FINANCES ET COMPTES PUBLICS
ANALYSE DE L’EXÉCUTI
ON
BUDGÉTAIRE 2023
Mission « Crédits non répartis »
Avril 2024
SOMMAIRE
SYNTHÈSE
.............................................................................................................................................
5
RECOMMANDATION UNIQUE
........................................................................................................
7
INTRODUCTION
..................................................................................................................................
9
CHAPITRE I LA PROGRAMMATION INITIALE
......................................................................
11
I - LA PROGRAMMATION INITIALE DE LA DOTATION POUR MESURES GÉNÉRALES EN
MATIÈRE DE RÉMUNÉRATION (PROGRAMME 551)
..............................................................................
12
II - LA PROGRAMMATION INITIALE DE LA DOTATION POUR DÉPENSES
ACCIDENTELLES ET IMPRÉVISIBLES (PROGRAMME 552)
.................................................................
13
CHAPITRE II LA GESTION DES CRÉDITS ET SA RÉGULARITÉ
........................................
17
I - UNE RÉPARTITION DES CRÉDITS DU PROGRAMME 551 DANS LES LIMITES DE LA
PROVISION INITIALE (
80 M€)
.......................................................................................................................
18
II - UNE UTILISATION MODESTE ET EN PARTIE CONTESTABLE DES CRÉDITS DU
PROGRAMME 552
.............................................................................................................................................
19
CHAPITRE III PERSPECTIVES ASSOCIÉES À LA TRAJECTOIRE BUDGÉTAIRE
..........
23
I - LA MISSION
CRÉDITS NON RÉPARTIS
AU SEIN DE LA LOI DE FINANCES INITIALE
POUR L’ANNÉE 2024
........................................................................................................................................
23
II - LES PERSPECTIVES TRIENNALES
........................................................................................................
24
CHAPITRE IV
L’INCID
ENCE DES DÉPENSES BUDGÉTAIRES SUR
L’ENVIRONNEMENT
........................................................................................................................
25
ANNEXES
.............................................................................................................................................
27
Synthèse
Instituée sur le fondement de l’article 7 de la loi organique relative aux lois de finances
(Lolf), la mission
Crédits non répartis
compte deux dotations, chacune assimilée à un
programme pour des questions de nomenclature. Cependant, contrairement aux autres
programmes
du budget général de l’
État, ceux de la mission
Crédits non répartis
ne concourent
pas, par nature, à une politique publique définie.
La première dotation, correspondant au programme 551 -
Provision relative aux
rémunérations publiques
, permet de provisionner des crédits de personnels dits du « titre 2 »
dont la répartition par programmes ne peut être déterminée précisément au moment du vote de
la loi de finances initiale (LFI). La seconde dotation, correspondant au programme 552,
regroupe des crédits destinés à constituer une dotation pour dépenses accidentelles et
imprévisibles (DDAI).
L’inscription de crédits plus élevés en LFI sur cette mission à compter de 2018 a permis
d’éviter des schémas de fin de gestion serrés nécessitant de recourir à des décrets d’avance en
fin d’année, comme c’était régulièrement le cas auparavant. Cela
ne dispense pas la
programmation budgétaire de devoir être étayée par des hypothèses de dépense réalistes.
Ces deux dotations ne sont pas concernées par le volet performance de la Lolf ; elles sont
en revanche tenues de répondre à un impératif accru de régularité, conséquence des facilités de
mise à disposition des crédits qui y figurent
1
.
La mission a b
énéficié de 1,15 Md€ de crédits de paiement en LFI. Finalement, seuls
110,3
M€ ont été utilisés et répartis sur d’autres programmes budgétaires.
Sur le programme 551, des ouvertures moins importantes en 2023
Le recours à la provision relative aux rémunérations publiques est devenu plus fréquent :
le programme 551 a, en effet, bénéficié
d’une inscription de crédits
dans la LFI pour 2023 pour
la cinquième année consécutive, contre trois fois entre 2006 et 2018.
Toutefois, le total des crédits ouverts en 202
3 (80 M€ en LFI et 100 M€ en LFG) reste
bien moindre qu’en 2022 (423,7 M€ en LFI et 2 Md€ en LFR2 d’août 2022).
Sur le programme 551 -
Provision relative aux rémunérations publiques
, la répartition
des crédits au bénéfice d’autres programmes en titre 2 es
t restée contenue dans les limites de la
dotation initiale de 80 M€.
Les 77,3 M€ répartis par arrêtés de répartition en cours de gestion ont contribué à financer
l’impact du forfait de mobilités durables (FMD
) et de la réforme de la haute fonction publique,
ce qui était annoncé en projet de loi de finances pour 2023, mais également de la revalorisation
du point fonction publique intervenue en 2023, sans que la part relative de ces différentes
mesures ne soit établie.
1
Par décret pour les crédits de la dotation pour dépenses accidentelles ou imprévisibles, par arrêté du ministre
chargé des finances pour la dotation pour mesures générales en matière de rémunérations.
COUR DES COMPTES
6
Une ouverture complémentaire de 100 M€
en loi de finances de fin de gestion le
30
novembre 2023 n’a finalement pas été utilisée.
Sur le programme 552, une dotation sans précédent en LFI, finalement peu
utilisée
S’agissant de la DDAI,
son montant
fixé chaque année à 124 M€ depuis 2018
avait été
abondé en lois de finances rectificatives pour des montants importants en cours d’année 2020,
2021 et 2022 (respectivement 1,62
Md€, 1,5 Md€ et 1 Md€).
Toutefois, si les crédits avaient été en partie répartis et en partie annulés pour gager des
ouvertures en 2020,
les crédits n’
avaient pas du tout été utilisés en 2021
2
et très peu (17,9 M€)
en 2022.
En 2023, la LFI a doté ce programme de 1
374 M€ en AE et 1
074 en CP. En exécution,
l’utilisation est restée limitée à 33 M€.
À concurrence de 13 M€, ces crédits sont venus abonder
le programme 145
–
Épargne
pour financer
les primes versés par l’
É
tat au titre de l’épargne
logement, ce qui ne relève pas des dépenses accidentelles ou imprévisibles.
Le différentiel de 300 M€ entre les autorisations d’engagement et les crédits de paiemen
t,
en vigueur depuis 2012 même s’il n’a pas été utilisé depuis 2016,
est destiné à faire face à des
besoins imprévisibles d’engagements, notamment pour des prises à
bail dans le secteur privé,
en cas de nécessité impérieuse ou d’opportunité à saisir
.
Une mission dont l’emploi aisé des crédits impose la vigilance et une information
préalable plus complète des parlementaires
Après un emploi très ponctuel jusqu’en 2018,
la dotation pour mesures générales en
matière de rémunérations est chaque année sollicitée depuis 2019, conséquence de
l’instauration du
rendez-vous salarial annuel, rebaptisé « conférence sur les perspectives
salariales » en 2021, entre le ministre de la fonction publique et les organisations syndicales.
La dotation pour mesures générales avait bénéficié de montants inédits de crédits en 2021
et 2022 (respectivement 198,5
M€ et 423,7
M€), sans avoir pour corollaire un enrichissement
de la documentation budgétaire à destination du Parlement. Son utilisation doit rester conforme
à la Lolf, qui prévoit qu’elle finance des mesures salariales
« dont la répartition par programme
ne peut être déterminée avec précision au moment du vote des crédits ».
Même si les montants
votés en LFI pour 2023 (80
M€) rendent ponctuellement le sujet moins prégnant, la Cour
recommande, comme elle l’avait
fait dans sa note
d’analyse de l’exécution budgétaire 2021,
d’améliorer l’information apportée aux parlementai
res en la matière.
En ce qui concerne la DDAI (programme 552), les années 2020 et même 2021 avaient été
l’occasion de
constater sa pertinence dans le contexte de la crise sanitaire. Mais sa dotation en
loi de finances initiale doit retrouver des niveaux plus conventionnels, et son utilisation rester
strictement conforme à son objet
, ce qui n’a pas été complètement le cas en 2023 avec
l’attribution mentionnée précédemment de 13 M€ au programme 145
-
Épargne
.
2
En 2021
, le gouvernement ayant saturé sa capacité de recourir à des décrets d’avance par rapport au plafond
autorisé par la LOLF (1 % des crédits ouverts), il pouvait être justifié
d’abonder la DDAI par précaution.
Recommandation unique
1.
(Recommandation réitérée) : Préciser, en annexe du projet de loi de finances, les objectifs
et les enjeux budgétaires des mesures de rémunération
susceptibles d’être financées par le
programme 551 (
direction du budget
).
Introduction
Instituée sur le fondement de l’article 7 de la L
olf, la mission
Crédits non répartis
compte
deux dotations, chacune assimilée à un programme pour des questions de nomenclature.
Cependant, contrairement aux autres programmes
du budget général de l’
État, ceux-ci ne
concourent pas, par nature, à une politique publique définie, et ne sont pas astreints aux
impératifs habituels d’objectifs, d’évaluation et de performance.
La dotation pour mesures générales en matière de rémunération, dont la répartition par
programme ne peut être déterminée avec précision au moment du vote de la LFI, constitue le
programme 551 -
Provision relative aux rémunérations publiques
. Elle est dotée exclusivement
de crédits couvrant des dépenses de personnel dites « du titre 2 ».
La dotation pour dépenses accidentelles, destinée à faire face à des calamités, et pour
dépenses imprévisibles (DDAI), constitue le programme 552 -
Dépenses accidentelles et
imprévisibles
. Cette dotation est l’un des principaux outils prévus par la L
olf pour faire face à
des aléas imprévisibles de gestion.
Aux termes de
l’article 11 de la L
olf, les crédits ouverts sur ces dotations sont répartis en
cours de gestion, en tant que de besoin, par voie réglementaire : arrêté du ministre chargé des
finances, s’agissant des crédits du programme 551
; décret du Premier ministre sur le rapport
du ministre chargé des finances pour ceux du programme 552, annulant et ouvrant à due
concurrence les crédits sur les programmes concernés.
Simple et rapide, sans plafond autre que les crédits ouverts au sein des programmes de la
mission, cette procédure sans consultation ni avis
3
est également une exception aux règles
générales de contrôle et de limitation posées par la Lolf, dans ses articles 12 (virements et
transferts) et 13 (décrets d’avance).
Crédits non répartis
Programme
551
–
Provision relative aux rémunérations publiques
.
Programme
552
–
Dépenses accidentelles et imprévisibles
.
3
La loi organique du 28 décembre 2021 relative à la modernisation de la gestion des finances publiques a
cependant introduit une obligation d’information des commissions des finances du Parlement, au moins trois jours
ava
nt la publication du décret de répartition, en cas d’utilisation de cette dotation pour les dépenses accidentelles
et imprévisibles (programme 552) au-
delà d’un montant de 100
M€.
COUR DES COMPTES
10
Graphique n° 1 :
mission Crédits non répartis - exécution 2023
(CP, en M€)
Source : Cour des comptes
Chapitre I
La programmation initiale
Avec 1 454
M€ en AE et
1 154
M€ en CP en
LFI, le montant des crédits de la mission
pour l’année 202
3 a crû de manière importante par rapport à la LFI 2022 (+ 71,5 % en AE et
+ 110,7 % en CP) du fait de la forte hausse de la dotation du programme 552 (+ 950
M€ en AE
et en CP, soit +224,1 % en AE et + 766,1 % en CP).
Tableau n° 1 :
mission Crédits non répartis
–
LFI 2022 et 2023
Source : Cour des comptes
En conséquence, les montants ouverts en LFI pour 2023 ont atteint des niveaux inédits
comme le montre le graphique ci-après.
En M€
PLF 2022
LFI 2022
PLF 2023
LFI 2023
Variation
LFI 2023/2022
Prog. 551
AE
323,7
423,7
80,0
80,0
-81,1 %
CP
323,7
423,7
80,0
80,0
-81,1 %
Prog. 552
AE
424
424
2 074,0
1 374,0
+ 224,1 %
CP
124
124
1 774,0
1 074,0
+ 766,1 %
Total
mission
AE
747,7
847,7
2 154,0
1 454,0
+71,5 %
CP
447,7
547,7
1 854,0
1 154,0
+110,7 %
COUR DES COMPTES
12
Graphique n° 2 :
mission Crédits non répartis
–
crédits votés en LFI 2010 - 2023
(M€)
Source : Cour des comptes
I -
La programmation initiale de la dotation pour mesures
générales en matière de rémunération (programme 551)
La mise à disposition de crédits pour mesures générales en matière de rémunération en
LFI est plus fréquente. C
ette pratique est systématique depuis 2019 en lien avec l’instauration
du « rendez-vous salarial de la fonction publique », rebaptisé « conférence sur les perspectives
salariales »
en 2021, qui se tient au cours de l’été, alors que la procédure d’élaboration du budget
pour l’exercice suivant est déjà dans sa phase de finalisation.
En pratique, la date de la tenue de ce rendez-vous annuel empêche les ministères
concernés de prendre en compte le coût budgétaire des mesures décidées, à supposer qu’ils
soient à même de le calculer, dans leur projet de budget.
De ce fait, l’inscription de crédits plus élevés en LFI sur ce pr
ogramme à compter de 2019
a permis d’éviter des schémas de fin de gestion serrés nécessitant de recourir à des décrets
d’avance, comme c’était le cas auparavant.
À cet égard, le montant des crédits de la provision
relative aux rémunérations avait atteint un niveau inédit en 2022 (423,7
M€ en AE
et en CP),
comme le montre le graphique ci-après.
Il est revenu à un niveau moindre en 2023 (80 M€).
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
AE
CP
LA PROGRAMMATION INITIALE
13
13
Graphique n° 3 :
crédits ouverts en LFI sur la dotation pour mesures générales en
matière de rémunération, 2006 - 2023 (
M€)
Source : Cour des comptes
Selon le projet annuel de performance annexé au PLF 2023 pour le programme 551, la
provision de 80M€ était destiné à financer deux mesures
:
-
L’évolution du «
forfait mobilités durables
» (FMD) annoncée à l’occasion de la conférence
s
alariale du 28 juin 2022. L’estimation des crédits s’avérait difficile, car le nouveau
dispositif qui permet de cumuler le FMD et l’indemnité liée aux frais de transport en
commun était susceptible d’augmenter substantiellement le nombre de bénéficiaires,
sachant qu’à fin août 2022 les versements s’élevaient à 15,52 M€ pour un total de près de
76 000 ETPT ;
-
Des mesures relatives à la réforme de la haute fonction publique, qui touche environ 5 600
ETPT. Ayant vocation à devenir le corps socle de
l’encadrement supérieur de l’
État, le
corps
des
administrateurs
de
l’
État
(AE)
comprend
depuis
sa
création
au
1
er
janvier 2022 les corps des administrateurs civils et des conseillers économiques, les
autres corps devant être intégrés au 1
er
janvier 2023.
Cette seconde vague d’intégration
devait conduire à une évolution des régimes indiciaires et indemnitaires actuels, selon des
modalités qui n’étaient pas encore définitivement fixées
.
Les hypothèses conduisant à une dotation provisionnelle de 80
M€ n’étaie
nt pas
explicitées.
II -
La programmation initiale de la dotation pour dépenses
accidentelles et imprévisibles (programme 552)
Le rapport de la Cour
sur le budget de l’État (RBDE) en 2017 avait souligné la baisse,
depuis sa mise en place par la LOLF en 2006, de
l’utilité de la DDAI,
du fait
de l’importance
grandissante des dispositifs d
’auto
-assurance et de mise en réserve sur chacune des missions du
budget général. En 2018, année de la réduction du taux de mise en réserve de 8 % à 3 %, la
dotation avait été majorée par rapport à ses niveaux précédents de 100
M€, atteignant 424
M€
en AE et 124
M€ en CP.
150 150
11
53
16
199
424
80
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
AE=CP
COUR DES COMPTES
14
Ce niveau conventionnel a depuis été maintenu en LFI, y compris en 2022, malgré un
accroissement des crédits en cours de gestion en 2020, 2021 et 2022, en lien avec la crise
sanitaire.
La dotation inscrite au PLF 2023 pour « les dépenses accidentelles et imprévisibles »
étaient en très forte progression
, avec 2 074 M€ en AE et 1
774 M€ en CP, un niveau sans
précédent en PLF, alors même que la crise sanitaire
s’estompait
. Le projet annuel de
performance ne comportait pourtant aucune justification de ce niveau élevé de dotation au stade
du PLF,
à l’exception de la justification de la différence de 300 M€ entre AE et CP
(voir ci-
dessous).
Ces montants ont été contestés par la commission des finances du Sénat, qui a adopté un
amendement pour les réduire de 1 Md€ en AE et CP. Finalement, la réduction retenue lors du
vote définitif du PLF aura été de 700 M€ en AE et CP, conduisant à une dotation en LFI 2023
de 1 374
M€ en AE et 1
074 M€ en CP, un niveau qui reste
néanmoins sans précédent en LFI.
Il est observé également, a posteriori, que le taux de mise en réserve sur le budget général
a été porté à 5 % en début d’année, complété par 1 % supplémentaire en mai 2023,
soit un retour
à des niveaux de gel global qui justifient moins une dotation aussi conséquente de la dotation
pour dépenses accidentelles et imprévisibles.
Graphique n° 4 :
crédits ouverts en LFI sur la dotation pour dépenses accidentelles et
imprévisibles, 2006
–
2023
(M€)
Source : Cour des comptes
Depuis 2012, la différence de 300
M€ entre les AE et les CP constitue une provision
spécifique destinée à
faire face à des besoins d’engagements imprévisibles. Selon le projet
annuel de performance, cette provision peut, p
ar exemple, être mobilisée lors d’éventuelles
prises à bail privées impromptues des administrations centrales ou déconcentrées. De telles
situations peuvent résulter de décisions urgentes de relocalisation de certaines administrations,
par contrainte ou pour saisir une opportunité. La signature du bail nécessite alors des AE
couvrant la totalité de sa durée généralement six ou neuf ans mais parfois plus, jusque 25 ans.
Son montant fait écho aux 256
M€ ouverts en urgence en AE en juin 2011, pour une prise à
bail
soudaine au profit du ministère de l’intérieur. Cette provision spécifique n’
a été utilisée que
trois fois, sur la période entre 2012 et 2016.
463
76
75
57
73
34
333
334
335
314
324
324
424
424
424
424
424
1 374
111
76
75
57
59
34
33
34
35
14
24
24
124
124
124
124
124
1 074
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
1 600
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
AE
CP
LA PROGRAMMATION INITIALE
15
15
Graphique n° 5 :
crédits destinés aux prises à bail 2011
–
2023
(AE, en M€)
Source : Cour des comptes
En 2016 puis en 2017, la Cour avait recommandé de réduire le niveau des AE pour les
prises à bail à un montant proche du maximum exécuté au cours des cinq derniers exercices,
afin de responsabiliser les gestionnaires dans leur programmation immobilière. La direction du
budget a toujours souhaité garder, sur ce point, une marge prudentielle à hauteur de la dépense
imprévue de 2011, le schéma retenu n
’affect
ant
pas l’équilibre financier global du budget de
l’État
en CP. En 2018, la Cour a pris acte de la position de la direction du budget, tout en
soulignant que les AE non consommées de la DDAI devaient
continuer à faire l’objet d’une
annulation sans report
4
en loi de règlement, comme cela a été
le cas jusqu’à présent, et qu’elle
resterait attentive à la réalité du caractère imprévisible des prises à bail qui feraient appel aux
crédits de la DDAI. Cette position demeure, depuis lors, inchangée.
4
Les dotations dérogent aux modalités de gestion ordinaires prévues pour les programmes et les crédits ne peuvent
faire l’objet de reports.
300
256
109
72
80
0
50
100
150
200
250
300
350
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
AE votées en LFI
AE réparties en exécution
Chapitre II
La gestion des crédits et sa régularité
L’exécution des crédits de la mission est prése
ntée, pour les AE et les CP, dans les deux
graphiques ci-après.
Graphique n° 6 :
exécution des crédits de la mission
en
2023 (AE, M€)
Source : Cour des comptes
Graphique n° 7 :
exécution des crédits de la mission en 2023
(CP, M€)
Source : Cour des comptes
COUR DES COMPTES
18
I -
Une répartition des crédits du programme 551 dans les
limites de la provision initiale (80 M€)
La LFR du 16 août 2022 avait abondé le montant des crédits du programme 551 à hauteur
de 2
Md€ pour procéder au financement de la revalorisation, annoncée le 28
juin 2022, de
3,5 % de la
valeur du point d’indice de la fonction publique, portant le total des crédits
disponibles à 2,42
Md€.
Finalement, plus de 1,4 Md€ de crédits
avaient été répartis en 2022 et
plus d’un milliard d’euros de crédits restaient disponibles en fin de gestion.
En exécution 2023, le montant des crédits répartis est resté beaucoup plus modeste et
s’est
élevé à 77,3 M
€, dans les limites de la dotation initiale (80 M€),
avec un premier arrêté de
répartition du 20 octobre 2023 pour un montant de 7 215
344 €, et un seco
nd du 6 décembre
2023 pour un montant de 70 129
248 €.
Ces deux répartitions, en octobre et décembre 2023, avaient pour objet de financer la
revalorisation du forfait mobilités durables (FMD) et la réforme de la haute fonction publique,
comme prévu dès le
PLF 2023, mais également la revalorisation du point d’indice intervenue à
l’été 2023, après prise en compte des capacités d’autofinancement des ministères.
La loi de finances de fin de gestion 2023 du 30 novembre 2023 a ouvert 100 M€ en AE
et CP sur le
programme 551, compte tenu des incertitudes sur les capacités d’autofinancement
des ministères dues notamment au degré d’adhésion au Pacte enseignant. Ce montant prudentiel
n’a pas été mobilisé.
Le solde non réparti des crédits du programme 551 s’est donc
élevé à près de 102,7 M€
en fin de gestion 2023.
Graphique n° 8 :
é
volution des crédits du programme 551 pour l’année 202
3
(CP, M€)
Source : Cour des comptes
Après un emploi très ponctuel
jusqu’en 201
8, le programme 551 a été systématiquement
sollicité depuis 2019, principalement pour le financement des décisions prises lors des rendez-
vous salariaux annuels.
LA GESTION DES CRÉDITS ET SA RÉGULARITÉ
19
19
Contrairement à la pratique de la décennie précédente, il est désormais fait un recours
régulier au programme 551, pour des montants élevés dès les lois de finances initiales : près de
200
M€ en 2021, plus de 400
M€ en 2022, 80
M€ en 2023, près de 286 M€ en 2024
.
Son utilisation doit rester conforme à la Lolf, qui prévoit que cette provision relative aux
rémunérations publiques finance des mesures salariales «
dont la répartition par programme
ne peut être déterminée avec précision au moment du vote des crédits
5
».
Comme l’année précédente, la Cour recommande à nouveau en 2023 d’améliorer
l’information parlementaire sur ce que recouvre cette dotation dans les él
éments figurant à
l’annexe du PLF pour le programme 551 de la mission
Crédits non répartis
. Les
développements légèrement plus étayés figurant dans l’annexe au PLF pour 2023 demeurent
encore insuffisants. Il importe, en particulier, d’y faire figurer la li
ste exhaustive des mesures
salariales connues au moment de la préparation des documents budgétaires
–
dont celles
annoncées lors des rendez-vous salariaux annuels
–
en décrivant précisément ces mesures, les
objectifs poursuivis et surtout en estimant, pour
chacune d’entre elles, leur ordre de grandeur
budgétaire.
II -
Une utilisation modeste et en partie contestable des crédits
du programme 552
Bien que le programme ait été doté à un niveau jamais atteint en LFI de 1
374 M€ en AE
et 1
074 M€ en CP, l’utilisat
ion des crédits est restée limitée à
33 M€
, suite deux décrets :
-
un décret du 6 juillet 2023 (non publié) pour abonder le programme 129 « coordination du
travail gouvernemental » de la mission «
Direction de l’action du Gouvernement
» à
concurrence de 20 M
€ (en AE et CP), au titre des fonds spéciaux
6
;
-
u
n décret du 9 octobre 2023 pour abonder de 13 M€ (en AE et CP
) le programme 145
-
Épargne
de la mission
Engagements financiers de l’État
.
Ce programme 145 -
Épargne
retrace essentiellement les dépenses
d’intervention que
sont le versement des primes de l’
État auxquelles ont droit, dans certaines conditions, les
titulaires de plans d’épargne logement (PEL) ou de comptes d’épargne logement (CEL)
ouverts
avant le 1
er
janvier 2018. Pour les CEL, cette prime, octroyée si le prêt accessible avec le CEL
est utilisé, correspond à 50 % des intérêts acquis, dans la limite de 1 144
€. Pour les PEL le
montant et les conditions d’octroi de la prime varient selon la date d’ouverture du PEL. Elle est
toutefois plafonnée à 1 525
€.
Le mandat de
gestion des primes versées pour le compte de l’
État est confié, depuis 2021,
à la Société de gestion des financements et la g
arantie de l’
accession sociale à la propriété
(SGFGAS). La Caisse des dépôts lui communique
les flux d’inf
ormation en entrées et en sorties
du système d’échange.
La LFI n’avait ouvert
à
que 59,2 M€
sur le programme 145 avant que celui-ci ne bénéficie
de
13 M€ complémentaires
issus de la DDAI par décret du 9 octobre 2023. Ceux-ci ont été
5
Cf. l’
article 7-I-2° de la loi organique relative aux lois de finances.
6
Les crédits votés en LFI pour 2023 dédiés aux fonds spéciaux s’élèvent à 76 M€ sur le programme 129
« Coordination du travail gouvernemental » de la mission «
Direction de l’action du gouvernement
», niveau
identique à celui de 2022.
COUR DES COMPTES
20
utilisés puisque le programme 145 a été exécuté à hauteur de 72,81
M€ en CP, soit une
exécution proche des crédits ouverts, de 73,39
M€ pour l’exercice
7
.
Cet abondement exceptionnel
est intervenu suite à l’accélération du flux d’épargnants
décidant de clôturer leurs plans d’é
pargne logement (PEL) ou de mobiliser leur compte
d’épargne
-
logement (CEL), afin de sécuriser le versement des primes d’épargne logement dues
par l’État lors de ces opérations (clôture de PEL ou mobilisation d’un CEL).
Selon les termes
du décret, la mise à disposition des crédits était prévue dès le 13 octobre 2023 afin de garantir
le paiement des primes aux établissements de crédit.
Si le comportement des épargnants a pu être influencé par l’évolution à la hausse des taux
de marché, plus attractifs que ceux servis sur leurs instruments d’épargne, il est difficile de
considérer que cette dépense avait un caractère imprévisible ou accidentel. À cet égard, le
recours à la dotation pour dépenses accidentelles ou imprévisibles relèverait plutôt d’un manque
d’anticipation dans le suivi de l’exécution budgétaire.
Des annulations sont intervenues en cours d’exercice, tout d’abord pour un monta
nt de
700 M€ en AE et CP par décret d’annulation du 18 septembre 2023, puis en loi de finances de
fin de gestion du 30 novembre 2023 pour un montant de 350 M€ en AE et 200 M€ en CP.
Au total, les crédits disponibles en fin de gestion sur le programme 552, à annuler en loi
de règlement, s’élèvent à 291 M€ en AE et 141 M€ en CP.
Graphique n° 9 :
é
volution des crédits du programme 552 pour l’année 202
3
(CP, M€)
Source : Cour des comptes
C
ette dotation était dotée chaque année depuis 2018 de 124 M€ en crédits de paiement.
L’année 2020 avait été l’occasion pour la DDAI de réaffirmer sa pertinence, comme l’a
souligné la Cour des comptes. Disposant de l’ouverture de 1,62 Md€ en LFR d’avril 2020, la
DDAI avait alors permis de couvrir divers besoins de financement pour faire face aux
conséquences de la crise sanitaire, dans l’attente de l’adoption des LFR successives.
Pour 2021,
les crédits de la DDAI ont été à nouveau abondés en LFR de juillet 2021, à concurrence de
1,5
Md€.
L’exercice 2022 a conforté ce schéma
: la dotation a de nouveau été maintenue en LFI
au niveau des années précédentes (124 M€ en CP), une hausse de 1
Md€ étant votée en LFR1
pour faire face aux incertitudes sanitaire, économique et géopolitique pesant sur la gestion 2022.
En définitive, la seule utilisation a
ura été un abondement des fonds spéciaux de 17,6 M€.
7
Voir Analyse de l’exécution budgétaire 2023 de la mission «
Engagements financiers de l’
État » par la Cour des
comptes.
LA GESTION DES CRÉDITS ET SA RÉGULARITÉ
21
21
En 2023, le niveau sans précédent auquel a été porté la dotation en LFI (1
374 M€ en AE
et 1074 M€ en CP) contraste avec le faible niveau d’utilisation des crédits (33 M€)
, de surcroît
à travers une uti
lisation contestable au profit de l’épargne logement
à hauteur de 13
M€
. Ce
constat i
nvite à revenir à des niveaux plus conventionnels, d’autant que le taux des crédits mis
en réserve a recommencé à augmenter depuis 2023.
_______________________ RECOMMANDATION UNIQUE _______________________
La Cour réitère la recommandation suivante :
Préciser, en annexe du projet de loi de finances, les objectifs et les enjeux budgétaires des
mesures de rémunération susceptibles d’être financées par le programme 551 (d
irection du
budget).
Chapitre III
Perspectives associées à la trajectoire budgétaire
I -
La mission
Crédits non répartis
au sein de la loi de finances
initiale pour l’année 202
4
La mission
Crédits non répartis
est dotée en LFI
8
pour l’année 202
4 de 810,5 M
€ en AE
et 510,5 M
€
en CP, conformément aux montants prévus au PLF 2024.
Tableau n° 2 :
mission crédits non répartis en LFI 2024
LFI 2024 (en €)
AE
CP
Mission Crédits non répartis
810 526 298
510 526 298
Provision relative aux rémunérations publiques
285 526 298
285 526 298
Dépenses accidentelles et imprévisibles
525 000 000
225 000 000
Source : LFI 2024
La provision relative aux rémunérations publiques (programme 551) s’élève à près de
286
M€. Elle a notamment pour objet de financer les évolutions statutaires de la couverture
« Prévoyance » des agents publ
ics de l’État, dans le cadre du chantier de la protection sociale
complémentaire (PSC) des agents publics., des mesures catégorielles interministérielles liées à
l’attractivité de certains métiers en tension et à la réforme de la haute fonction publique, l
e
renforcement des plateformes régionales d’appui interministériel à la gestion des ressources
humaines (45 ETP), le recrutement d’expert de haut niveau au profit du ministère de l’Intérieur
et des outre-mer (77 ETP).
La dotation pour dépenses accidentelle
s et imprévisibles n’est justifiée que par référence
aux aléas susceptibles d’intervenir en 2024, sans plus de justifications.
Avec 225 M€ en CP,
elle est sans commune mesure avec celle mise en place par la LFI 2023 mais reste supérieure à
la référence qui
prévalait jusqu’en 2022 (124 M€).
Le projet annuel de performance précise
néanmoins que, «
compte tenu d’une diminution des aléas sanitaires
», la mission CNR
«
retrouve une trajectoire conventionnelle pour la période 2024-2026
».
8
Loi du 29 décembre 2023 de finances pour 2023.
COUR DES COMPTES
24
II -
Les perspectives triennales
Compte tenu de la nature singulière de la mission
Crédits non répartis
, les prévisions
d’AE et de CP figurant au PLF 202
4 pour les exercices 2025 et 2026 ne reposent pas sur des
sous-jacents établis sur les mêmes bases que ceux des autres missions du budget général.
S’agissant du programme 551, une provision de 50 M€ est prévues pour les années
les
2025 et 2026.
Pour le programme 552, une dotation de 100
M€ est prévue en CP et de 4
0
0 M€ en AE,
avec le maintien d’un différentiel de 300 M€.
Au total, les crédits de la mission sont ainsi prévus à hauteur de 150 M€ en CP et de
450
M€ en AE pour les années 2025 et 2026.
Chapitre IV
L
’incidence
des dépenses budgétaires sur
l’environnement
Au sein du premier «
Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État
9
», publié
avec le PLF 2021, 17 missions, dont la mission
Crédits non répartis
avaient été exclues de
l’a
nalyse, essentiellement pour des raisons méthodologiques, ce faisant leur impact sur
l’environnement était considéré conventionnellement comme neutre
10
.
L’annexe publiée avec
le PLF 2023
, réitère cette classification d’impact environnemental «
neutre » pour une
quinzaine de missions, dont celle au titre des
Crédits non répartis
.
Ce choix s’explique
:
-
Pour le programme 551, par la convention méthodologique, retenue par le Gouvernement,
à la suite des préconisations de la mission d’inspection IGF
-CGEDD
11
, de neutraliser les
dépenses de masse salariale
12
dans la cotation environnementale du budget de l’État
;
-
Pour le programme 552, par le caractère par nature indéterminé, dans leur montant et leur
destination, des crédits ouverts et éventuellement répartis en cours d’exercice
.
Cette convention méthodologique, excluant par nature les crédits de masse salariale, ne
semble pas totalement adaptée à l’objectif d’analyse de l’impact environnemental des dépenses
de l’État. Le programme 551 prévoyait,
aux PLF 2021, 2022 et 2023, une mesure relative au
« forfait mobilités durables », ayant un objectif environnemental principal.
Si la mission IGF-
CGEDD a indiqué que les dépenses n’ayant qu’un effet revenu
(transferts sociaux, masse salariale) devaient avoir «
un impact présumé neutre sur
l’environneme
nt
13
», elle a cependant précisé que des exceptions étaient possibles. En
l’occurrence, le «
forfait mobilités durables »
est susceptible d’influencer le comportement et
de modifier l’empreinte environnementale d’un nombre significatif d’agents publics, au
même
titre que d’autres dispositifs incitatifs, classés favorables à l’environnement dans le «
jaune »
environnemental 2021, telles que les aides à l’acquisition de véhicules propres
14
.
9
Prévu par
l’article 179 de la loi
n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020.
10
Cf. p. 74 et suivantes du « jaune » environnemental 2021.
11
IGF
–
CGEDD, rapport
Green Budgeting : proposition de méthode pour une budgétisation environnementale
,
25 septembre 2019.
12
À l’exception de la masse salariale des services et des autorités administratives ayant explicitement un objectif
environnemental.
13
Cf. p. 21 du rapport IGF
–
CGEDD précité.
14
Cf. p. 11 et 15 du « jaune » environnemental 2021.
COUR DES COMPTES
26
Pour ce qui concerne le programme 551, l
e nouvel impératif d’analyse de l’impact
environnemental des dépenses de l’État invite à mieux identifier et à estimer
ex-ante
, dans la
mesure du possible, les mesures générales annoncées qui en relèvent.
COUR DES COMPTES
28
Annexe n° 1 :
suivi des recommandations formulées au titre de
l’exécution budgétaire 2021
N°
Recommandation
formulée au sein de
la note d’exécution
budgétaire 2021
Réponse de l’administration
Analyse de la Cour
Appréciation
par la Cour
du degré de
mise en
œuvre*
1
Préciser, en annexe
du projet de loi de
finances, les objectifs
et les enjeux
budgétaires des
mesures de
rémunération
susceptibles d’être
financées par le
programme 551
(recommandation
nouvelle).
Ces éléments font l'objet d'une
présentation dans le cadre de la JPE du
P551.
Malgré une amélioration
dans le descriptif des
mesures dans l’annexe au
PLF pour 2023, les éléments
contenus dans le projet
annuel de performance du
programme 551 restent
succincts, en deçà des
attentes formulées par la
Cour dans sa
recommandation.
Mise en
œuvre
partielle
*
Totalement mise en œuvre, mise en œuvre incomplète, mise en œuvre en cours, non mise en œuvre, refus, devenue sans objet