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La Philharmonie de Paris

CRC ÎLE-DE-FRANCE

Projet culturel « phare » pour la capitale, la « Philharmonie de Paris », dans le 19ème arrondissement, a été pensée comme un véritable multiplexe musical, doté, au-delà de son auditorium de 2500 places, de salles de répétition, de studios, d’espaces d’exposition et d’autres infrastructures dédiées à la musique et ouvert à un large public. Elle est née de la volonté commune de la Ville et l’Etat, concrétisée par des décisions prises en 2005 et 2006.

La chambre régionale des comptes d’Île-de-France consacre un rapport à cette opération, sous le seul angle de la construction de cet équipement culturel d'exception, qui présente l’originalité d’avoir été portée par une structure associative. La chambre note d’ailleurs que, du fait de cette intermédiation, le premier véritable débat au sujet de cette opération n’a eu lieu, au sein du Conseil de Paris, qu’en mars 2011 alors même que l’adhésion de la Ville était actée en 2006.

La chambre formule plusieurs observations sur le déroulement de l’opération et les choix de gestion l’ayant accompagnée. Elle relève qu'ils ont été générateurs de coûts importants, notamment pour la Ville de Paris et l’Etat, la Région Île-de-France s’étant tenue à l’enveloppe de 20 M€ qu’elle avait attribuée au projet.

En premier lieu, de nombreux facteurs ont été générateurs de surcoûts au regard des prévisions initiales du projet : l’enveloppe initiale proposée par l’architecte a dû être réévaluée en cours d’opération car elle avait initialement été alignée sur l’enveloppe fixée par le maître d’ouvrage ; de même, le marché de travaux a largement dépassé le montant prévu. L’enveloppe globale du projet a ainsi été portée de 276 à 336 M€. Enfin, la dérive des coûts et des délais a été significative, amplifiée par la prise de contrôle de la maîtrise d’ouvrage sur le chantier, intervenue en fin d’opération.

En second lieu, la ville a retenu un mode de financement de cette opération peu adapté, choisissant , pour sa part de financement, de faire souscrire un emprunt par l’association, et d’en assurer à la fois la garantie et le remboursement dans le temps. Problématique sur le plan de la transparence budgétaire, cette solution a par ailleurs entraîné un surcoût que la chambre estime entre 20 et 25 M€. Les conditions consenties à l’association n’ont pas été aussi intéressantes que celles dont la ville aurait pu bénéficier si elle n’avait pas fait porter par l’association un emprunt dont, en réalité, elle a dû, et devra jusqu’à son échéance, assurer la charge.

Enfin, la chambre a souhaité procéder à l’estimation finale du projet. 

Le montant de l’investissement a été en effet de près de 390,9 M€. A ce coût s’ajoute le montant des études afférentes au projet, soit 580 000 €, et les coûts supportés par l’association pour assumer sa mission de construction, pour 28,5 M€. Enfin, la chambre estime les frais financiers de l’opération à 70,6 M€ pour la ville, ce coût étant estimé dans les conditions de l’emprunt qu’a souscrit l’association, incluant les échéances à venir jusqu’en 2028. Pour l’Etat, ces frais sont évalués à 44,1 M€.

De cette estimation, il résulte que l’opération présente un coût global de 534,7 M€. Rapporté aux conditions économiques de 2006, ce montant « en valeur » est estimé à 446,9 M€, soit plus de deux fois et demie l’enveloppe initiale du projet.

La chambre constate, enfin, que la Philharmonie répond aujourd’hui à l’exigence initiale qui était d’en faire un bâtiment d’exception, tant pour son acoustique que pour son originalité architecturale. Elle note que la réussite des deux autres objectifs de la salle, celui du renouvellement du public et de la fréquentation, sera à apprécier après quelques années d’exploitation.

Voir le rapport