,5
M€ en AE et
-
2,3 M€ en
CP, résultant des mouvements suivants :
-
+ 0,3
M€ en AE et CP, depuis le programme
361
Transmission des savoirs et
démocratisation de la culture
, afin de
financer les crédits avancés par le CNC à l’
École
nationale supérieure des métiers de l’ima
ge et du son (ENSMIS) au titre de la compensation
de l’augmentation du point d’indice et de l’inflation
6
;
4
Décret n°2023-511 du 27 juin 2023 portant transfert de crédits.
5
Loi n° 2023-1114 du 30 novembre 2023 de finances de fin de gestion pour 2023.
6
Décret n°2023-510 du 27 juin 2023 portant virement crédits.
COUR DES COMPTES
18
-
+ 0,83
M€ en AE et CP, depuis le programme 224
(titre 2), destiné au financement des
crédits catégoriels de la BnF et du CNL
7
;
-
+ 0,4
M€ en AE et CP, depuis le programme 224 (titre 2), destiné au financement d’une
prime exceptionnelle pour les contractuels des établissements publics du ministère
8
;
-
-
3,03 M€ en AE et
-3,
83 en CP d’annulations de crédits par la loi n°2023
-1114 du 30
novembre 2023 de finances de fin de gestion pour 2023, correspondants au solde des crédits
initialement mis en réserve.
C -
Les crédits initiaux et les crédits consommés
Compte tenu de la programmation initiale, des reports, transferts, virements et des
mesures adoptées en loi de finances de fin de gestion, les crédits disponibles pour 2023 pour la
mission s’élevaient à
745,03
M€ en AE et
739,96
M€ en CP (contre
661,17
M€ en AE et
643,86
M€ en CP en 202
2).
À l’issue de ces mouvements, les crédits du programme 18
0
–
Presse et médias,
disponibles au titre de l’année 202
3, étaient de 411,46
M€ en AE (
+ 39,4
M€ par rapport au
montant inscrit en LFI 2023) et 403,13
M€ en CP (
+ 32,1
M€). La consommation des crédits
2023
s’élève à
390,3
8 M€
en CP, soit près de 97 % des crédits disponibles pour le programme.
Pour le programme 334
–
Livre et industries culturelles,
les mouvements intervenus en gestion
ont porté les AE à 333,6
M€ (+
3,23
M€ par rapport à la LFI 202
3) et les CP à 336,8
M€ (+
2,97
M€).
La consommation des crédits de paiement 2023
s’élève à 335,
27
M€, soit 9
9,5 % des crédits
disponibles.
Tableau n° 2 :
crédits disponibles et exécution 2023
(M€)
AE
P180
P334
Total mission
Exécution 2022
274,97
352,5
627,47
LFI 2023
372,05
330,34
702,39
Crédits ouverts / annulés en
gestion
40,33
3,5
43,83
Retraits d’engagements
juridiques basculés
-0,92
-0,27
-1,19
Total crédits disponibles
411,46
333,57
745,03
Exécution 2023
398,85
332,81
731,66
Reliquat 2023
12,61
0,76
13,37
Taux d'exécution crédits
disponibles
96,9%
99,8%
98,2%
7
Décret n°2023-1060 du 20 novembre 2023 portant virement crédits.
8
Idem.
ANALYSE DE L’EXÉC
UTION BUDGÉTAIRE
19
CP
P180
P334
Total mission
Exécution 2022
290,48
335,43
625,90
LFI 2023
371,01
333,85
704,86
Crédits ouverts / annulés en
gestion
32,12
2,97
35,09
Total crédits disponibles
403,13
336,82
739,96
Exécution 2023
390,38
335,27
725,65
Reliquat 2023
12,75
1,56
14,31
Taux d'exécution crédits
disponibles
96,8%
99,5%
98,1%
Source :
Cour des comptes d’après données
DGMIC
À l’échelle de la mission, le taux de consommation 202
3 des crédits de la mission atteint
98 % pour les AE et CP, niveau stable par rapport à ceux des exercices précédents : 97% en
2022, 95% en 2021, 96% en 2020, 99 % en 2019, 98,4 % en 2018 et 98 % en 2017.
III -
Analyse de l’évolution de la dépense
et de ses composantes
Graphique n° 4 :
exécution 2019-2023
(M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
COUR DES COMPTES
20
Graphique n° 5 :
LFI et exécution 2019-2023
(AE, M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
Graphique n° 6 :
LFI et exécution 2019-2023
(CP, M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
A -
Les composantes de la dépense
Après un exercice 2022 qui se singularisait par une proportion équivalente de dépenses
d’intervention et de fonctionn
ement
sous l’effet conjugué du reflux des dépenses d’intervention
déployées en réponse à la crise sanitaire, et du poids croissant des subventions de
fonctionnement versées aux opérateurs
, l’exercice 2023 marque le retour d’une prépondérance
des dépenses d
’intervention, en particulier sur le programme 180.
Les dépenses
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
21
d’investissement et d’opérations financières restent marginales, dans l’attente de la montée en
puissance de plusieurs projets immobiliers.
Tableau n° 3 :
répartition des crédits de la mission par titre
% du total des CP
2019
2020
2021
2022
2023
T3 - Fonctionnement
43%
31%
36,5%
46,7%
41,9%
T5 - Investissement
3%
1,26%
2,2%
1,5%
0,1%
T6 - Intervention
50%
65%
57,5%
46,3%
53,3%
T7- Opérations financières
4%
2,25%
3,8%
5,5%
4,7%
Source : Cour des comptes à partir des données budgétaires
Graphique n° 7 :
les dépenses 2019-2023 de la mission par titre
(CP, en M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
B -
Les emplois et les dépenses de personnel
La mission
Médias, livre et industries culturelles
ne comporte pas de crédits de titre 2.
Le personnel des opérateurs de la mission est rémunéré soit sur des crédits de titre 3
(personnel de la BnF, du CNC, de la Cinémathèque, du CNM et une partie des personnels de la
COUR DES COMPTES
22
Bpi et du CNL), soit sur des crédits de titre 2 inscrits au programme 224 de la mission
Culture
(une partie des personnels de la Bpi et du CNL).
Le projet annuel de performance 2023 fixait un plafond de 3119 ETPT rémunérés par les
opérateurs, soit une diminution de 2 ETPT par rapport à 2022, correspondant à un transfert
d’emplois du CNL
(titre 3) vers le titre 2 programme 224
Soutien aux politiques du ministère
de la Culture
.
Ce plafond devrait être exécuté à hauteur de 97%, avec 3025 ETPT consommés, soit un
niveau légèrement en hausse par rapport à 2022 à périmètre constant. Sur les six opérateurs du
programme, quatre devraient quasiment saturer leurs plafonds (Bpi, CNM, CNC et CNL).
Graphique n° 8 :
p
lafond d’emplois des opérateurs et exécution (ETPT)*
*
données d’exécution 202
3 provisoires.
Source : Cour des Comptes à partir de données DGMIC
Ainsi, en 2023
et comme les années précédentes, l’essentiel de l’écart constaté revient à la
BnF qui, avec 2 128 ETPT, est en retrait de 84
ETPT par rapport à son plafond d’emploi. Cet écart
se situe dans la fourchette haute des exercices précédents qui oscillent entre -55 et -87 ETPT depuis
2016).
La LFI 2024
prévoit un plafond d’emplois de la mission à
3129 ETPT, soit une
augmentation de 10 ETPT de catégorie A (chargés de mission, experts) au bénéfice du CNM,
do
nt deux postes dédiés au suivi des crédits d’impôts et trois affectés aux fonctions support
(RH, SI, moyens généraux).
C -
Les dépenses d’intervention
En 2023, la part des crédits d’intervention
(titre 6) dans le total des crédits de la mission
a très sensiblement augmenté, passant de 46,3 à 56,3% des crédits de paiement. Cette hausse
3033
3023
3004
3102
3098
3121
3119
2957
2941
2896
2954
2998
3012
3025
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Plafond d'emplois des opérateurs (LFI+LFR)
Emplois des opérateurs exécutés
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
23
concerne exclusivement le programme 180, dont les crédits d’interventions augmentent de près
de 100 M€ en crédits de paiement sur un an, passant de 268,3 à 3
67
,8 M€.
Tableau n° 4 :
dépenses
d’intervention (CP –
M€)
En CP, en M€
LFI 2022
Exéc. 2022
LFI 2023
Exéc. 2023
Dépenses de guichet
195,3
138,26
217,37
243,79
total P180
190,68
132,66
211,97
238,40
total P334
4,62
5,6
5,39
5,39
Dépenses discrétionnaires
153,77
151,67
157,07
143
total P180
138,29
135,64
137,25
129,39
total P334
15,48
16,03
19,82
13,61
TOTAL MISSION
349,09
289,93
374,44
386,79
dont P 180
328,98
268,3
349,23
367,79
dont P 334
20,11
21,63
25,21
19
Source : DGMIC
1 -
Les dépenses d’intervention du P 180 –
Presse et médias
La LFI 2023 prévoyait 349,2
M€ sur le titre 6 pour la presse et les médias, un niveau
supérieur aux crédits initialement prévus pour 2022 (329
M€). Au titre de 202
3, 368
M€ ont été
consommés, contre 268
M€ en 202
2.
Cette hausse importante s’explique en premier lieu par un effet de périmètre
: en 2022,
en raison du report au 24 février 2023 de la réforme du transport de la presse abonnée, à la suite
de l’autorisation tardive de la Commission européenne de la nouvelle aide à l’exemplaire à
double barème posté et porté, les crédits prévus à cet effet en LFI (62,3 M€) n’
avaient pas été
consommés.
En 2023, les aides à la diffusion ont été consommées à hauteur de 118,1
M€ (3
9,4
M€ en
2022). Sur ce total, la dotation allouée à
l’aide à l’exemplaire pour les titres de presse postés
s’est élevée à 73,8 M€, contre 72,2 M€ prévus en LFI 2023 (+1,6 M€).
L’aide à l’exemplaire
pour les titres de presse portés
a été consommée à
hauteur de 32,6 M€
en AE et CP,
conformément à l’envelo
ppe votée en LFI. Une
aide temporaire
complémentaire prévue à
hauteur de 2,4 M€ en AE et CP
à destination des
réseaux de portage
n’a pas pu être mise en
œuvre en 2023 en raison de la notification tardive de la Commission européenne. Les crédits
correspondants seront demandés en report sur 2024, pour un versement rétroactif au titre de
l’année 2023.
Enfin,
l’exonération des charges patronales pour les vendeurs
-colporteurs de
presse et porteurs de presse
a fait l’objet d’un versement unique à l’ACOSS, gestionnaire du
dispositif, à hauteur de 11,7 M€, soit
-
1,2 M€ par rapport à 2022.
Les aides au pluralisme ont été consommées à hauteur de 23
M€ (
contre 26,9 en 2022,
soit -15%).
L’aide aux publications nationales d’information politique et générale à faibles
ressources publicitaires (PFRP)
a vu sa dotation initiale 2023 augmenter de 1,2 M€, passant
COUR DES COMPTES
24
de 13,155 M€ à 14,36 M€, afin de financer en base l’éligibilité du quotidien
L’Opinion
, tout en
maintenant au
niveau des années antérieurs les montants d’aide apportés aux autres principales
publications bénéficiaires. Dans l’ensemble
, les dotations prévues pour les aides au pluralisme
ont été consommées en totalité, à l’exception de
l’aide au pluralisme des titre
s de presse
ultramarins
pour laquelle un report sur 2024 est demandé à hauteur de 0,6 M€ (sur une
enveloppe totale de 2 M€ pour ce dispositif).
Les aides à la modernisation ont été consommées au total à hauteur de 74,7
M€ en CP, soit
23,2
M€ de plus qu’en
2022
(51,5 M€)
.
Cet écart important résulte de l’imputation sur cette ligne
budgétaire de
l’aide exceptionnelle aux éditeurs de presse
, consommée à hauteur de 29,95 M€.
À
périmètre constant, le niveau d’exécution des aides à la modernisation apparaît à l’
inverse en
recul sensible par rapport à 2022, à 44,7 M€ (soit
-
6,8 M€ par rapport
au montant exécuté en
2022, et -9,6% par rapport à la dotation LFI 2023).
En effet, à l’exception de
l’aide à la
modernisation de la distribution de la presse quotidienne nationale,
consommée en intégralité à
hauteur de 27,55 M€, les trois autres dispositifs d’aide à la modernisation ont été exécutés à des
montants inférieurs à 2022 et à leur dotation initiale en LFI 2023 :
-
L’aide à la modernisation des diffuseurs de
presse
a été consommée à hauteur de 4,7 M€
en CP, contre 4,8 M€ en 2022, au regard d’une dotation programmée en LFI à 6 M€. De
surcroît, 2,6 M€ de CP avaient été reportés de 2022 sur 2023.
-
La dotation du
fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP)
a été
consommée en 2023 à hauteur de 10,8 M€, contre 17 M€ en 2022, au regard d’une
enveloppe LFI 2023 de 15,4 M€, à laquelle s’ajoutait 1,2 M€ de reports de CP de 2022.
Une enveloppe complémentaire de 7,2 M€ en CP a également été consommée au tit
re du
plan de relance (cf. chapitre II-II-B infra).
-
Le
fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation de la presse (FSEIP)
a été consommé
à hauteur de 1,75 M€ en CP en 2023, contre 1,9 en 2022, au regard d’une enveloppe
prévisionnelle fixée à 5 M€ en LFI
2023.
Au global, les montants arbitrés en CP pour ces dispositifs en LFI devraient davantage
prendre en compte le niveau de consommation des crédits observé sur
l’année n
-1, ainsi que le
niveau des reports demandés, faute de quoi ils apparaîtront systématiquement surcalibrés. Ce
constat est renforcé lorsque certains dispositifs, comme le FSDP, sont également financés à des
niveaux élevés via le plan de relance (cf. chapitre II-II-B
infra
).
Enfin, les crédits d’intervention relatifs au soutien aux médias
de proximité ont été dans
l’ensemble exécutés conformément aux enveloppes programmé
es en LFI. Ainsi, la dotation du
fonds de soutien à l’expression radiophonique locale (FSER)
dont le niveau a été relevé de plus
de 4 M€ en trois ans (2021
-2023) afin de fai
re face à l’augmentation constante du nombre de
radios éligibles, a été consommée en totalité en 2023 (
34,6 M€). Le dispositif de
soutien aux
auteurs de podcasts et de création radiophonique
, expérimenté depuis 2021 et qui avait fait
l’objet d’une mesure nouvelle en 2023 (1,2 M€), a été consommé à hauteur de 0,5 M€ en CP, le
solde de l’enveloppe étant sollicité en report sur 2024.
À
l’issue de cette troisième et dernière
année d’expérimentation, un bilan sera réalisé en 2024 pour évaluer l’efficacité de
cette aide.
Dans l’attente des résultats de cette évaluation, le
dispositif n’est pas
doté en crédits dans le cadre
de la LFI 2024.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
25
2 -
Les dépenses d’intervention du P 334 –
Livre et industries culturelles
Les crédits consommés sur le titre 6 du programme 334
–
Livre et industries culturelles
s’élèvent à
19 M
€ (contre
21,6
M€ en 202
2)
, sur 25,2 M€ programmés en LFI 2023
. Le taux
d’exécution de ces crédits apparaît
ainsi faible à seulement 75 % en crédits de paiement, et en
recul par rapport à 2022 (107 %).
Ce taux d’exécution en recul reflète le poids croissant, et incompressible, des subventions
globales de fonctionnement versées aux opérateurs du programme (sur le titre 3), qui ont
augmenté sous l’effet de l’inflation. En 2023, la mise en réserve, et
in fine
les annulations de
crédits en fin de gestion, ont pesé principalement sur les crédits d’intervention du ministère.
Une mesure nouvelle de 0,95 M€ en AE = CP a été obte
nue en LFI 2023 afin de pérenniser
les actions en faveur de la découvrabilité en ligne des contenus numériques francophones,
initiées en 2021 sur les crédits du Plan de relance (programme 363). La quasi-totalité de cette
enveloppe a été « surgelée » en ges
tion (0,92 M€ en AE = CP).
Une partie seulement de ces
crédits
(0,6 M€ en AE = CP)
ont été dégelés en fin d’exercice.
D -
Les dépenses de fonctionnement.
En LFI 2023, pour la mission, 295,85
M€ étaient inscrits en dépenses de fonctionnement.
Au
final, 304,39
M€ ont été consommés
(+8,5 M€)
, dont 92,5 % au titre du programme 334
–
Livre et
industries culturelles.
Les dépenses de fonctionnement du programme 180
–
Presse et médias
sont constituées
principalement des abonnements de l’État à l’AFP. Ces derniers repr
ésentent 21,66
M€ par an,
montant inchangé depuis 2017, en application de la convention d’abonnement entre l’État et
l’AFP signée en 2015 pour quatre ans, ensuite tacitement renouvelable par périodes de cinq ans.
Un montant de 0,92 M€ a
également été mobilisé sur ce programme afin de payer les frais
de gestion aux prestataires et experts chargés d’instruire et/ou de payer certaines aides du
programme (aide à la modernisation des diffuseurs de presse, FSDP, FSEIP, aide exceptionnelle
aux éditeurs de presse, FSER
). En dépit de son montant modeste en valeur absolue à l’échelle
du programme, la budgétisation de cette enveloppe récurrente
9
de frais de gestion gagnerait à
être prévue dès le stade de la programmation budgétaire
.
En effet, ne sont budgétés à l’heure
actuelle en LFI que les crédits afférents au FSER
10
, alors que les frais de gestion relatifs au
FSDP, au FSEIP et à l’aide à la modernisation des diffuseurs de presse ne font l’objet d’aucune
estimation prévisionnelle.
Les dépenses de fonctionnement relevant du programme 334
–
Livre et industries
culturelles
, ont représenté 281,8
M€ en CP en 202
3 (270
M€
en 2022), enveloppe constituée à
96% de subventions pour charges de service public versés aux opérateurs, principal poste
d’augmentation des
dépenses (cf. chapitre I-III-F
infra
). Les dépenses liées au droit de prêt en
bibliothèque se sont élevées à 9,12 M€.
9
0,28 M€ en 2019, 0,61 M€ en 2020
et
0,39 M€ en 2021, 0,51 M€ en 2022.
10
126
994 € prévus en
LFI 2023, pour une exécution à hauteur de 59
550 € en AE et 12
790 € en CP.
COUR DES COMPTES
26
E -
Les dépenses d’investissement
et d’opérations financières.
Les dépenses
d’investissement d’opérations financièr
es de la mission se concentrent sur
quatre opérations relevant du programme 334
–
Livre et industries culturelles
. S’y ajoute la
subvention pour charges d’investissement
11
attribuée chaque année à la BnF pour le gros
entretien et renouvellement de ses équipements.
1 -
Le projet de modernisation de la Bpi
Un arbitrage interministériel rendu le 15 décembre 2020 a acté le report des travaux de
rénovation des salles de lecture et de réorganisation des espaces de la Bpi, de façon à les conduire
de manière simultanée avec ceux prévus au schéma directeur immobilier du Centre Pompidou. Ces
travaux seront réalisés en site fermé, à compter de 2026
, en maîtrise d’ouvrage déléguée à
l’Opérateur du patrimoine et des projets immo
biliers de la culture (OPPIC).
Le montant des travaux, estimé à 19,5
M€ fin 2020
12
, est financé sur les crédits du programme
334 via un apport exceptionnel à la dotation d’investissement de l’établissement, ainsi que par une
participation du Centre Pompidou et un prélèvement sur le fonds de roulement de la Bpi
13
.
Au 31 décembre 2022, la totalité des 19,5
M€
en AE et CP a été versée à la Bpi, incluant
une enveloppe destinée à financer le surcoût des travaux induit par le changement de
calendrier
14
.
La Bpi avait également obtenu en LFI 2022 des crédits nécessaires à son relogement temporaire
dans le bâtiment
Le Lumière
, à Paris 12ème (32,33
M€ en AE et 2,99
M€ en CP
15
). La Bpi a signé
un bail au printemps 2023 qui prendra effet au 1er janvier 2025. Elle a cependant obtenu la mise à
disposition des locaux de manière anticipée au 1
er
mars 2024 afin de réaliser les travaux
d’aménagement nécessaires à son installation.
En 2023, 1,83
M€ en CP
lui ont été versés à cette fin.
L’échéancier pluriannuel
des CP est prévu comme suit :
1,65 M€ en 2024, 6,46 M€ en 2025, 6,46 M€
en 2026, 6,46 M€ en 2027 et 7,45 M€ après 2027.
Tableau n° 5 :
é
chéancier de l’opération de
relogement / rénovation de la Bpi pour le P
334
AE
CP
Avant 2023
51,83
22,49
2023
0
1,83
Après 2023
0
27,52
Total
51,83
51,83
Source : Cour des comptes à partir des données DGMIC
11
À compter de l’exercice 2023, la SCI
(cat. 53) prend la suite de la dotation en fonds propres (DFP - cat. 72) et devient le
vecteur de financement de
l’investissement des opérateurs par l’Etat.
12
Avenant n° 3
approuvé au CA de l’OPPIC du 10 novembre 2020.
13
16,2 M€ (État), 0,7 M€ (CNAC
-
GP), 2,4 M€ (Bpi)
14
A cette fin, une enveloppe supplémentaire de
3,45 M€ en AE et 2,3 M€
en CP a été ouverte en LFI 2022.
15
Fin 2022, la subvention dédiée au relogement provisoire de l’établissement, initialement imputée en investissement, a été
réimputée en fonctionnement, afin de prendre en compte son objet, destiné à financer des dépenses de fonctionnement (bail de
relogement, loyers, charges et taxes).
A
NALYSE DE L’EXÉCUTIO
N BUDGÉTAIRE
27
2 -
La
construction d’un
centre de conservation des collections de la BnF à Amiens.
Confrontée à la perspective de saturation des magasins abritant ses collections d’ici à 2025, la
BnF a adopté en 2021 un schéma d’implantation prévoyant
de maintenir sur les sites parisiens les
collections les plus précieuses et les plus demandées par les lecteurs et de conserver les autres dans
un site distant des salles de lecture. Sur la base de ce schéma, la rédaction du programme fonctionnel
d’un nouveau centre de conservatio
n, comprenant notamment un conservatoire national de la presse,
a été lancée.
Afin de construire ce pôle avec des collectivités territoriales partenaires, un appel à
manifestation d’intérêt (AMI) a été publié en juin 2020 pour trouver un lieu d’accueil et
, au-delà,
nouer
un partenariat de long terme, avec le double objectif d’obtenir un soutien au financement de
l’investissement de ce pôle et d’établir une coopération culturelle dans le cadre d’un projet ancré
sur un territoire. À
l’issue de la
procédure d
e sélection, la candidature d’Amiens Métropole a été
retenue en novembre 2021. Les partenariats entre la BnF et les collectivités partenaires (région
Hauts-de-
France, département de la Somme, Amiens Métropole et ville d’Amiens) ont été
formalisés le 4 mars 2022 dans une convention-cadre.
La BnF a délégué la
maîtrise d’ouvrage
du projet à l’OPPIC
16
pour les phases de concours et
de conception.
Le choix de la maîtrise d’œuvre est prévu mi
-2024. Les travaux devraient se dérouler
de mi-2026 à début 2029 pour une mise en service au second semestre 2029.
À la suite de la dernière Commissions ministérielle des projets immobiliers (CMPI) le 18
janvier 2023, le coût prévisionnel du projet a été réévalué de 96 M€ TTC TDC à 106
,25
M€ TTC
TDC en raison des hypothèses d’inflation interministérielles
qui ont conduit à revoir à la hausse le
taux d’actualisation du projet
.
Le plan de financement du pôle de conservation repose sur différentes contributions :
-
une subvention budgétaire d
e l’
État de
30 M€ imputé
e sur le programme 334 ;
-
une participation en fonds propres de la BnF
, de l’ordre de 5 M€
; l’établissement envisage
également de solliciter des financements européens ;
-
une
participation
des
collectivités
partenaires
sous
la
forme
de
subventions
d’investissement à hauteur maximale de 45,57 M€
(dont 37,7 M€ de la Région Hauts
-de-
France, 5,37 M€ de Amiens Métropole, 2,5 M€ du département de la Somme)
;
-
le solde devant être couvert par les retours estimés de produits à venir de cessions
d’immeubles actuellement occupés par la BnF
17
. Ces produits de cession et/ou de
valorisation, évalués autour de 20
M€, mériteraient d’être actualisés dans le contexte
actuel
moins favorable du marché immobilier parisien.
Au global, le financement de l
’opération n’est donc pas bouclé à ce jour
.
Si le ministère de la
culture n’exclut pas
in fine
de solliciter une réévaluation de sa participation financière et de celles
des collectivités partenaires, la CMPI de janvier 2023 a demandé à la BnF d’étudier deux axes de
couverture du risque budgétaire :
-
des ajustements programmatiques ;
-
des pistes de
financement complémentaires (mécénat, investissements d’avenir, etc.).
16
La maîtrise d’ouvrage déléguée devait initialement être portée par la Région qui s’est finalement retirée. En contrepartie,
elle s’est engagée à verser à la BnF une subvention forfaitaire
de 4,1 M€, venant en sus de sa contribution initiale de 33,6 M€
à la réalisation de l’équipement.
17
Le schéma directeur immobilier prévoit la libération de 8 sites actuellement occupés par la BnF, dont 3 situés dans le 1
er
arrondissement de Paris.
COUR DES COMPTES
28
Une enveloppe de 30 M€ d’AE a été ouverte en 2021 sur le programme 334. Une dotation de
CP
à hauteur de 4 M€
a été versée en 2022 et en 2023. La couverture en CP est programmée selon
le rythme suivant
: 4 M€ en 2024,
4
M€ en 2025,
4
M€ en 2026 et
4
M€ en 2027, et 6 M€ après
2027.
Tableau n° 6 :
é
chéancier de l’opération Centre de conservation BnF
d’Amiens pour le P 334
AE
CP
Avant 2023
30
4
2023
0
4
Après 2023
0
22
Total
30
30
Source : Cour des comptes à partir des données DGMIC
3 -
La
création d’une Maison du dessin de presse
L’État a décidé de créer une Maison du dessin de presse, dont l’ouverture est prévue à Paris
en 2026. Sa préfiguration scientifique et administrative a été engagée en mai 2022.
Dans le cadre d’une convention d’études préalables, une enveloppe de 0,18 M€ (AE=CP) a
été versée à l’OPPIC
en 2022 pour réaliser un audit technique, patrimonial, environnemental et de
sûreté du site identifié, mener les études de faisabilit
é, estimer l’enveloppe prévisionnelle de
l’opération et son planning prévisionnel.
Un avenant n°1 à la convention d’études préalables, abondant l’enveloppe initiale de
0,15 M
€
18
pour réaliser des études complémentaires, constituer le programme, fiabiliser son
enveloppe financière et son planning prévisionnel, a été signé le 29 décembre 2022. Ces crédits ont
été versés à l’OPPIC en 2023.
Une
convention de mandat de maitrise d’ouvrage du 26 juillet 2023 confie à l’OPPIC le soin
de réaliser les études et travaux de réhabilitation du site. Elle prévoit une tranche ferme (études et
consultation des entreprises) et une tranche optionnelle (travaux). L’enveloppe financière de
l’opération est fixée à 15,6 M€ TTC TDC dont 1,69 M€ pour la tranche ferme et 13,91 M€ pou
r la
tranche optionnelle.
Tableau n° 7 :
échéancier
de l’opération Maison du dessin de presse
pour le P 334
AE
CP
Avant 2023
0,18
0,18
2023
1,84
0,55
Après 2023
13,91
15,20
Total
15,93
15,93
Source : Cour des comptes à partir des données DGMIC
18
Enveloppe financée sur crédits de fonctionnement.
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
29
4 -
L
a création d’un p
ortail national
de l’édition accessible
Le projet de création du portail national du livre accessible et adapté, décidée en Conseil
interministériel du handicap le 3 février 2022, a démarré en 2023. Une première étape du projet
consiste à concevoir une application permettant aux personnes handicapées de repérer les livres
correspondant à leur handicap, qu’ils soient nativement accessibles et donc disponibles dans le
commerce ou qu’ils aient été adaptés ultérieurement par des associations. Le ministère de la
Culture
réalisera ce catalogue national, en s’appuyant sur l’expertise de la BnF
. Parallèlement, le ministère
du travail, de la santé et des solidarités
mettra en œuvre un plan de rattrapage pour ada
pter chaque
année un plus grand nombre de livres, en vue de leur mise à disposition sur le Portail à son
ouverture
. Son coût total est estimé à 10,26 M€, et partagé entre le ministère de la culture et le
ministère des solidarités :
Tableau n° 8 :
échéancier d
u projet de création d’un portail national de l’édition
accessible pour le P 334
M€
2023
2024
2025
2026
2027
Total
AE
CP
AE
CP
AE
CP
AE
CP
AE
CP
AE
CP
Budget du
MC
3,56
1,25
0,48
1,25
0,48
1,25
0,48
1,25
-
-
5
5
Budget du
MTSS
0,9
0,9
1,365
1,365
1,511
1,511
0,611
0,611
0,876
0,876
5,263
5,263
Total
4,46
2,15
1,845
2,615
1,991
2,761
1,091
1,861
0,876
0,876
10,263
10,263
Source : Cour des comptes à partir des données DGMIC
La contribution du ministère de la culture à son financement (5 M€ sur la période 2023
-2027)
et l’échéancier prévisionnel des paiements sont détai
llés dans la convention pluriannuelle relative à
l’amélioration de l’accès aux livres adaptés et à la construction du portail national de l’édition
accessible et adaptée du 14 novembre 2023.
Le CBCM a accompagné son visa de cette
convention d’une note d’observation demandant
de prévoir dès le début de la gestion 2024 les autorisations d’engagement complémentaires (1,44
M€), la totalité des autorisations d’engagement devant être engagée en une seule fois. Il a en outre
relevé le caractère complexe du montage du projet, qui fait intervenir deux ministères et deux
établissements (la BnF et l’
Institut national des jeunes aveugles).
En 2023, 3,56 M
€ en AE et 1
,25 M
€ en CP ont été versés à la BnF dont 3
,08 M
€ en AE et
0,77 M
€ en CP en investissement, et
0,48 M
€ en AE = CP en fonctionnement.
F -
Le financement des opérateurs
La mission
Médias, Livre et Industries culturelles
compte
six opérateurs, qui peuvent être
classés en trois catégories en fonction de leur mode de financement : crédits budgétaires (BnF,
Bpi et CNL), taxes affectées (CNC, Cinémathèque française, cette dernière étant subventionnée
par le CNC) et, depuis 2020, le CNM, financé à la fois par des taxes affectées, des crédits
budgétaires et des contributions des organismes de gestion collective de la filière.
COUR DES COMPTES
30
La LFI 2023 prévoyait la mobilisation de
298,3 M€, soit 10,94 M€
19
supplémentaires par
rapport à la LFI 2022 au bénéfice des opérateurs du programme 334
–
Livre et industries
culturelles
financés en tout ou partie sur crédits budgétaires.
D
’une
part, afin de permettre à ces opérateurs de faire face au contexte de hausse des prix
et en particulier des tensions sur ceux de l’énergie
, 4,24
M€
avaient été budgétisés en LFI 2023
sur le programme 334, dont :
-
3,8
5 M€ en faveur de la Bibliothèque
nationale de France (BnF) ;
-
0,24 M€ en faveur de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) ;
-
0,15 M€ en faveur du Centre national du livre (CNL).
Par ailleurs, la LFI 2023 prévoyait
5,9 M€ de crédits
de rebasage de leur SCSP au bénéfice
de trois opérateurs du programme :
-
4,02 M€ en faveur de la BnF ;
-
0,97 M€ pour le CNL
;
-
0,97 M€ pour le CNM.
En cours de gestion 2023, 9,3 M
€
supplémentaires (dont 7,83
M€
en AE et 7,25
M€
en
CP issus du dégel de la mise de réserve) ont été mobilisés afin de permettre à la BnF de faire
face aux surcoûts liés à la fourniture d’électricité et aux conséquences de l’inflation sur les
dépenses de fonctionnement de l’établissement
(+7 M€)
, ainsi que pour compenser
l’augmentation du compte d’affectation spéciale «
pensions » liée à la hausse
du point d’indice
intervenue en juillet 2022
(+1,1 M€)
20
. De même, la Bpi a obtenu un abondement de sa SCSP
à hauteur de 0,168 M€.
Au total, les dotations globales aux opérateurs du programme 334 auront augmenté de
8,9
M€ en 2023
par rapport à
l’exécution
2022.
Dans le cadre de la LFI 2024, ce mouvement de hausse des dotations des opérateurs se
poursuit, avec la mobilisation d
’une enveloppe supplémentaire de
15
,9 M€
par rapport à la LFI
2023.
Ainsi,
6,2 M€
en fonctionnement sont prévus pour permettre à la BnF de faire face à la
hausse des prix de l’énergie ;
par ailleurs,
une enveloppe de 1 M€ vient également renforcer les
moyens de l’établissement pour compenser la hausse des coûts sur ses dépenses
d’investissement
, soit une enve
loppe globale de 7,2 M€ pour faire face à l’inflation.
Les trois
autres opérateurs du programme 334 verront aussi leurs moyens renforcés afin de compenser
les effets de l’inflation, respectivement
à hauteur de
0,51 M€ pour la Bpi, 0,27 M€ pour le CNL
et 0,37 M€ pour le CNM.
Enfin, la compensation de l’impact de la hausse du point d’indice intervenue en 2022 est
intégrée dans la LFI 2024
21
. Aussi, chaque opérateur sera compensé, respectivement à hauteur
de 4,7 M€ pour la Bn
F, 0,56
M€ pour la Bpi
,
0,17 M€ pour le CNL
et
0,14 M€ pour le CNM.
19
Dont + 0,8 M€ sous l’effet d’un changement de périmètre (cf. chapitre I
-I-A
supra
).
20
Pour mémoire, les dépenses supplémentaires de masse salariale liées à la revalorisation du point d’indice des agents
titulaires
à compter du 1er juillet 2022 (3,84 M€ en année pleine pour l’ensemble des opérateurs du programme 334 dont 3,49 M€ pour
la seule BnF) ont été ouverts par la LFR2 de décembre 2022 et ont fait l’objet d’un report sur 2023.
21
Pour 2023, en dépit
de leur caractère pérenne, les dépenses supplémentaires liées à la revalorisation du point d’indice
n’avaient pas été soclées dans la LFI 2023. Pour 2024, il n’est en revanche pas prévu de compensation en pour l’impact des
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
31
Tableau n° 9 :
financement des opérateurs
CP (M€)
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
LFI
2024
BnF
200,1
198,6
205,6
202,5
203,8
208,2
214,1
226,3
241,4
246,9
Bpi
7,3
8,2
9,1
10,9
9,4
9,4
10,1
15,6
7,5
10,1
CNL
-
-
-
-
23,8
53,63
23,6
26,4
27,4
28,9
CNM
-
-
-
-
-
161
58,3
26,8
27,7
28,3
Total P334
207,4
206,8
214,7
213,4
237,0
432,2
306,1
295,1
304
314,2
Source : rapports annuels de performance, DGMIC, CNC et CNM
Graphique n° 9 :
financement des opérateurs -
dotations budgétaires P334 (CP, M€)
Source : rapports annuels de performance, DGMIC
IV -
Perspectives associées à la trajectoire budgétaire
A -
Restes à payer
Les restes à payer au 31 décembre 2023 étaient estimés à 33,2
M€
pour l’ensemble de l
a
mission.
Sur le programme 180
–
Presse et médias,
l’estimation des restes à payer
au 31 décembre
2023
s’établit
à 33
M€,
soit un niveau supérieur à celui observé en 2022 (24,5
M€)
. Ce montant
a été réduit par rapport à celui produit pour le projet annuel de performances 2024 du
mesures salariales annoncées par le ministre de la transformation et de la fonction publique en juin 2023, conformément à un
arbitrage interministériel.
207,4
206,8
214,7
213,4
237,0
432,2
306,1
295,1
304,0
314,2
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
BnF
Bpi
CNL
CNM
Total
COUR DES COMPTES
32
programme, évalué à 45,3 M€, ce qui témoigne d’un important travail d’apurement en fin de
gestion 2023.
Ces restes à payer relèvent pour l’essentiel du fonds stratégique pour le
développement de la presse
(26 M€)
compte tenu de son rythme de décaissement, et dans une
moindre mesure du fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la press
e
(5 M€)
.
Sur le programme 334, les restes et charges à payer s’élèvent à
0,2
M€ au titre de diverses
opérations dans le champ du livre
et de la lecture (marchés engagés en fin d’année notamment).
Les restes à payer présentés dans le graphique suivant ne prennent pas en compte ceux
liés aux opérations immobilières, couverts par les crédits de paiements programmés dans les
échéanciers prévisionnels (cf. chapitre I-III-E
infra
).
Graphique n° 10 :
restes
à payer en fin d’exercice (en M€)*
* Hors opérations immobilières.
Source : Cour des comptes à partir de données DGMIC
Au global, ces restes à payer sont sans conséquence pour la soutenabilité à court et moyen
terme de la mission.
B -
Reports sur 2024
Sur les 14,3
M€ de crédits de paiement
non consommés pour la mission en 2023, 12,28
M€
étaient demandés en report sur 2024
, et 11,5 M€ ont été finalement obtenus
.
38,4
36,8
36,6
43
22,2
48,4
24,5
33
2,7
3,3
3,2
1,7
1,9
0,2
0,1
0,2
0
10
20
30
40
50
60
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Programme 180
Programme 334
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON BUDGÉTAIRE
33
Graphique n° 11 :
é
volution des reports (en M€)
Source : Cour des comptes à partir de données DGMIC
Pour le programme 180
–
Presse et médias,
les reports obtenus sur 2024 représentent
12,14
M€ en AE et
11,13
M€ en CP
22
. Ils correspondent pour une large part aux reports
habituels liés au fonctionnement des aides à la presse.
Pour le programme 334
–
Livre et industries culturelles
, les
reports obtenus sur 2024
s’
élèvent à
0,003 M€ en AE et 0,39 M€ en CP.
Le volume de crédits reportés est globalement en recul depuis 2022, et tend à retrouver
son niveau antérieur à la crise sanitaire.
V -
L’incidence des dépenses budgétaires sur
l’environnement
Selon le classement effectué dans le cadre du rapport
consacré à l’impact
environnemental du budget de l’État
annexé au PLF 2024, les crédits budgétaires et dépenses
fiscales rattachés à la mission
Médias, livre et industries culturelles
auraient un impact
majoritairement neutre sur l’environnement, à l’
exception des aides à la diffusion de la presse,
majoritairement cotées défavorablement (103,3
M€ en PLF 202
4).
Si dans le rapport
de l’année précédente
23
, les aides à la presse étaient considérées dans
leur ensemble comme ayant un impact défavorable sur l’environnement, un travail de révision
des cotations mené en 2023 a permis de préciser cette approche en distinguant selon les types
22
Arrêté du 13 mars 2024 portant report de crédits.
23
Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’
État
, octobre 2022.
18,9
23,4
10,4
4
7,3
43,3
16,7
27,9
12,1
8,9
17,8
10,8
8,8
5,8
53,4
37,5
15,8
11,5
0
10
20
30
40
50
60
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
AE
CP
COUR DES COMPTES
34
d’aides. Ainsi, les aides à la modernisation ne sont pas prises en compte dans la cotation, tandis
que les aides au pluralisme sont considérées comme neutres.
Seules les aides à la diffusion conservent une cotation « défavorable » dans la mesure où
elles représentent des aides directes, attribuées sans conditionnalités écologiques particulières
portant sur les flottes de véhicules utilisés
, à l’acheminement des exemplaires papier des titres
de presse au domicile des abonnés, par voie postale ou par portage.
Chapitre II
Points d’attention par programme
I -
Programme 180
–
Presse et médias
A -
Une nouvelle aide à la
diffusion de la presse qui n’atteint pas encore
complètement ses objectifs
L’année 2023 constitue la première année de mise en œuvre
de la réforme de la diffusion
de la presse, à la suite de la décision de la Commission européenne du 5 décembre 2022
déclarant les compensations versées à La Poste compatibles avec les règles européennes en
matière d’aides d’État
.
Elle s’est traduite par la création d’une nouvelle aide à l’exemplaire pour
les titres de presse postés ou portés a été créée par le décret n° 2023-132 du 24 février 2023.
I
ssue du protocole d’accord signé le 14 février 2022
entre la presse, La Poste, l’État et
l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la
distribution de
la presse (ARCEP), cette réforme,
qui se déploiera jusqu’en 2026
, avait
pour objectifs, d’une
part, d’offrir davantage de liberté
et de prévisibilité aux éditeurs de presse en matière de
diffusion aux abonnés, mais aussi de garantir un service public de distribution postale de la
presse à un tarif privilégié sur l’ensemble du territoire, tout en améliorant son équilibre
économique.
Elle prévoyait ainsi
l’instauration d’une grille tarifaire unique et la création d’une aide à
l’exemplaire rés
ervée aux titres
d’information politique et générale scindée en deux parties (à
l’exemplaire « posté » et à l’exemplaire « porté »), calculée de sorte à créer une incitation à
recourir au portage. Cette réforme devait se traduire par une réduction progress
ive jusqu’en
2026 du soutien financier
de l’Etat
à La Poste pour sa mission de diffusion de la presse. Le
contrat d’entreprise 2023
-
2027 entre l’État et La Poste, signé le 26 juin 2023, reprend
à cet
égard les dispositions du
protocole d’accord
de février 2022.
Compte tenu de l’encadrement des tarifs postaux et des difficultés économiques touchant
les réseaux de portage, la bascule vers le portage est,
à l’issue de la première année de mise en
œuvre
, moins importante que celle initialement prévue. En effet, les réseaux de portage font
face à des difficultés de recrutement importantes, tant en porteurs salariés qu’en vendeurs
-
colporteurs de presse indépendants, du fait des caractéristiques de ces emplois (temps partiel,
horaires contraignants tôt le matin, rémunération au SMIC ou proche du SMIC) et, notamment,
de la concurrence des employeurs du secteur de la livraison de colis. De surcroît
, l’augmentation
des coûts de l’énergie –
des carburants en particulier
–
et la revalorisation du SMIC pèsent sur
COUR DES COMPTES
36
les charges des réseaux de portage. Ces charges sont difficilement compensées par une
augmentation des tarifs des réseaux du fait l’importance du signal
-prix dans la concurrence
entre réseaux de portage et La Poste. L’inertie inhérente à la contractualisation entr
e éditeurs et
réseaux de portage explique également la faible bascule vers le portage en 2023.
Au final, les versements réalisés en faveur de La Poste dans le cadre de l’aide à
l’exemplaire pour les titres de presse postés
, à hauteur de 73,8
M€,
ont
dépassé de 1,6 M€ le
montant inscrit en LFI 2023 en raison d’un recours à ce dispositif supérieur aux prévisions,
dans un contexte où la transition du transport de la presse du postal vers le portage n’atteint pas
encore les volumes attendus.
Le ministère
indique qu’u
n premier bilan de la réforme sera conduit en 2024 avec les
acteurs du secteur.
B -
L
e financement en gestion d’
une aide exceptionnelle aux éditeurs de
presse
Dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2022 n° 2022-1499 du 1
er
décembre
2022, 5 M€ en AE = CP
avaien
t été ouverts par voie d’amendement parlementaire sur le
programme 180 afin d’apporter un soutien aux éditeurs de presse confrontés à la hausse des
coûts du papier.
Ce dispositif exceptionnel,
d’un montant total de 30 M€
, devait, selon la réunion
interministérielle du 24 novembre 2022, être financé pour partie par :
-
le report sur 2023 des crédits ouverts en fin de gestion 2022 ;
-
la mobilisation des importants
reliquats du plan d’accompagnement
Réseau Imprimerie
(PRIM) financé dans le cadre du plan de relance ;
-
l’ouverture
de crédits nouveaux en gestion 2023.
Tableau n° 10 :
s
ources de financement de l’aide exceptionnelle en faveur des éditeurs
de presse
Source de financement
AE
CP
LFR du 1
er
décembre 2022 puis arrêté du 24 février
2023 portant report de crédits
5 000
000 €
5 000
000 €
Décret de transfert n° 2023-511 du 27 juin 2023
16 000
000 €
16 000
000 €
Dégel de la réserve de précaution du programme
180
7 566
944 €
3 400
000 €
LFFG du 30 novembre 2023
1 433
056 €
5 600
000 €
TOTAL
30 000
000 €
30 000
000 €
Source : DGMIC
L
’aide exceptionnelle visant à compenser la hausse de certains coûts de production des
publications imprimées des entreprises éditrices de presse particulièrement affectées par les
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
37
conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine a été créée par le décret n°
2023-331 du 3 mai 2023
24
.
Afin de compléter le financement obtenu en fin d’année 2022, l
es reliquats du plan
d’accompagnement PRIM, d’un montant de 16 M€ en AE = CP, ont été transférés depuis le
programme 103
Accompagnement des mutations éc
onomiques et développement de l’emploi
sur le programme 180 par le décret n° 2023-511 du 27 juin 2023 portant transfert de crédits.
Un dégel anticipé en date du 9 novembre 2023 est venu mettre à contribution la réserve
de précaution du programme 180, à hauteur de 7,57
M€ en AE et 3,4 M€ en
CP, dans l’attente
d’une ouverture
complémentaire de crédits en fin de gestion. Celle-ci, par la loi n° 2023-1114
du 30 novembre 2023 de finances de fin de gestion pour 2023, s’est finalement portée à 1,43
M€ en AE et 5,6 M€ en CP.
Sur l’enveloppe totale de 30 M€, 29,95 M€ ont été versés en 2023 à l’Agence de services
et de paiements (ASP) en charge
de l’attribution et du versement de l’aide. Un reliquat de
50
K€ sera reporté sur le budget 2024 afin de
compléter le règlement d
es frais de gestion de l’ASP
qui s’élèvent au total à 0,3 M€
.
Malgré le risque élevé
de pérennisation inhérent à ce type d’aide
sectorielle d’urgence, i
l
est à noter que ce dispositif
n’a pas été
reconduit dans le cadre de la loi de finances initiale pour
2024.
II -
Des crédits d’urgence et de relance toujours en cours d
e
déploiement en 2023
A -
Des crédits exceptionnels
d’urgence
qui co
ntinuent d’être
versés en
2023, dans certains cas comme des crédits de droit commun
Le CNC indique que si l
a très grande majorité des mesures d’urgence ou de sauvegarde
a été déployée entre 2020 et 2022,
la mise en œuvre de certains dispositifs s’est achev
ée, de
façon résiduelle, en 2023.
Ainsi, selon les dernières prévisions issues du quatrième budget rectificatif de
l’établissement, 7 M€ en AE et CP ont été octroyées
en 2023
au titre des mesures d’urgence
post-crise sanitaire, dont :
-
1,3 M€ en AE et CP
en faveur de la bonification du soutien automatique producteur pour
la sortie des œuvres pendant le couvre
-feu ;
-
4 M€ en AE et CP pour le fonds de compensation des pertes de chiffres d'affaires des salles
de cinéma, à destination des distributeurs ;
24
Décret n° 2023-331 du 3 mai 2023 instituant une aide exceptionnelle visant à compenser la hausse de certains coûts de
production des publications imprimées des entreprises éditrices de presse particulièrement affectées par les conséquences
économiques et financières de la guerre en Ukraine.
COUR DES COMPTES
38
-
1,7 M€
en AE et CP au titre du fonds d'indemnisation et de garantie des tournages d'œuvres
cinématographiques et audiovisuelles.
Le CNC précise, concernant le fonds d’indemnisation et de garantie des tournages, que
21,2 M€ devraient être reversés au ministère,
conformément à la convention régissant le
financement du fonds.
De son côté,
le CNM indique qu’avec l’accord des tutelles et d
e son conseil
d’administration, les crédits des fonds d’urgence ou de sauvegarde non consommés entre 2020
et 2022
(37,9 M€)
ont été reportés et globalisés avec
d’
autres reliquats afin de redimensionner
les aides sélectives en 2021, 2022 et 2023, d’une part, et de créer un plan
pluriannuel de soutien
à la transition environnementale, économique et sociale des lieux de diffusion (salles et
festivals)
de 30 M€, d’autre part.
L’exécution prévisionnelle
de ce plan en
2023 telle qu’adoptée à la fin de l’exercice
dans
le cadre du budget rectificatif n°2
de l’établissement
,
s’élève à
0,33
M€
en AE et à 0,16 M
€ en
CP. Les AE non-consommés (29,67 M
€) ont été reprogrammé
es au budget initial 2024, ainsi
qu’une enveloppe de
CP de 13
,08 M€. Le solde de l’enveloppe de CP a vocation à être reporté
sur les exercices suivants.
Sans remettre en cause
l’opportunité
pour le secteur de mettre en place un tel fond
d’investissement, il peut être observé que, dans ce dernier cas de figure, les crédits
exceptionnels d’urgence continuent d’être attribués
, pour des montants élevés, selon une
logique de crédits de droit commun, ce qui n’était manifestement pas leu
r vocation initiale.
B -
Un taux d’exécution des crédits de relance qui reste faible pour le
secteur de la presse
L’accompagnement à la reprise des secteurs relevant de la mission
a été financé par le
plan de relance pour la période 2021-2023. Le tableau ci-
après propose une vue d’ensemble de
l’état du déploiement
, à fin 2023, des 587 M
€ que représent
aient au total ces mesures pour le
champ de la mission. Une version détaillée de ce tableau, précisant les crédits consommés par
dispositif, figure en annexe n°2.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
39
Tableau n° 11 :
consommation des crédits plan de relance - programme 363
« compétitivité » de la mission « Plan de relance
» (M€)
Mesures
AE
2021-
2022 et+
CP
consommés
en 2021 et
2022
CP
consommés
en 2023
Conso
totale CP
2021-2023
Taux conso
totale 2021-
2023 (CP/AE)
Filière Presse
140
46,4
8,3
54,7
39%
Filière Livre
53
52,4
/
52,4
99%
Filière Cinéma / audiovisuel
165
165
/
165
100%
Filière Musique
210
205
/
205
98%
Filières Industries culturelles
19
18,8
0,1
18,91
100%
Total Plan de relance
587
487,6
8,4
496,0
84%
dont périmètre programme 180
140
46,4
8,3
54,7
39%
dont périmètre programme 334
447
276,2
0,1
441,3
99%
Source : Cour des comptes à partir des réponses aux questionnaires DGMIC, CNC et CNM.
Les CP consommés en 2023 au titre du plan de relance se sont élevés à 8,4
M€, contre
81,6 M€ en 2022, ce qui reflète une nette décélération du rythme
de décaissement des crédits.
Les crédits consommés concernent pour l’essentiel des dispositifs de soutien
au secteur de la
presse, rattachés au programme 180 (le FSDP pour 7,2 M€ et le fond de transition pour 1,1
M€).
Une demande de reports sur 2024 à hauteur de 26,4 M€ a été sollicitée afin de couvrir les
restes à payer en CP sur les engagements pris mais no
n encore soldés, pour l’essentiel dans le
secteur de la presse. Ces reports de crédits 2023 sur 2024 sont un peu inférieurs à ceux observés
en 2021 (35,8 M€) et 2022 (34,9 M€). Le ministère estime que la consommation des CP reportés
pourrait s’étendre jusqu’en 2027.
Au global, à l’issue de trois années de mise en œuvre, le taux de consommation des crédits
du plan de relance s’établit à 84
%, soit une légère hausse par rapport au niveau observé à la fin
2022.
En retenant l’hypothèse que les crédits reportés
de 2023 sur 2024 seront intégralement
consommés, ce taux pourrait atteindre 89 %.
COUR DES COMPTES
40
Graphique n° 12 :
crédits budgétaires et mesures de relance
pour la mission (CP, M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
Il est à noter que ce taux d’exécution global masque une différence importante entre les
niveaux d’exécution des deux programmes 180 et 334, qui s’établissement respectivement à
39 % et 99 %.
C
et écart notable découle notamment des modalités d’intervention retenues pour exécuter
les crédits, entre attribution d’aides de guichet ou de subventi
ons sur projets pilotée au niveau
du ministère pour le programme 180, et délégation de gestion de dotations globales aux
opérateurs pour le programme 334.
Si elle paraît difficile à éviter, cette pluralité de canaux de financement et surtout la
répartition de la responsabilité de ces crédits entre opérateurs et ministères de la culture et de
l’économie et de la relance, complexifient tant la consolidation d’une vision d’ensemble des
moyens mobilisés que le contrôle de la dépense et le suivi de ses effets.
Sur le programme 180, la sous-consommation de certaines enveloppes du plan de relance
a donné des marges de manœuvre pour déployer de nouvelles aides qui relevaient également
davantage d’une logique d’urgence, que d’une stratégie de relance.
Ainsi, 16
M€
ont été
redéployés en cours de gestion 2023
depuis l’enveloppe dédiée à la réforme des imprimeries de
la presse quotidienne régionale (plan « PRIM ») gérée par la DGEFP sur le programme 103
–
Accompagnement des mutations économiques et développement de l’em
ploi
au titre du plan de
relance, vers le programme 180
afin de boucler le financement de l’aide exceptionnelle aux
éditeurs de presse (cf. chapitre II-I-B
supra
).
Certaines dotations du plan de relance en faveur de la filière presse ont en effet été
manifestement surcalibrées. Ainsi, outre le plan PRIM, le fonds de transition écologique,
initialement doté de 16 M€
,
n’a été consommé qu’à hauteur
de 49
% en AE (7,9 M€ engagés)
et 23 % en CP (
3,6 M€ consommés) à fin
2023.
De même, certains dispositifs comme les aides à la modernisation attribuées dans le cadre
du FSDP ont été financés à la fois sur crédits de relance et sur crédits budgétaires de droit
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
41
commun, ce qui a pu entraîner des sous-
consommations ou des reports de crédits d’u
n montant
élevé. En 2023, la dotation de CP de droit commun a été sous-consommée pour ce dispositif
(10,76 M€ contre 15,43 M€ prévus en LFI), alors que 7,2 M€ ont été exécutés au titre du plan
de relance. Même en prenant en compte les modalités particulières de décaissements du FSDP
qui peuvent s’étaler sur plusieurs années, les moyens financiers mobilisés
au global
apparaissent décorrélés du rythme d’investissement des entreprises bénéficiaires.
En ce qui concerne le programme 334, il peut être observé
qu’une mesure financée dans
le cadre du plan de relance a été pérennisée sur crédits de droit commun. Les actions en faveur
de la découvrabilité des contenus numériques francophones
, financées à hauteur de 2 M€ dans
le cadre du plan de relance ont fait l’objet d’une mesure nouvelle en LFI 2023 (0,
95 M
€
en
AE=CP), reconduite en LFI 2024 (
1 M€ en AE = CP
).
Enfin, les données
d’exécution
transmises par les opérateurs permettent de préciser le
taux de consommation réelle des crédits du plan de relance, dont le déploiement s
’est
prolongé,
dans une moindre mesure, sur 2023. Le CNC indique ainsi avoir attribué sur trois ans, entre
2020
25
et 2022, la quasi-
totalité de l’enveloppe de 116,5 M€ de crédits d’intervention
qui lui
avait été déléguée.
De son côté, le CNM
déclare avoir attribué 85,6 M€ d’aides au titre du plan de relance en
2021, et 106,5 M€ en 2022, soit 93,7
% de l’enveloppe de 205 M€ qui lui avait été déléguée.
Sur les
12,9 M€ reportés sur 2023, 11,75 M€ ont été consommés. Le solde, à hauteur de 1,19
en
AE=CP, a été reprogrammé au budget initial 2024 de l’établissement afin de poursuivre le
financement du dispositif de bourse versée aux auteurs-compositeurs, lancé dans le cadre du
plan de relance et pérennisé depuis.
III -
Programme n° 334 - Livre et industries culturelles
A -
Le financement du CNM
La Première ministre avait mis en place en octobre 2022 une mission parlementaire visant
à dresser un bilan des dispositifs de soutien à la filière musicale à l’aune des évolutions récentes
du secteur, poser un diagnost
ic sur ses besoins de financement, et étudier l’hypothèse d’une
nouvelle ressource. Dans son rapport remis en avril 2023, le sénateur Julien Bargeton estimait
qu’un renforcement des moyens du CNM de l’ordre de 30 à 40 M€ supplémentaires était
nécessaire pour lui permettre de rééquilibrer ses interventions et intensifier ses actions sur des
axes stratégiques tels que l’export
et le développement international des créations françaises,
l’innovation
et le numérique, ainsi que
l’observation et la promotion de l
a diversité musicale.
Il préconisait
que cette ambition s’appuie sur des leviers de financement nouveaux, qui
répondent à un principe de solidarité et de redistribution au sein de la filière.
En effet, le schéma initial de financement du CNM a été fragilisé par une décision de la
Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) du 8 septembre 2020 qui
a conduit à réduire
fortement le financement de la filière par les organismes de gestion collective (OGC) des droits
25
Le CNC indique avoir déployé les aides financées via le plan de relance dès 2020, pour un total de 43,1 M€
, avant même
d’avoir reçu les dotations «
relance » du ministère qui lui ont été notifiées en avril et août 2021, grâce aux provisions constituées
au titre des soutiens automatiques
. Le montant des aides attribuées s’élève à 67,7 M€ en 2021
et
5,7 M€ en 2022
.
COUR DES COMPTES
42
d’auteur
, au titre des actions culturelles. C
es OGC ne contribuent au financement du CNM qu’à
hauteur de 2,85 M€ en 2023, soit moins de la moitié de la contribution volontaire qu’ils
apporteraient au moment de la création
de l’établissement
(6 M€).
De surcroît, alors que leurs poids économiques sont
comparables, il existe depuis l’origine
de la création du CNM un déséquilibre entre les acteurs du spectacle vivant, qui contribuent
directement au financement du CNM grâce à la taxe sur la billetterie, et ceux de la musique
enregistrée, qui ne contribuent pas (ou indirectement et faiblement, à travers leurs OGC). Ce
déséquilibre se traduit dans la répartition des aides sélectives, dont seulement 15% sont fléchées
vers la musique enregistrée.
L’option finalement retenue dans le cadre de la LFI 20
24
est la création d’une contribution
fiscale des plateformes de streaming musical
26
, qu’elles soient
gratuites (
c’est
-à-dire dont le
modèle économique repose sur le produit de la publicité) ou payantes (dont le modèle
économique repose sur le produit des abonnements). Le rendement prévisionnel de cette taxe
est estimé en 2024 à 18
M€
, correspondant au plafond défini par la loi de finances.
Le financement des missions du CNM dans le cadre de son budget 2024 repose ainsi sur
d’importantes ressources, à la fo
is pérennes et exceptionnelles.
Parmi les ressources pérennes, outre la taxe « streaming », le CMN disposera de :
-
32 M€ de produit de la taxe sur les spectacles de musique et de variétés, dont le rendement
prévisionnel prend en compte l’indisponibilité de certaines grandes scènes en amont et
durant les Jeux Olympiques et Paralympiques (49,1 M€ en 2023) ;
-
27 M€ de sub
vention pour charges de service public ;
-
3 M€ de contributions des organismes de gestion collective
;
-
env. 3 M€ d’autres ressources (subventions et ressources propres).
Le budget d’intervention 2024 de l’établissement intègre également 66,6 M€ de ressou
rces
exceptionnelles (dont
29,6 M€
de reports de crédits fléchés sur le plan « lieux »).
B -
Les crédits consacrés aux jeunes de 15 à 25 ans
Dans le domaine du livre et de la lecture, les actions financées dans le cadre du
programme 334 au bénéfice des jeunes de 15 à 25 ans sont de deux types.
D’une part, e
n complément de crédits délégués depuis le programme 361 (0,55 M
€),
0,6
M€
€
en AE et CP ont été mobilisés afin de financer la mesure
Jeunes en librairies
. Celle-ci
permet à des collégiens, lycéens et apprentis de toutes filières de bénéficier de projets
d’éducation artistique et culturelle initiés par des établissements scolaires au travers d’un
parcours de découverte des métiers et des acteurs du livre (auteurs, éditeurs, illustrateurs,
bibliothécaires, relieurs, graphistes, visite de bibliothèques, ateliers d’écriture, de rédaction...)
s’achevant par un achat en librairie. Sur l’année 2021
-2022 et sur des crédits du plan de relance,
45 000 élèves issus de près de 1300 établissements dans 16 régions dont 3 ultra-marines ont pu
26
Article 53 de la loi de finances pour 2024, codifié à l’article 1609 sexdecies C du code général des impôts. L
e taux de cette
taxe est fixé à 1,2% du chiffre d’affaire. Les plateformes ayant un chiffre d’affaire de moins de 20 M€ ne seront pas assujet
ties.
POINTS D’ATTENTION P
AR PROGRAMME
43
bénéficier de ce dispositif qui sera pérennisé sur crédits de droit commun en 2024 (
1,5 M€
prévus en LFI 2024).
Par ailleurs, une enveloppe de 0,06
M€
€ en AE = CP finance la particip
ation du
ministère de la culture au
Salon du livre et de la presse jeunesse
à Montreuil, dont la 39
ème
édition s’est tenu
e du 29 novembre au 4 décembre 2023. Ces crédits seront reconduits en 2024.
Tableau n° 12 :
Programme 334 - dispositifs en faveur des jeunes de 15 à 2
5 ans (M€)
Dispositifs
CP 2023
CP 2024
Jeunes en librairie
0,6
1,5
Soutien au Salon du livre et de la presse
jeunesse de Montreuil
0,06
0,06
TOTAL
0,66
1,56
Source : DGMIC, ministère de la culture
S’agissant du secteur du
secteur du
cinéma, l’annexe
n°5 décrit les dispositifs portés ou
soutenus par le CNC à destination des jeunes de 15 à 25 ans.
Chapitre III
Moyens consacrés par l’état à la politique
des médias, du livre et des industries culturelles
Graphique n° 13 :
dépenses budgétaires et fiscales, taxes affectées et relance,
par
programme (M€)
Source : Cour des comptes à partir de données DGMIC et documents budgétaires
I -
Les dépenses fiscales
La mission
Médias, livre et industries culturelles
compte quinze
27
dépenses fiscales sur
impôts d’
État, évaluées à 772
M€ en 202
3 (727
M€ en 202
2)
28
, soit un montant correspondant à
106% des crédits budgétaires exécutés (725,6
M€ en 202
3).
27
Depuis la loi de finances pour 2023, le crédit d’impôt en faveur l’édition d’œuvres musicales (CIEM), créé par l’article 82
de la loi n°2021-1900 du 30 décembre 2021 de finances pour 2022 et géré par le CNM, est rattaché à la mission « Médias, livre
et industries culturelles ».
28
Par souci de cohérence entre l’ensemble des NEB, les montants de cette partie sont issus des
Voies et moyens
du PLF 2024,
sauf mention contraire.
390,4
232
8,3
335,3
540
823,9
0,1
0
200
400
600
800
1000
Dépenses budgétaires
Dépenses fiscales
Taxes affectées
Plan de relance
P180 Presse et médias
P334 Livre et industries culturelles
COUR DES COMPTES
46
Graphique n° 14 :
d
épenses fiscales et budgétaires de la mission (M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
Graphique n° 15 :
dépenses
fiscales et budgétaires par programme (M€)
Source : Cour des comptes
d’après données
DGMIC
A -
Les dépenses fiscales en faveur de la presse et des médias
Les dépenses fiscales relevant du programme 180
–
Presse et médias
poursuivent des
objectifs de pluralisme et d’indépendance de la presse, de soutien à l’investissement, à la
diffusion ou à la lecture de la presse, ainsi, globalement, que de soutien au développement
économique du secteur.
725,65
772,00
0,0
100,0
200,0
300,0
400,0
500,0
600,0
700,0
800,0
900,0
Dépenses budgétaires
Dépenses fiscales
P. 180
P. 334
Dépenses fiscales
232,00
540,00
Dépenses budgétaires
390,40
335,30
0,0
100,0
200,0
300,0
400,0
500,0
600,0
700,0
800,0
900,0
1 000,0
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
47
Elles représentaient 165
M€ en 2019
(pour 6 dépenses fiscales) puis 491
M€ en 2020
(pour 8), 499
M€ en 2
021, 257
M€ en 2022, et 232 M€ en 2023
.
Tableau n° 13 :
d
épenses fiscales du programme 180 (en M€)
Intitulé
(n° de dépense
fiscale)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
(prév.)
2024
(prév.)
Date
d’échéance
TVA 10 % sur les
abonnements TV
(730233)
/
/
/
/
335
345
175
160
175
Non borné
TVA 2,1 % sur les
publications de presse
(730305)
165
220
190
155
144
145
70
60
60
Non borné
Exo. CFE diffuseurs
(90110)
/
11
4
5
5
5
5
5
5
Non borné
Exo. CVAE diffuseurs
(040110)
ε
ε
ε
4
5
3
3
5
4
31/12/2026
Déduction spéciale
entreprises de presse
(230403)
/
1
1
1
2
1
1
0
nc
31/12/2026
Réduction impôt
souscription en
numéraire au capital
(110263)
ε
ε
ε
ε
ε
ε
ε
ε
ε
31/12/2024
Réduction d'impôt
souscription en
capital des sociétés de
presse (320131)
/
/
/
/
/
ε
ε
ε
ε
31/12/2024
CI premier
abonnement (110267)
/
/
/
/
/
0
3
2
ε
31/12/2022
Total
165
232
195
165
491
499
257
232
244
Source
: Cour des comptes d’après VEM
2
L’augmentation constatée
à partir de 2020
29
résulte principalement du classement parmi
les dépenses fiscales rattachées au programme 180 du
taux de TVA à 10 % applicable aux
abonnements souscrits pour recevoir des services de télévision
. Cette mesure, estimée à 160
M€
en 2023 (69 % des dépenses fiscales du programme) pour 89 entreprises bénéficiaires, permet
de disposer d’une information plus complète sur les aides apportées au secteur audiovisuel, ce
taux réduit ayant pour objet de permettre aux opérateurs télévisuels qui participent au
financement
du cinéma français de dégager des marges de manœuvre financières.
Pour ce qui concerne les aides à la presse,
le taux de TVA à 2,10 %
30
applicable aux
publications de presse (y compris presse en ligne)
correspond à une dépense fiscale estimée à
29
Ce taux réduit de TVA sur les abonnements souscrits pour recevoir des abonnements de télévision a été classé parmi les
dépenses fiscales rattachées au programme 180 par la loi n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020.
30
1,05 % dans les dépar
tements de la Guadeloupe, de la Martinique, et de la Réunion, la TVA n’existant pas en Guyane.
COUR DES COMPTES
48
60
M€ en 20
23
et 2024
31
. Il s’agit de la principale aide à la presse avec celle relative au transport
postal, bénéficiant à 1460 entreprises en 2022.
La baisse observée en 2022 et 2023 résulte d’une modification, intervenue dans le cadre
du PLF 2024, du mode de calcul du coût des taux réduits de TVA : les coûts indiqués ne
correspondant plus aux diminutions de recettes de TVA mais dorénavant à l’impact restant à la
charge de l’État après transferts aux collectivités territoriales et aux administrations de sécurit
é
sociale.
L’ensemble des autres dépenses fiscales du programme représente 1
2
M€ en 2022 et 2023
(environ 5
% du total). Les dépenses fiscales d’un montant inférieur à 0,5
M€ n’étant pas évaluées
par la direction de la législation fiscale (DLF), la plupart
ne sont pas précisément chiffrées. Il s’agit
de :
-
la déduction spéciale en faveur des entreprises de presse
(art. 39 bis, 39 bis A et 39 bis B
du CGI), évaluée à
moins d’1 M€
pour 2023, autorise un régime spécial de provisions
déductible du résultat imposable pour financer des investissements. Bien que le taux de
recours au dispositif soit faible (68 entreprises en 2019, 59 en 2020, 71 en 2021, 51 en
2022
) et l’effet incitatif sans doute limité, ce crédit d’impôt qui aurait dû prendre fin
le 31
décembre 2023 a été prorogé jusque fin 2026,
à la suite de l’adoption d’un amendement au
PLF 2024
32
.
Cette prorogation a donc été opérée sans évaluation préalable de l’efficacité
de ce dispositif. À
défaut d’évaluation, le ministère indique qu’une consultation des
syndicats des éditeurs de presse a été réalisée en février 2023, ceux-ci soulignant
l’utilité
de cette mesure qui
permet une économie d'impôt immédiate, l’année de la provision, et
un
renforcement des fonds propres.
-
l’exonération de contribution économique te
rritoriale (CET) pour les diffuseurs de
presse
33
, dont le coût est évalué au global à
10 M€ en 2023 et 9 M€ pour 2024, se répartit
en deux composantes :
•
l’exonération de cotisation foncière
des entreprises (CFE)
compensée par l’État aux
collectivités territoriales, en soutien aux petits diffuseurs indépendants. Depuis plusieurs
années, son coût est estimé à 5
M€.
Le
nombre d’entreprises bénéficiaires
sur la période
2019-
2022 s’établit en moyenne à 5500
;
•
l’exonér
ation de cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE)
, bénéficiant à près de 2000
entreprises pour un coût estimé à 3 M€ en 2021 et 2022, à 5 M€ pour 2023
et 4 M€ en
2024. Cette composante a vocation à disparaître en 2026.
En 2015
34
, deux dépenses fiscales ont été introduites, dont la Cour demande la
suppression depuis 2018 :
-
la réduction d’impôt des particuliers pour souscription en numéraire au capital des sociétés
de presse
35
d’
information politique et générale
vise à étendre le nombre d’entreprises
éligibles et à augmenter les plafonds déductibles. Cette disposition est évaluée à moins de
31
Ce coût est calculé par comparaison avec un assujettissement au taux réduit de 5,5 %.
32
Art. 39 de la loi de finances pour 2024.
33
Articles 1458 bis et 1586 ter du CGI
–
DF 090110 et 040110.
34
La loi n° 2015-433 du 17 avril 2015 portant diverses dispositions tendant à la modernisation du secteur de la presse
35
Article 199 terdecies-0 C du CGI (DF n° 110263).
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
49
0,5
M€ depuis 2016 et n’a bénéficié qu’à un très faible nombre de ménages jusqu’en 2020
(237 en 2020, 274 en 2019, 261 en 2018). Une augmentation du nombre de ménages
bénéficiaires est toutefois observée en 2021 (2148) et dans une moindre mesure en 2022
(1201)
, sous l’effet du doublement des plafonds applicables pour les versements effectués
à partir du 1
er
janvier 2021
36
. Le bénéfice de cette réduction d’impôt sur le revenu a
été
prorogé pour les versements effectués jusqu’au 31 décembre 2024. Selon le ministère, ce
dispositif permet d’impliquer les lecteurs dans la vie de leur journal et de financer des
projets favorables au développement de la presse écrite et au pluralisme d
e l’information
;
-
l’amendement dit «
Charb »
37
ouvre le bénéfice du régime fiscal du mécénat (loi du 1
er
août
2003) aux associations et fonds de dotation exerçant des actions concrètes en faveur du
pluralisme de la presse comme la prise de participations m
inoritaires, l’octroi de
subventions ou encore de prêts bonifiés à des entreprises de presse d’IPG. En pratique, les
dons sont gérés par deux associations. L’administration fiscale indique qu’elle n’est pas en
mesure de communiquer une estimation du coût de ce dispositif car la défiscalisation des
dons s’effectue lors de la déclaration d’impôts par les contribuables, sans que puissent être
identifiés et isolés les dons en faveur d’entreprises de presse ou d’autres structures.
Le ministère considère que, malgré ces difficultés de chiffrage, ces deux derniers
dispositifs constituent des leviers pour soutenir les initiatives individuelles et marquer
l’engagement citoyen en faveur de la survie de la presse écrite et de son développement
numérique ainsi que du pl
uralisme de l’information.
Enfin, en 2020, en réponse à la crise sanitaire, ont été institués :
-
un
crédit d’impôt au titre du premier abonnement à une publication ou à un service de
presse en ligne qui présente le caractère de presse d’information politiqu
e et générale
38
. Ce
crédit d’impôt, correspondant à 30
% du coût d’un premier abonnement et accordé sous
condition de ressources, est entré en vigueur à compter le 9 mai 2021, puis a été prorogé
jusqu’à fin 2023 par la loi de finances pour 2022. Initialemen
t estimé à 60
M€ en année
pleine, son coût budgétaire a finalement été revu à 3 M€ pour 2022
et 2 M€ en 2023
, ce qui
reflète un faible intérêt des contribuables pour ce dispositif. La loi de finances pour 2023
est venue tirer les conséquences de ce constat
en avançant la date d’extinction de ce crédit
d’impôt au 31 décembre 2022
39
.
-
une réduction d’impôt sur les sociétés pour souscription en numéraire au capital des
sociétés de presse
, non estimée et prévue pour s’appliquer jusqu’à la fin de l’exercice 2024.
Dans le contexte de crise sanitaire, il s’agissait de faciliter la recherche de nouveaux
investisseurs et la mobilisation de capitaux suffisants pour renforcer les fonds propres des
entreprises de presse. Pour autant, l’absence d’entreprises bénéficiaires en 2021
(une seule
identifiée en 2022)
ainsi que la difficulté d’apprécier les effets d’un autre dispositif de
réduction d’impôt pour souscription en numéraire au capital des socié
tés de presse instauré
36
Article 114 de la loi n° 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021.
37
Art 200 f bis) du CGI « Les donateurs peuvent affecter leurs dons au financement d'une entreprise de presse ou d'un service
de presse en ligne en particulier, à condition qu'il n'existe aucun lien économique et financier, direct ou indirect, entre le
donateur et le bénéficiaire. »
38
Dépense fiscale n° 110267, en application du décret n° 2021-560 du 7 mai 2021.
39
Art. 21 de la loi n° 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023.
COUR DES COMPTES
50
en 2015 pour les particuliers (cf. supra), tendent à remettre en cause la pertinence de ce
dispositif.
La Cour persiste à souligner la grande complexité des dépenses fiscales actuellement en
vigueur pour le secteur de la presse, leur faible lisibilité pour les citoyens, la difficulté à apprécier
leur impact, et même leur coût. La Cour réitère par conséquent la recommandation suivante :
B -
Les dépenses fiscales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel
À l’exception d
es crédits
d’impôt pou
r la production phonographique
et l’édition
musicale,
les crédits d’impôts relevant du programme 334 –
Livre et industries culturelles
concernent le cinéma et la production audiovisuelle.
Le CNC est doté d’un observatoire des crédits d’impôts et la LFI
pour 2020 a introduit
la remise annuelle par le CNC au Gouvernement et au Parlement, d’un rapport d’évaluation sur
l’impact des crédits d’impôts cinéma et audiovisuel, dont l’édition 202
3, remise au Parlement
et au Gouvernement le 30 septembre 2023, soulig
ne l’efficacité du dispositif pour la résilience
du secteur en 2022, après deux années marquées par la crise sanitaire.
En 2023, les cinq dépenses fiscales relatifs aux secteurs cinéma et audiovisuel, dont quatre
sont administrées et suivies par le CNC
40
, ont représenté un coût total estimé à 512
M€ (
450
M€
en 2022).
Tableau n° 14 :
dépenses fiscales du programme 334
–
secteurs cinéma et audiovisuel (M€)
Intitulé (n° DF)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
(prév.)
2024
(prév.)
Date
d’échéance
CIC (320121)
58
157
144
121
113
85
139
109
132
Non borné
CIA (320129)
54
126
131
139
148
140
164
170
190
Non borné
C2I (320140)
19
41
67
56
73
77
108
193
205
31/12/2026
SOFICA (110244)
21
21
30
30
29
29
34
35
35
31/12/2026
CIAC redevance organismes
gestion collective (320144)
NC
0
5
5
-
31/12/2020
Total
152
345
372
346
363
331
450
512
562
Source : 2018-2023 chiffrage CNC données relatives aux agréments ; VEM 2 pour les années antérieures et 2024
Pour les trois crédits d’impôt destinés à soutenir la production
cinématographique et
audiovisuelle en France, le coût fiscal est estimé à 472
M€ en 202
3, contre 468
M€ en 202
2.
Pour 2024, un montant de 527
M€ est attendu
:
-
le crédit d’impôt cinéma (CIC)
permet à une société de production, sous certaines
conditions,
de
déduire
de
son
imposition
certaines
dépenses
de
production
cinématographique. Son montant est estimé à 109
M€ en 2023 (132 M€ en 2024)
, soit une
40
Seule le CIAC n’est pas géré par le CNC.
Les données relatives aux dépenses fiscales relevant du CNC ne sont pas tirées
exclusivement des
Voies et moyens 2024
mais aussi des réponses du CNC au questionnaire, qui dispose de données plus
récentes.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
51
baisse de 21% par rapport à 2022 (139
M€)
, s
ous l’effet de la baisse en 2022 du nombre de
film
s d’initiative française ayant obtenu l’agrément des investissements, et de la réduction
du taux de recours de ces films au CIC ;
-
le crédit d’impôt audiovisuel (CIA)
permet aux entreprises de déduire de leur imposition
certaines dépenses de production audiovisuelle.
Sous l’effet conjugué de la
reprise des
tournages
, de l’augmentation du coût moyen de production par minute, et l’ouverture
progressive du soutien du CNC aux œuvres financées par des plateformes
étrangères, le
montant de la dépense fiscale est passé de 140
M€ en 2021
à 170
M€
en 2023 (190
M€ en
2024). En réponse à la crise sanitaire, la LFI 2021 élargissait en outre
le CIA jusqu’à fin
2022 aux adaptations audiovisuelles de spectacle vivant. Ce dispositif est entré en vigueur
suite à l’accord de la Commission européenne et à un décret d’application du 28 décembre
2021
et représente un coût fiscal annuel de l’ordre de 1 à 2 M€. Il a été prorogé jusqu’à la
fin de l’année 2024 par la LFI 2023
41
;
-
le c
rédit d’impôt international (C2I)
42
concerne les œuvres cinématographiques et
audiovisuelles dont la production est initiée par une société étrangère et dont tout ou partie
de la fabrication a lieu en France. Tiré par des films internationaux à gros budget et les
productions des plateformes, il a atteint 108
M€ en 2022 et
193
M€ en 2023
(205 M€
estimés en 2024)
, confirmant l’attractivité du dispositif français dans un contexte de forte
concurrence internationale
43
. La loi de finances pour 2024 est venue proroger de 2 ans,
jusqu’au 31 décembre 2026, l’échéance des dépenses éligibles au C2I.
En réponse à la crise sanitaire, a été mis en place un «
crédit d'impôt pour dépenses de
création audiovisuelle et cinématographique, redevances versées aux organismes de gestion
collective et rémunérations versées directement aux auteurs (CIAC)
»
44
, au bénéfice des
entreprises exerçant l’activité d’éditeur de services de télévision, de radio ou de médias
audiovisuels à la demande. E
ntré en vigueur suite à l’accord de la com
mission européenne et
au lendemain de la publication du décret n°2021-764 du 15 juin 2021, son montant est estimé
à 5
M€ en 2022
et 2023.
Au global, les tendances observées depuis 2019 semblent ainsi se poursuivre, à savoir la
diminution des dépenses liées au CIC (cinéma), et une augmentation des dépenses liées au CIA
(audiovisuel) et au C2I (international).
S’y ajoute
la
réduction d’impôt sur le revenu relative aux sociétés de financement de
l’industrie cinématographique et audiovisuelle (SOFICA),
qui a p
our objectif d’encourager le
soutien à des productions indépendantes. Les SOFICA agréées depuis
2021 ont disposé d’une
enveloppe annuelle
globale de 73 M€ à investir dans le cinéma et l’audiovisuel, soit un
relèvement du plafond de 10
M€ par rapport à 2020, dans un contexte d’ouverture des
investissements à la distribution. En 2023, les SOFICA ont ainsi
collecté l’intégralité de
l’enveloppe disponible, soit 73 M€. Avec un taux d’avantage fiscal de 48 %, la dépense fiscale
prévue pour 2023 s’élève à 35 M€.
M
algré l’absence d’évaluation récente de l’efficacité de de
41
Art. 38 de la loi n° 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023.
42
Ou crédit d’impôt pour dépenses de production d’œuvres cinématographiques engagées par des entreprises de production exécutiv
es.
43
Selon le CNC, en 2023, 24 pays ont des taux plus favorables que les taux français, contre 21 en 2021.
44
Créé par l’art. 49 de la loi de finances rectificative pour 2020 du 30 juillet 2020 et codifié à l’article 200 sexies A du co
de
général des impôts. Pour cette dépense fiscale,
l’agrément n’est pas délivré par le CNC.
COUR DES COMPTES
52
ce dispositif, l
a loi de finances pour 2024 a prorogé de 3 ans le dispositif SOFICA, soit jusqu’au
31 décembre 2026.
Le ministère de la culture indique que les crédits d’impôt ont soutenu la résili
ence des
secteurs cinématographique et audiovisuel face à la crise sanitaire. De son côté, le CNC estime
que ces crédits d’impôt, depuis la réforme
des taux applicable au 1
er
janvier 2016, atteignent les
deux objectifs qui leur avaient été assignés - reloc
aliser les tournages (sur l’ensemble du
territoire) et consolider la production cinématographique et audiovisuelle
–
et souligne le
dynamisme de la production audiovisuelle et internationale porté, notamment, par les nouvelles
obligations d’investissement
des plateformes dans la production française.
C -
Les dépenses fiscales en faveur de la musique.
Le CNM opère, depuis le 1
er
octobre 2020,
l’instruction et la délivrance au nom du
ministre chargé de la culture des agréments relatifs
à trois crédits d’impôt
en faveur :
-
de la production phonographique (CIPP) ;
-
du spectacle vivant (CISV) ;
-
des éditeurs de musique (CIEM).
Le CIPP et le CIEM
45
sont rattachés au programme 334, le CISV étant rattaché au
programme 131 -
Création
de la mission
Culture
.
Tableau n° 15 :
dépenses fiscales du programme 334
–
secteur
musique
(M€)
Intitulé (n° DF)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
(prév.)
2024
(prév.)
Date
d’échéance
CIPP (320128)
11
11
11
11
17
12
20
27
27
31/12/2027
CIEM (320148)
-
1
6
31/12/2027
Source : 2019-2023 chiffrage CNM données relatives aux agréments ; VEM 2 pour les années antérieures et 2024
Le crédit d’impôt en faveur de la création phonographique (CIPP)
est destiné à
encourager la diversité musicale, la préservation de la
création francophone ainsi qu’à soutenir
le tissu des PME/TPE du secteur de la musique enregistrée.
D’un
montant stable à 11
M€ depuis
2015, le dispositif a été assoupli en 2019 et 2020 et, en réponse à la crise sanitaire, ses taux et
plafonds ont été relevés.
La dépense fiscale a augmenté jusqu’à 17
M€ en 2020 avant de
revenir
à 12
M€
en 2021
, puis remonter à 20 M€ en 2022 au bénéfice de 450 entreprises. La hausse
devrait se poursuivre en 2023 et 2024 (27 M€).
Le Centre national de la musique (CNM) a conduit, au cours du premier semestre 2023,
une évaluation du CIPP sur la période 2018-2022
dans le cadre d’une demande de prorogation
anticipée de ce dispositif portée en PLF 2024
46
. Cette évaluation a permis de justifier
l’atteinte
45
Le CIEM a été rattaché au programme 334 à compter du PLF 2023, il était auparavant rattaché à la mission
Culture
.
46
Etude d’impact de deux dispositifs fiscaux du CNM
: crédit d’impôt en faveur de la production ph
onographique et crédit
d’impôt en faveur des producteurs de spectacles
vivants, août 2023.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
53
des objectifs fixés par le législateur, conduisant à la prolongation du CIPP
jusqu’au 31
décembre 2027.
Le dispositif du
crédit d’impôt pour dépenses d’édition d’œuvres musicales (CIEM)
a
pour objectif de soutenir les investissements dans le secteur de l’édition musicale. Sur la base
d’un agrément délivré par le CNM, il permet aux entreprises de bénéficier d’un crédit d’impôt
correspondant à 15% (30% pour les PME-TPE) des dépenses engagées en faveur de la création
d’œuvres musicales.
Pour l’année 2022, le CNM indique avoir reçu 126 demandes d’agrément
provisoire de la part de 5 sociétés éditrices, pour un montant de dépenses prévisionnelles estimé
à 1,2M€. En 2023, 50 nouvelles entreprises ont déposé 307 demandes d’agrément pour un
montant de dépenses de 3,5 M€.
L’
entrée en vigueur récente de ce dispositif
47
, qui
ne permettait pas d’avoir le recul
suffisant pour produire une évaluation pertinente
, n’a pas empêché que sa durée soit prorogée
,
comme pour le CIPP,
jusqu’à la fin
2027.
II -
Les opérateurs et les taxes affectées
Trois opérateurs du programme 334 sont financés par des taxes affectées : le CNC, la
Cinémathèque française indirectement
48
et le CNM.
En 2022, le rendement total de ces taxes
s’élevait à
754,5
M€, soit un montant
supérieur
à celui de 2019 (726,2
M€), année d’avant crise.
En 2023, le produit estimé de ces taxes progresserait de près de 70 M€ (+
9%). Si, comme
en 2022, ce produit élevé de taxes en 2023
est la résultante d’un effet de reprise dans les secteurs
concernés, il reflète également, de façon plus structurelle, le dynamisme de certaines bases
fiscales (en particulier le secteur de la vidéo à la demande).
A -
La taxe affectée au CNM
Le CNM bénéficie du produit de la taxe sur les spectacles de variétés
49
, antérieurement
collectée par le Centre national des variétés. Le produit de cette taxe est plafonné à 50
M€ par
an. Collectée à hauteur de 36 M€ en 2019, elle n’a représenté que 12,3 M€ en 2020 et 3,1
M€
en 2021. En effet, les périodes de fermeture des salles de spectacle ont conduit à mettre en place
une annulation de cette taxe entre le 17 mars 2020 et le 31 décembre 2022. En 2022, année de
reprise du recouvrement de la taxe, la perception réalisée s
’est élevée à 33,5 M€,
soit un niveau
proche de celui de 2019.
47
Décret n° 2022-1424 du 10 novembre 2022.
48
La Cinémathèque française reçoit une subvention du CNC (19,2
M€ en 2021 hors subventions exceptionnelles, 19,4 M€ en 2022).
49
Article 76 de la loi de finances rectificative pour 2003 (n° 2003-1312 du 30 décembre 2003).
COUR DES COMPTES
54
Tableau n° 16 :
recettes fiscales du CN
M (M€)
2019
2020
2021
2022
2023
LFI
2024
2024
(prév.)
Taxe sur les spectacles de variétés
36
12,3
3,1
33,5
49,1
35
32
* Pour 2023, données provisoires du Service taxe du CNM
dans l’attente de la clôture définitive des comptes
.
** Les données de la colonne « 2024 prév. » résultent des prévisions mises à jour par le CNM.
Source : CNM pour les années 2023-2024, VEM 1 pour les exercices antérieurs et données LFI 2024
Pour 2023, le montant de perception de la taxe sur les spectacles de variété, évalué à plus
de 49 M€,
soit un niveau proche du plafond, a largement dépassé les estimations réalisées fin
2022 qui tablaient sur un produit de l’ordre de 30 M€. Cette évolutio
n plus favorable
qu’initialement envisagée s’explique par l’évolution à la hausse du nombre de séances (85
893
représentations déclarées en 2023 contre 77 118 en 2022) et de la fréquentation associée, portée
par les lieux à grande capacité. Elle résulte ég
alement de l’augmentation du prix moyen du
billet, constatée également, en particulier, dans les lieux à grande capacité.
L’estimation en recul (32 M€) retenue par l
e CNM pour 2024 prend en compte les
conséquences envisageables sur l’économie du spectacle
vivant des Jeux Olympiques et
Paralympiques de Paris 2024, qui devraient entraîner notamment l’indisponibilité de
grandes
scènes à Paris et de grands stades dans plusieurs régions.
B -
Les taxes affectées au CNC
Le financement du CNC (qui subventionne la Cinémathèque française) est en principe
assuré exclusivement par les cotisations versées par les entreprises cinématographiques
(environ 9
M€ par an) et
par quatre taxes affectées.
Actuellement, le CNC recouvre et contrôle directement trois de ces taxes : la taxe sur les
entrées en salle de cinéma (TSA) et la taxe sur les services de télévision (TST) qui comprend
une fraction
éditeurs
(TST-E), assise sur les recettes de publicité et de parrainage, et une
fraction
distributeurs
(TST-D) assise sur les abonnements télévisions et offres groupées. Le
transfert de la perception de ces taxes à la DGFiP, initialement prévu à partir du 1
er
janvier 2022
puis repoussé à début 2023, a finalement été abandonné
50
.
La taxe sur la diffusion en vidéo physique et en ligne de contenus audiovisuels (TSV),
assise sur le chiffre d’affaires des secteurs de la distribution de vidéo physique (DVD, Blu
-ray)
et de la vidéo à la demande (VàD), est quant à elle recouvrée et contrôlée par la DGFiP.
50
L’article n°184 de la loi
n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020 qui prévoyait ce transfert a en effet été
abrogé par l’
article 80 de la loi n° 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
55
Tableau n° 17 :
recettes fiscales du CNC
(M€)
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023*
LFI
2024
2024
(prév.)**
Cotisations des entreprises
cinématographiques
9
10
9
9,2
7,5
4,9
7,0
10,1
10,6
10,7
Taxe sur les entrées en
salles de cinéma (TSA)
152
148
146
154,4
28,5
56,9
117,9
143,7
156,3
152,9
Taxe sur les services de
télévision (TST)
509
511
500
492,4
461,1
457,4
469,1
447
461,1
464,1
dont TST- Éditeurs
275
290
297
298,7
236,7
238,9
292,2
245,3
257,3
258,7
dont TST-Distributeurs
235
220
203
193,7
224,4
218,5
176,9
201,7
203,8
205,4
Taxe sur les services vidéo
18
16
26
34,2
87,3
111,6
127,0
174
126,5
139,5
Total
689
684
681
690,3
584,4
630,8
721,0
774,8
754,5
767,2
* Les données 2023 résultent des prévisions du dernier budget rectificatif 2023
adopté par le conseil d’administration du CNC
,
et non celles de l’exécution définitive des taxes 202
3 qui sera formalisée dans le compte financier.
** Les données de la colonne « 2024 prév. » résultent des prévisions mises à jour par le CNC dans le cadr
e de l’élaboration
de son budget initial 2024
approuvé par son conseil d’administration
.
Source : CNC pour les années 2019 à 2024, VEM 1 pour les exercices antérieurs et données LFI 2024
Le produit des cotisations professionnelles des entreprises cinématographiques a retrouvé
en 2023
(10,1 M€) son
niveau d
’avant crise sanitaire (9,2 M€
en 2019), ce qui reflète la
meilleure santé financière du secteur, mais aussi la mise en place de la conditionnalité de l’accès
aux aides du CNC au paiement des cotisations professionnelles, adoptée lors du conseil
d’administration du 8 décembre 2022.
Le produit de TSA
devrait s’établir
en 2023 à 143,7
M€,
en progression de 25,8
M€ par
rapport à 2022, mais qui demeure
en recul par rapport à l’exécution 2019, dans un contexte
de
reprise progressive de la fréquentation des salles de cinéma
51
. La croissance du produit de la
TSA en 2023 reflète également l’évolution à la hausse du prix moyen du billet d’entrée.
Un
produit de 152,9
M€, en progression par rapport à 202
3, est attendu pour 2024
, sur la base d’une
hypothèse de fréquentation rehaussée
à 195 millions d’entrées en salles de cinéma
.
Le produit collecté de la fraction éditeur de la taxe sur les services de télévision (TST-E)
s’est fortement contracté en 2023 à 245,3 M€,
soit une
baisse de près de 47 M€ par rapport à
2022
, sous l’effet du décalage sur 2023 de l’encaiss
ement des recettes publicitaires afférentes
à la Coupe du monde de football (la TST étant calculée à p
artir du chiffre d’affaires encaissé
en 2022), et d’autre part, une contraction du marché publicitaire de 2 % par rapport à 2021
.
Pour 2024, la prévision est en hausse (+13,4 M€) à 258,7 M€, sous l’effet de l’encaissement
des recettes de la Coupe du monde de football.
À
l’inverse,
une collecte en hausse de près de 25
M€ est anticipée
en 2023 par rapport à
2022 sur la fraction distributeurs de la TST,
qui s’explique principalement par la croissance du
51
La fréquentation des salles de cinéma, qui s’est établie à 180,76 millions
d’entrées à la fin de l’année 2023 (en hausse de
18,9
% par rapport à 2022), reste encore inférieure d’environ 10
% par rapport à la moyenne des années 2017-2019.
COUR DES COMPTES
56
chiffre d’affaires des opérateurs télécom, tirée par le
développement de la fibre et de la 5G.
Cette tendance devrait se poursuivre en 2024, avec un produit évalué à 205,4 M€ (+3,7 M€).
Le produit attendu de la TSV, en forte hausse en 2023 (
174 M€
, soit
+ 47 M€ par rapport
à 2022),
s’explique par la régularisation de la situation d’un important réseau social diffuseur
de vidéos pour les années 2020 à 2023 au titre de la diffusion de contenus vidéos générateurs
de recettes publicitaires.
En neutralisant l’impact de cette régularisation exceptionnelle,
la TSV
perçue par le CNC en 2023 dans son périmètre « rythme de croisière » devrait s’élever à
136,9
M€, en progression de 9,9 M€ par rapport à 2022
, alimentée par
l’ancrage durable d
es
plateformes de vidéo à la demande par abonnement dans les pratiques culturelles des Français.
Pour l’année 202
4, le CNC anticipe un produit de la TSV stabilisé au niveau de 2023 (est.
139,5
M€).
Au global, le produit collecté des taxes et cotisations 2023 est donc estimé à 774,8
M€,
soit un niveau supérieur à celui observé en 2022 (721
M€).
Pour 2024, le produit total attendu
s’élève à 7
67,2
M€.
Corollaire d
e l’ancrage durable dans les habitudes des foyers français
de la consommation
cinématographique et audiovisuelle via des plateformes de vidéo à la demande, la TSV (+
103
M€ entre 2019 et 202
3 hors régularisation) fait plus que compenser la baisse conjoncturelle
du rendement de la TSA (-10,7
M€ sur la même période)
. La diversité des taxes affectées au
CNC constitue ainsi une garantie de robustesse de son modèle de financement.
III -
Le
plan d’investissement France 2030
En octobre 2021, le Président de la République a annoncé un nouveau Plan
interministériel et stratégique, France 2030. Le volet « Culture » de France 2030 rassemble les
crédits du 4
ème
programme d’investissements d’avenir
(400 M€
sur 2021-2025), et les complète
à hauteur de 600 M€, portant l’enveloppe totale dédiée à la culture à 1
Md€
, dans le but de
permettre à la France de « produire les contenus culturels de demain »
52
.
La réalisation de cette ambition se décline selon trois volets :
-
u
ne stratégie d’accélération pour l’innovation dans les industries culturelles et créatives
(ICC) ;
-
l
a Grande Fabrique de l’image, dédié aux studios de production et aux formations dans les
domaines de l’image et du son
;
-
u
n volet en cours d’élaboration consacré aux applications culturelles des technologiques
immersives.
Concernant la stratégie d’accélération des ICC, doté
e
d’un budget total de 400
M€
sur la
période 2021-
2025 et mise en œuvr
e par 4 opérateurs
53
, 11 dispositifs ont été construits et
52
Ces crédits sont inscrits sur la mission
–
Investir pour la France de 2030
, programmes 424
–
Financement des investissements
stratégiques
et 425
–
Financement structurel des écosystèmes d’innovation
.
53
Agence nationale de la recherche (ANR),
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (
ADEME), Caisse des
dépôts et consignations (CDC) et Bpifrance.
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQU
E DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
57
lancés, et dotés de 253,3
M€
54
. Sur cette enveloppe totale d’AE,
116,63
M€ de CP ont d’ores
et déjà été versés. Organisés en vagues de sélection de candidatures, ces dispositifs ont vocation
à être m
is en œuvre sur une base le plus souvent pluriannuelle
. L
es projets d’innovation (qu’elle
soit technologique, d’usage, d’organisation ou de modèle économique)
retenus sont
majoritairement portés par des entreprises, mais aussi dans certains cas par des établissements
publics ou des associations, dans l’ensemble des secteurs des ICC.
La construction et la mise
en œuvre des futurs dispositifs va s’étaler jusqu’en 2025.
Dans le cadre de l’enveloppe complémentaire de 600 M€, l
es volets du plan dédiés au
renforcement des capacités de production et de formation dans les secteurs du cinéma, de
l’audiovisuel et du jeu vidéo
ont été
lancés, à travers l’appel à projets « La Grande Fabrique de
l’Image », doté de 3
50
M€ et mis en œuvre par le CNC, en lien avec la CDC, à partir d’avril
2022. Parmi les 175 dossiers déposés correspondants à 3
Md€
d’investissements projetés et
1
Md€
de demande de subvention, 68 projets ont été retenus en avril 2023. Dans cette phase de
sélection, le CNC a assuré
l’expertise
technique des dossiers et a contribué à
l’organisation de
leur instruction par de
ux comités d’
experts indépendants.
Le CNC indique que les conventions entre chaque lauréat et la CDC chargée du versement
des subventions sont en passe d’être signées, permet
tant le versement des premières tranches
de subventions d’investissement.
Pourtant chargé avec la CDC du suivi des projets lauréats, le
CNC
n’a pas encore eu connaissance des montants versés
par la CDC. De même, il indique ne
pas assurer pas de suivi des c
rédits de paiement versés dans le cadre de l’appel à projets, ce
suivi revenant au SGPI, ce qui pose la question des modalités de consolidation du suivi
budgétaire de ces dispositifs.
Au total, 603,3
M€ de crédits ont été ouverts (AE) en
tre 2021 et 2023, soit 60 % de
l’enveloppe de 1 Md€. Le taux de consommation de crédits de paiement s’établit à 1
9%, avec
116,8
M€ décaissés.
Le détail des montants engagés figure en annexe n° 3.
54
En 2023, un appel à projets « Alternatives vertes 2 » a été lancé, doté de 25
M€
et opéré par la Banque des Territoires (groupe
Caisse des Dépôts).
COUR DES COMPTES
58
IV -
L’évolution de la dépense totale sur moyenne période
A -
Dépense totale de la mission
Graphique n° 16 :
évolution de la structure des moyens de la mission 2015
–
2023
(CP, M€)
Source : Cour des comptes à partir de données DGMIC et documents budgétaires
En 2023, les moyens de la mission se maintiennent, comme en 2022, à un niveau très
supérieur à celui de 2019
(+583 M€), sous l’effet de la croissance du produit des taxes affectées
et du coût des dépenses fiscales.
Les crédits budgétaires
augmentent également de façon importante (+100 M€ par rapport
à 2022), en dépit de la fin de la mobilisation des crédits de relance, et se maintiennent à 30 %
de la totalité des différents moyens mobilisés.
B -
Une vision consolidée des crédits concourant à la mission
Plusieurs programmes relevant de trois missions (
Culture, Economie, et Relations avec
les collectivités territoriales
) contribuent aux objectifs de la mission
Médias, Livre et industries
culturelles
, pour 146,2
M€
en 2023 (CP).
En ce qui concerne les aides à la presse, sur le programme 134 -
Développement des
entreprises et régulations
de la mission
Économie
, une enveloppe de
40 M€
en AE=CP
(42,8
M€ en 2024) est prévue comme compensation financière de l’État
pour les sujétions
particulières supportées par La Poste en raison du régime d’acheminement et de distribution de
la presse. La réforme de la distribution de la presse aux abonnés entrée en vigueur le 24 février
697,5
525,6
548,7
547,4
576,6
1146,5
745,5
625,9
725,6
339
331
589
548
533
818
859
727
772
705,7
716,7
713
711
684,1
594
622,4
754,5
823,9
406
81,6
8,4
1742
1573
1851
1806
1794
2559
2633
2259
2377
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Dépenses budgétaires
Dépenses fiscales
Taxes affectées
Plan de relance
France 2030
TOTAL
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
59
2023 devrait conduire à une réduction progressive d’ici à 2026 du soutien financier de l’
État à
La Poste pour cette mission de service public de transport de la presse.
Tableau n° 18 :
récapitulatif aides à la presse (toutes missions)
Réalisé (CP en M€)
2019
2020
2021
2022
2023
Aides directes à la presse (P 180)
100,8
241,9
96,9
118,3
216,7
dont aides à la diffusion
40,1
35,8
37,1
39,4
118,1
dont aides au pluralisme
17,1
20,3
19
26,9
23
dont aides à la modernisation
43,6
185,8
40,8
52
75,6
Relations financières avec l'AFP (P 180)
146,2
135,5
135
135
135
Aide au transport postal de la presse (P
134)
103,8
95,9
137,8
84
40
Dispositifs fiscaux
165
156
154
82
72
TOTAL
515,8
629,3
523,7
419,3
463,7
Source : Cour des comptes et DGMIC
Concernant le soutien au livre et à la lecture, une partie significative des crédits
d’intervention de l’État ne relève pas du programme 334 –
Livre et industries culturelles
mais
du programme 119
–
Concours financiers aux collectivités territoriales et à leurs groupements.
Au sein de ce programme, la dotation particulière « bibliothèque » (88,4
M€
en LFI depuis
2018) permet d’attribuer des subventions à des collectivités territoriales en soutien à le
urs
projets d’investissement ou d’élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques de
lecture.
De même, au sein de la mission
Culture
, les actions en faveur du livre et de la lecture
relevant de l’éducation artistique et culturelle sont rattachées
au programme 361
–
Transmission
des savoirs et démocratisation de la culture
(18,58
M€ en 202
3).
Tableau n° 19 :
récapitulatif des crédits consacrés au livre et à la lecture (toutes missions)
55
Réalisé (CP en M€)
2020
2021
2022
2023
P334
–
Livre et lecture
328,3
290,37
335,43
335,27
P361
–
EAC Livre et lecture
15,89
17,23
20,15
18,58
P119
–
DGD Concours particulier pour les bibliothèques
88,42
88,42
88,42
87,59
TOTAL
432,61
411,02
444
441,44
Source : DGMIC
55
Il est à noter que le taux de TVA réduit à 5,5 % sur les livres n’est pas classé comme une dépense fiscale, et n’est donc pas
chiffré par l’administration fiscale
dans le tome 2 des
Evaluations des
Voies et Moyens
, ni rattaché à un programme.
COUR DES COMPTES
60
Schéma n° 1 :
dépenses contribuant à la mission en 2023
Source : x
V -
L’analyse de la performance
Les indicateurs de la mission
sont peu nombreux et rendent compte des principaux
objectifs de politique publique uniquement en matière de livre et de presse.
Le PAP 2023 prévoyait, parmi les indicateurs de performance du programme 180, un
indicateur relatif au
taux de portage de la presse d’abonnés, afin de suivre les effets de la
réforme des aides à la distribution de la presse d’abonnés, visant à inciter les éditeurs à avoir
davantage recours au portage. Dans le PAP 2024, la cible de cet indicateur a été revue à la
baisse, compte tenu du décalage d’un an de l’entrée en vigueur de la réforme, mais aussi de
l’évolution de l’équilibre économique
défavorable du secteur du portage.
Comme souligné dans les précédentes NEB, aucun indicateur du programme
334 - Livre
et industries culturelles
ne porte sur :
-
la production cinématographique, et ce alors que les seuls montants alloués à la politique
en faveur du cinéma (taxes affectées et dépenses fiscales) représentent la plus grosse part
des moyens de la mission :
Le CNC transmet pourtant
chaque année à l’automne au
Parlement, dans le cadre de la
procédure d’adoption du PLF
, un « document stratégique de performance »
56
qui comprend des
objectifs et indicateurs de performance. Dès lors, a
fin de faciliter l’accès du citoyen à
56
MOYENS CONSACRÉS PAR
L’ÉTAT À LA POLITIQ
UE DES MÉDIAS, DU LIVRE ET DES INDUSTRIES CULTURELLES
61
l’information,
il conviendrait de reprendre dans le PAP du programme les principaux
indicateurs qui y figure.
-
le périmètre couvert par le Centre national de la musique :
Sur ce point, le ministère indique souhaiter attendre
l’approbation, d’ici la mi
-2024, du
premier contrat d’objectifs e
t de performance (COP) du CNM pour reprendre dans les PAP et
RAP certains indicateurs suivis dans le cadre de ce contrat.
La Cour restera attentive aux évolutions de la maquette des PAP et RAP sur ces deux
points.
COUR DES COMPTES
62
_______________________ RECOMMANDATION UNIQUE _______________________
La Cour formule la recommandation suivante :
1.
(réitérée) : Conditionner toute reconduction de dépense fiscale, notamment de faible
montant, en faveur de la presse, à une évaluation de son efficacité
(
DGFiP et ministère de
la culture).
COUR DES COMPTES
64
Annexe n° 1 :
liste des publications récentes de la Cour des comptes en
lien avec les politiques publiques concernées par la NEB
Rapport public 2018, Tome II,
Les aides à la presse écrite : des choix nécessaires
La Cour a transmis en 2018 aux commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat
des observations définitives sur les comptes et la gestion de l’Agence France
-Presse.
En 2021, la Cour a publié deux audits flash :
•
Les mesures spécifiques de l’État au secteur du cinéma pendant la crise sanitaire
.
•
Le soutien du ministère de la culture au spectacle vivant pendant la crise sanitaire
dans-le-secteur-de-la-culture-pendant-la
Enfin, la Cour a co
ntrôlé les comptes et la gestion du Centre national du Cinéma et de l’image
animée (CNC) pour la période 2011-2022. Ce contrôle a donné lieu à la publication en
septembre 2023
d’un référé à la Première ministre,
ainsi que des observations définitives.
ANNEXES
65
Annexe n° 2 :
consommation détaillée des crédits plan de relance -
programme 363 « compétitivité » de la mission « Plan de relance » (M€)
Source : Cour des comptes à partir des réponses aux questionnaires DGMIC, CNC et CNM.
Mesures
AE
2021-2022
et+
CP
consommés
en 2021 et
2022
CP
consommés
en 2023
Conso
totale CP
2021-2023
Taux conso
totale 2021-
2023 (CP/AE)
Plan filière presse - transition écologique du secteur (fonds de transition)
16
2,5
1,1
3,6
23%
Plan filière presse - réforme des imprimeries de la PQR - plan Prim
(gestion DGEFP
prog. 103)
31
6
*
6
19%
Plan filière presse - compétitivité du secteur (renforcement du FSDP)
45
12,7
7,2
19,9
44%
Plan filière presse - solidarité et cohésion territoriale (dont fonds de lutte contre la
précarité et renforcement de l'aide à la modernisation des diffuseurs de presse)
48
25,2
0
25,2
52%
dont Soutien aux diffuseurs de presse (marchands de journaux sur le territoire)
12
7
0
12
100%
dont Fonds de résorption de la précarité
36
5,3
13,2
37%
dont aide aux pigistes (gestion Deloitte)
29,5
4,0
6,7
dont commande photographique (gestion BnF)
5,5
0,8
5,5
dont CNAP / Conférence des écoles de journalisme
1,0
0,5
1,0
Sous-total Presse
140
46,4
8,3
54,7
39%
Plan filière livre - Programme EAC "Jeunes en librairie"
7
5,4
/
5,4
77%
Plan filière livres - financement des achats de livres auprès des librairies par les
bibliothèques publiques (gestion CNL)
10
9,4
/
9,4
94%
Plan filière livres - soutien aux investissements de modernisation en direction des
librairies (gestion DRAC et CNL)
6
7,6
/
7,6
127%
Plan filière livres volet investissement bibliothèques
(gestion DGD prog. 119)
30
30
/
30
100%
Sous-total Livre
53
52,4
/
52,4
99%
Plan filière cinéma et audiovisuel -
préservation de la souveraineté de la création
française et renforcement à l'international (gestion CNC)
74,4
74,4
/
74,4
100%
Plan filière cinéma et audiovisuel - investissement sur la jeunesse et les talents
d'avenir (gestion CNC)
6
6
/
6
100%
Plan filière cinéma et audiovisuel - soutien de la diffusion culturelle sur tous les
territoires et pour tous les publics (gestion CNC)
36,1
36,1
/
36,1
100%
Plan filière audiovisuel - réarmement financier du CNC (gestion CNC)
48,5
48,5
/
48,5
100%
Sous-total Cinéma / audiovisuel
165
165
/
165
100%
Plan filière musique : auteurs / compositeurs (gestion CNM)
12
12
/
12
100%
Plan filière musique : spectacle vivant (gestion CNM)
131,5
131,5
/
131,5
100%
Plan filière musique : industrie phonographique et disquaires indépendants
(gestion CNM)
20,5
20,5
/
20,5
100%
Plan filière musique : éditeurs (gestion CNM)
7
7
/
7
100%
Plan filière musique : innovation (gestion CNM)
4
4
/
4
100%
Plan filière musique : actions 2022 (gestion CNM)
35
30
/
30
86%
Sous-total Musique
210
205
/
205
98%
Mesures transversales Industries culturelles et créatives (ICC) - soutien à la
découvrabilité des contenus numériques francophones
2
1,8
0,11
1,91
96%
Mesures transversales ICC : renforcement des capacités d'intervention en garantie
de l'IFCIC (gestion IFCIC)
14
14
/
14
100%
dont fonds de garantie pour le cinéma et l'image animée
11,6
11,6
/
11,6
100%
dont fonds de garantie industries culturelles et créatives
2,4
2,4
/
2,4
100%
Mesures transversales ICC : lancement des quartiers culturels créatifs (tiers-lieux
culturels)
3
3
/
3
100%
Sous-total Industries culturelles
19
18,8
0,11
18,91
100%
587
487,6
8,4
496,0
84%
140
46,4
8,3
54,7
39%
447
276,2
0,1
441,3
99%
dont périmètre programme 334
Total Plan de relance
dont périmètre programme 180
COUR DES COMPTES
66
Annexe n° 3 :
consommation détaillée des crédits du volet culture du plan
d’investissement France 2030 (M€)
Dispositifs
AE
2021 et
suiv.
Consommation
CP 2022
Consommation
CP 2023
Consommation
totale CP
Taux de
consommation
à fin 2023
AMI "Solutions de billetterie innovantes" (gestion CDC)
10
0,93
0
0,93
9%
AAP "Alternatives vertes" (gestion CDC)
10
9,3
0
9,3
93%
AAP "Expérience augmentée de spectacle vivant" (gestion CDC)
10
5,9
5,1
11
110%
AAP "Numérisation du patrimoine et de l’architecture" (gestion CDC)
10
6,8
3,6
10,4
104%
Concours d’innovation « I-Nov » (gestion BPI France et ADEME)
36
16,5
6
22,5
63%
Dotation Fonds de prêt à l’innovation (FPINNOV) de l’IFCIC
50
9,5
12,4
21,9
44%
AMI "Compétences et métiers d'avenir" (gestion CDC et ANR)
41
18,9
15,4
34,3
84%
Quatre accélérateurs d'entreprises dans les secteurs "Musique et
spectacle vivant", "Savoir-faire d'exception", "architecture et
design" et Cultur'Export (gestion BPI France)
4
1,7
1,6
3,3
83%
Programme d'immersion à l'international "ICC Immersion" (gestion
Institut français et Business France)
10,5
0,2
0,8
1
10%
AMI "Pôles territoriaux d'industries culturelles et créatives"
(gestion CDC)
46,8
0
2
2
4%
AAP "Alternatives vertes 2" (gestion CDC)
25
0
0
0
0%
Total Stratégie d'accélération des ICC
253,3
69,73
46,9
116,63
46%
AAP "La Grande Fabrique de l'Image" dédié au renforcement des
capacités de production et de formation dans les secteurs du
cinéma, de l'audiovisuel et du jeu vidéo (gestion CNC et CDC)
350
/
NC
NC
NC
dont volet culture du plan "Marseille en grand" (Ecole Cinéfabrique
Marseille, base logistique provisoire de tournages, Pôle média de la Belle-
de-Mai, antenne de la Cinémathèque française)
22,5
0,173
NC
0,173
NC
Total Grande fabrique de l'image
350
0,173
NC
0,173
NC
AAP "Culture
Immersive et Metavers" (gestion BPI)
/
/
/
/
/
Total France 2030
603,3
69,9
46,9
116,8
19%
ANNEXES
67
Annexe n° 4 :
suivi des recommandations formulées au titre
de l’exécution budgétaire 202
2
N°
Recommandation
formulée au sein de la
note d’exécution
budgétaire 2022
Réponse de
l’administration
Analyse de la
Cour
Appréciation
par la Cour
du degré
de mise en
œuvre*
1
(réitérée) : (DGFiP et
ministère de la culture)
Conditionner toute
reconduction de
dépense fiscale,
notamment de faible
montant, en faveur de
la presse, à une
évaluation de son
efficacité
Dans le cadre de l’adoption du
PLF 2024, la déduction
spéciale en faveur des
entreprises de presse (articles
39 bis, 39 bis A et 39 bis B du
CGI), dont l’échéance était
prévue au 31 décembre 2023,
a été reconduite jusqu’en
2026, après l’adoption d’un
amendement au PLF.
Préalablement, les syndicats
des éditeurs de presse suivants
ont été consultés, le 7 février
2023, sur les aides fiscales en
faveur de la presse : l’Alliance
pour la presse d’information
générale (APIG), le syndicat
de la presse d’information
indépendante en ligne
(SPILL) et le groupement des
éditeurs de services en ligne
(GESTE). Ils ont largement
sollicité la prorogation du
dispositif de déduction
spéciale en faveur des
entreprises de presse (articles
39 bis, 39 bis A et 39 bis B du
CGI). Ils étaient alors
unanimes à souligner
l’importance et l’utilité de
cette mesure pour la vitalité
économique du secteur. Ce
dispositif permet une
économie d'impôt immédiate,
l’année de la provision, et le
renforcement des fonds
propres. Il encourage donc
l’investissement
et participe à
La
recommandation de
la Cour n’a été que
partiellement mise
en œuvre. Si le
CIPP a
effectivement fait
l’objet d’une
évaluation de son
efficacité, ce n’est
pas le cas pour la
déduction spéciale
en faveur des
entreprises de
presse, ni pour le
CIEM dont la
création est
pourtant très
récente.
La loi de finances
2024 a également
prolongé le
dispositif des
SOFICA sans
évaluation
préalable. Il en est
de même pour le
crédit d’impôt
international,
même si pour ce
dernier, le CNC
produit chaque
année un document
de bilan à
destination du
Parlement.
Mise en œuvre
incomplète
COUR DES COMPTES
68
N°
Recommandation
formulée au sein de la
note d’exécution
budgétaire 2022
Réponse de
l’administration
Analyse de la
Cour
Appréciation
par la Cour
du degré
de mise en
œuvre*
la transformation des
entreprises de presse.
Dans le secteur de la musique,
le centre national de la
musique (CNM) a conduit, au
cours du premier semestre
2023, une évaluation du crédit
d'impôt pour dépenses de
production d'œuvres
phonographiques (CIPP) et du
crédit d'impôt pour dépenses
de production de spectacles
vivants (CISV) dans le cadre
d’une demande de prorogation
anticipée de ces deux
dispositifs portée en PLF
2024. Cette évaluation a
permis de justifier la
prolongation des deux
dis
positifs jusqu’au 31
décembre 2027, leur
pertinence dans l’atteinte des
objectifs fixés par le
législateur ayant été
démontrée.
S’agissant du crédit d'impôt
pour dépenses d'édition
d'œuvres musicales (CIEM),
son entrée en vigueur récente
ne permettait pas
d’avoir le
recul suffisant pour produire
une évaluation pertinente.
Pour autant, sa prorogation a
été calquée sur celle des CIPP
et CISV, qui sont les trois
composantes d’un seul et
même système cohérent de
soutien à la filière musicale et
aux différents niveaux de
prise de risque.
* Totalement mise en œuvre, mise en œuvre incomplète, mise en œuvre en cours, non mise en œuvre, refus, devenue sans objet
ANNEXES
69
Annexe n° 5 :
actions et dispositifs portés ou soutenus par le CNC en
faveur des jeunes de 15 à 25 ans
La reconquête du public jeune dans les salles de cinéma et le développement de
l’éducation artistique et culturelle sont deux objectifs prioritaires du CNC. Dans cette
perspective, le Centre porte ou soutient un ensemble d’actions qui s’adressent à tous les jeunes
et se déploient sur l’ensemble du territoire. Ces actions visent, d’une part, la découverte du
cinéma par le visionnage ou la pratique artistique, et d’autre part, le développement des
connaissances artistiques et d’un espri
t critique.
Plusieurs dispositifs, destinés aux lycéens et aux étudiants, s’adressent
ainsi en particulier
aux jeunes de 15 à 25 ans :
-
Le dispositif
Lycéens et apprentis au cinéma
, déclinaison de
Ma Classe au cinéma
, consiste
en trois projections annuelles en salles de cinéma accompagnées par un enseignant ; 334
000 lycéens et apprentis répartis sur 17 régions en bénéficient chaque année. La
coordination nationale est assurée et financée par le CNC.
-
Étudiants au cinéma
, dispositif dont le CNC soutient le développement national depuis
2023, vise à fédérer une communauté autour du cinéma par l’organisation de projections
par et pour des étudiants. Il touche aujourd’hui 1 300 étudiants annuellement, répartis sur
4 régions.
-
Le CNC soutient le
César des Lycéens
, prix attribué par un jury de 2 000 jeunes de
terminales générales, technologiques et professionnelles issus de l’ensemble du territoire
français. Les élèves participants sont invités à choisir leur film favori parmi cinq films
nommés aux Césars dans la catégorie "meilleur film". En 2023, les lycéens ont décerné un
prix à « La Nuit du 12 » de Dominik Moll ;
-
Le CNC soutient également le
prix Jean Renoir des Lycéens
. Le jury est constitué de 50
classes de lycéens (soit environ 1 500 élèves), en priorité de zones rurales, péri-urbaines,
relevant de l'éducation prioritaire ou de lycées professionnels. Les classes retenues comme
membres du jury assistent à la projection en salle de sept films français et européens issus
de l'actualité cinématographique. Le film « Revoir Paris » d'Alice Winocour a remporté le
prix Jean Renoir des Lycéens 2022-2023.
-
Le CNC finance également les
achats de droits de films au programme de l’enseignement
de spécialité cinéma-audiovisuel du bac
. Les élèves de terminale étudient chaque année
trois œuvres cinématographiques ou audiovisuelles ; à la rentrée 2024, le corpus sera
composé des « Vitelloni » de Federico Fellini, des 3 premiers épisodes de la série « Irma
Vep » d’Olivier Assayas et du documentaire « High School » de Frederick W
iseman.
L’ensemble de ces actions constitue une enveloppe budgétaire de 390 k€ en AE et CP.
En outre, le CNC soutient des actions qui s’adressent notamment à la tranche d’âge
15- 25
ans, sans s’y limiter, parmi lesquelles :
-
-L
a mise en œuvre depuis 2021 d’ateliers de sensibilisation à l’écriture scénaristique et du
défi
Ecris ta série !
qui s’adressent, hors temps scolaire, aux jeunes de 15 à 18 ans, et sur
le temps scolaire, aux classes de 4ème et 3ème. 7 400 jeunes en bénéficient chaque année :
COUR DES COMPTES
70
5 000 pour le défi Ecris ta série ! (123 établissements participants) et 2 400 pour les ateliers
d'écriture scénaristique, répartis sur 86 départements.
-
Via
le programme
Cinéma et citoyenneté
porté par l’association Unis
-Cité, le CNC soutient
la mise en œuvre de ciné
-débats organisés par des jeunes volontaires en service civique
dans les établissements scolaires, sur le temps périscolaire. 70 000 jeunes spectateurs y
participent, principalement des collégiens mais aussi des lycéens.
-
Le dispositif
Passeurs d’image
, porté par l’association l’Archipel des Lucioles, coordonne
des actions hors temps scolaire
–
comme des projections en plein air ou des ateliers de
pratique
–
auprès des publics éloignés de la culture, et en priorité à destination des jeunes
de moins de 25 ans.
-
Les Enfants des Lumière(s)
est un programme coordonné par le CNC qui permet chaque
année à cinq classes franciliennes, de l’école au lycée, de bénéficier d’un programme de
deux ans comprenant la réalisation d’un court métr
age encadré par une équipe
professionnelle de réalisation, et des projections et sorties autour du cinéma. Les classes
participantes sont issues de l’éducation prioritaire, situées en zone urbaine sensible ou
destinées à des élèves éloignés de la culture. Parmi les cinq classes participantes au cycle
2023-2025, on dénombre deux classes de première professionnelle.
-
Le
CNC soutient l’association Un artiste à l’école qui vise à sensibiliser les élèves aux
métiers du cinéma en invitant des artistes, dont deux tiers issus du cinéma, dans les
établissements qu’ils ont fréquentés. Pendant l’année scolaire 2022
-2023, 3 070 élèves ont
pu participer à l’une des 36 interventions, dont 24 se sont tenues dans des lycées.
L’ensemble de ces actions représentent une enveloppe budgétaire de 2,2 M€ en AE,
consommée à hauteur de 2,17 M€ en CP fin 2023.
Enfin, dans le cadre du plan de relance, le CNC avait ouvert un appel à projets doté de
2
M€ pour conforter ou faire émerger de nouvelles pratiques et actions de diffusion cultur
elle
auprès du public jeune, avec comme cible prioritaire les 15-
25 ans. Il s’agissait notamment de
se saisir de l’enjeu
de redynamisation de la fréquentation des lieux de diffusion culturelle (salles
de cinéma, tiers lieux culturels, etc.) par cette génération. Sur les 161 dossiers déposés,
examinés par une commission composée d’experts lors de 3 séances qui se sont déroulées de
septembre 2021 à janvier 2022, 35 projets ont été soutenus
pour un montant total de 2 M€, les
aides attribuées allant de 20 à 130 k
€, pour des projets d’une durée comprise entre 1 et 3 ans.
La totalité des AE a déjà été engagée, et 33 K€ de CP ont été décaissés en 2023.