25 rue Paul Bellamy
–
BP 14119
–
44041 NANTES cedex 01
www.ccomptes.fr
RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES
SYNDICAT MIXTE SARTHE
NUMÉRIQUE
(Sarthe)
Exercices 2018 et suivants
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
2
TABLE DES MATIÈRES
SYNTHÈSE
......................................................................................................................
4
RECOMMANDATIONS
................................................................................................
7
INTRODUCTION
...........................................................................................................
8
La procédure de contrôle de la chambre
..................................................................
8
Le syndicat mixte Sarthe numérique
........................................................................
8
1
LA QUALITE DU SERVIC
E RENDU A L’USAGER F
INAL
............................
10
1.1
Une couverture quasi-
intégrale sur le réseau d’initiative publique mai
s
une incertitude sur les réseaux d’initiative privée
............................................
12
1.1.1
Une couverture quasi-
intégrale sur le réseau d’initiative publique
de Sarthe numérique
................................................................................
13
1.1.2
Une couverture incertaine par les réseaux d’initiative privé
...................
15
1.2
Un nombre d’usagers finals qui va croissant mais une qualité de service
dégradée par les difficultés de raccordement effectif rencontrées par
certains
..............................................................................................................
15
1.2.1
Un nombre d’usagers qui va croissant
....................................................
15
1.2.2
Les difficultés de raccordement effectif rencontrées par certains
usagers finals en raison du non-respect de leurs obligations par les
opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen)
.........................
17
2
LA STRATEGIE NUMERIQUE ET LES ENJEUX A RELEVER
......................
19
2.1
Les usages et services numériques
...................................................................
19
2.2
L’impact environnemental, notamment l’empreinte carbone, du
numérique
.........................................................................................................
20
2.3
La résilience des réseaux dans le contexte du changement climatique
............
22
3
L’ORGANISATION DU SE
RVICE
.....................................................................
24
3.1
L’atteinte d’une taille critique malgré l’absence de mutualisation
régionale
...........................................................................................................
24
3.2
Des choix de gestion déléguée qui se sont révélés pertinents
..........................
24
3.3
Le projet de
data center
ou centre de données
.................................................
26
4
LA PASSATION DU CONTRAT DE DELEGATION DE SERVICE
PUBLIC
..................................................................................................................
28
4.1
La procédure de remise des candidatures et offres
...........................................
28
4.2
L’analyse et la négociation des offres
..............................................................
28
5
LE SUIVI DE LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC
.................................
29
5.1
L’environnement de suivi et de contrôle
..........................................................
29
5.1.1
La gouvernance de Sarthe numérique
.....................................................
29
5.1.2
La gouvernance spécifique à la délégation de service public
.................
30
5.1.3
L’organisation des services
.....................................................................
30
5.1.4
Les délégations de pouvoir et de signature
.............................................
31
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
3
5.2
Le dispositif de suivi et de contrôle
..................................................................
32
5.3
L’information et la communication
..................................................................
33
5.3.1
Le rapport annuel du délégataire et les autres documents prévus
contractuellement
....................................................................................
33
5.3.2
Des systèmes d’informa
tion mis à disposition par le délégataire au
service du suivi de la concession
.............................................................
34
5.3.3
Un espace réservé aux élus sur le site internet à mettre en place
pour un meilleur suivi de l’état du réseau
...............................................
35
6
L’EQUILIBRE ECONOMIQ
UE DE LA SECONDE DSP
...................................
36
6.1
Les produits du service délégué
.......................................................................
36
6.2
Les charges du service délégué
........................................................................
37
6.3
L’équilibre global du contrat et son évolution
.................................................
38
7
LA FIABILITE DES COMPTES
..........................................................................
40
7.1
Le suivi patrimonial
..........................................................................................
40
7.1.1
La mise en cohérence nécessaire des inventaires physique et
comptable établis par le délégataire
........................................................
40
7.1.2
L’inventaire uniquemen
t comptable des immobilisations de Sarthe
numérique
................................................................................................
41
7.2
Des subventions d’investissement non amorties jusqu’en 2022
......................
41
7.3
D’autres écritures comptables n’appelant pas d’observation
...........................
42
7.4
Des prévisions budgétaires à fiabiliser en dépenses d’exploitation
.................
42
8
LA SITUATION FINANCIERE
...........................................................................
43
8.1
Le budget principal
...........................................................................................
43
8.2
Le budget annexe « réseau »
............................................................................
43
8.3
La prospective
..................................................................................................
44
8.3.1
Le coût et le financement du déploiement du réseau
..............................
44
8.3.2
La prospective jusqu’à la fin du contrat de délégation de service
public (DSP)
............................................................................................
44
ANNEXES
......................................................................................................................
46
Annexe n° 1. Glossaire
...........................................................................................
47
Annexe
n° 2. Le réseau d’initiative publique de Sarthe numérique
.......................
48
Annexe n° 3. La gouvernance de Sarthe numérique
..............................................
50
Annexe n° 4. L’équilibre économique de la seconde DSP
....................................
52
Annexe n° 5. La fiabilité des comptes
...................................................................
54
Annexe n° 6. La situation financière
......................................................................
55
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
4
SYNTHÈSE
La chambre régionale des comptes Pays de la Loire a contrôlé les comptes et la gestion
de Sarthe numérique à compter de l’exercice 2018.
Sarthe numérique est un syndicat mixte qui exerce les compétences des établissements
publics de coopération intercommunale (EPCI) de la Sarthe, fédérés par le Département, en
matière de communications électroniques.
Un objectif de couverture intégrale par la fibre optique sur le réseau
d’initiative publique (RIP) quasiment atteint
Sarthe numérique a quasiment atteint l’objectif qui lui était assigné, dans le schéma
directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN) de la Sarthe, d’une couverture
intégrale en très haut débit, par la technologie performante de la fibre optique, des zones
relevant de sa responsabilité. Le bilan du déploiement est notable aux niveaux national et
régional. Le syndicat a recherché un équilibre dans l’aménagement du territoire en
priorisant
les zones ne disposant pas d’un accès ADSL satisfaisant et donc les zones les plus rurales.
Les infrastructures construites par Sarthe numérique répondent à un besoin de la
population qui les utilise de manière croissante. Fin 2022, 90 836 logements, sur
208 834 raccordables, sont effectivement raccordés au réseau de fibre optique.
Néanmoins, en Sarthe comme ailleurs en France, on constate une dégradation de la
qualité du service rendu à l’usager final en raison du non
-respect de leurs obligations par les
opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen), en lien avec les conditions du marché
(dynamisme de la demande, recours à la sous-traitance sans contrôle, concurrence tarifaire).
Une stratégie à actualiser au vu des enjeux à relever
L’atteinte de l’objectif fixé implique désormais d’actualiser la stratégie du SDTAN de
la Sarthe, qui date de 2013, au vu des enjeux à relever.
Sarthe numérique s’est engagé à mettre
en place une organisation à cette fin à partir de 2023.
Le syndicat, à qui les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI)
sarthois ont confié la mission de développer les usages qui peuvent être faits des infrastructures
construites, devrait activement participer à la démarche conduite par le Département de la
Sarthe en vue de préciser une stratégie en la matière.
Cette nouvelle mission devrait également permettre au syndicat d’adresser le sujet de
l’impact environnemental du numérique dans son ensemble en prenant en compte
l’interdépendance créée par les usages ent
re terminaux, réseaux et centres de données.
Si certains choix opérés par le syndicat vont dans le sens d’une limitation de cet impact
et que le réseau fixe de fibre optique déployé peut être un acteur de la transition écologique, le
délégataire n’a transmis aucun bilan carbone lié à la construction et l’exploitation du réseau et
les engagements qui lui sont fixés en matière environnementale sont imprécis.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
5
Par ailleurs, l’enjeu de la maintenance et de la résilience des réseaux, en particulier dans
le conte
xte du changement climatique qui fragilise ces derniers en même temps qu’il les rend
indispensables, ne pourra être relevé sans la prise en compte de la dimension stratégique du
sujet, impliquant des financements au-delà de la maintenance « courante ».
La
nécessité d’un plan pluriannuel d’investissement (PPI)
Ce constat doit être relié à la situation financière prospective du syndicat. En effet, après
2025, les redevances versées à Sarthe numérique par son délégataire Sartel THD pour
l’exploitation de son réseau continueront de s’élever à plus de 6 M€ par an, soit 206,5
M€ sur
l’ensemble de la période 2016
-
2048. Sarthe numérique doit donc s’interroger, dans un plan
pluriannuel d’investissement (PPI), sur les investissements qu’il projette de financer, sans q
uoi
son fonds de roulement pourrait atteindre 100 M€ en 2048.
La situation financière actuelle est satisfaisante. La capacité de désendettement de
4,5 ans du budget annexe « réseau
», le plus important, s’explique en particulier par le retard
dans la perc
eption de subventions d’investissement.
Des modalités de gestion du service qui ont su évoluer
Les modalités de gestion du service (marché de travaux puis contrat de délégation de
service public) se sont révélées pertinentes pour atteindre l’objectif fixé
.
Sarthe numérique a su les faire évoluer pour faire supporter le financement de la
deuxième phase de construction du réseau et le risque lié à son exploitation, en particulier sa
commercialisation, à un investisseur privé dès que les opérateurs économiques ont été prêts à
entrer sur le secteur des réseaux d’initiative publique (RIP).
Les financements publics de la construction de la première phase du réseau auront
représenté 134
M€ sur un total, pour l’ensemble du réseau, de 380
M€.
Au vu du risque d’exploitation pris, des capitaux investis et du secteur d’activité, le taux
de rendement interne (TRI) du délégataire de 8,33
% n’apparaît pas anormal. Son suivi devra
s’inscrire dans la durée. L’excédent brut d’exploitation (EBE) cumulé devient supérieur aux
seules dépenses d’investissement de premier établissement à compter de la seizième année du
contrat.
Néanmoins, la commercialisation, dans le
data center
en projet, de baies de stockage de
données auprès d’opérateurs
économiques n
’apparaît pas comme
relevant des compétences de
Sarthe numérique,
en l’absence notamment de carence établie de l’initiative privée
.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
6
Un suivi technique du contrat de délégation de service public assuré
mais un suivi patrimonial à améliorer
Le suivi du contrat de délégation de service public (DSP) est assuré par de nombreux
acteurs
–
Sarthe numérique, Département qui prend une place prépondérante dans la
gouvernance, groupement de cabinets extérieurs, délégataire Sartel THD et son groupe Axione
–
au moyen de différents outils autorisant plusieurs niveaux de contrôle
–
rapport annuel,
présentations quasi mensuelles en comité d’exploitation, système d’information du délégataire
mis à disposition en temps réel.
Le déploiement du réseau étant quasiment achevé, des indicateurs d’exploit
ation déjà
suivis devraient être contractualisés au travers d’objectifs chiffrés et de pénalités, puis entraîner
l’actualisation des informations devant obligatoirement figurer dans le rapport annuel. La
commission consultative des services publics locaux devrait également être réunie.
Enfin, il apparaît nécessaire d’améliorer le suivi patrimonial du contrat. L’absence
de
concordance entre l
’inventaire physique (détail des biens)
tenu par le délégataire et un
inventaire comptable (valeur des biens) enregistrant les amortissements représente un risque au
moment de la sortie de la DSP.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
7
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1.
: Actualiser avec les parties prenantes le schéma directeur
territorial d’aménagement numérique (SDTAN) de la Sarthe au vu des enjeux à relever
en matière d’usages, d’impact environnemental et de résilience des réseaux.
Recommandation n° 2.
: Réunir la commission consultative des services publics
locaux (CCSPL) pour qu’elle se prononce sur le rapport annuel du délégataire (art.
L. 1413-1 du CGCT).
Recommandation n° 3.
: Contractualiser des i
ndicateurs chiffrés d’exploitation du
réseau et y associer des pénalités.
Recommandation n° 4.
Poursuivre le suivi du taux de rendement interne (TRI) sur
toute la durée du contrat de délégation de service public (DSP).
Recommandation n° 5.
: Obtenir du délégataire une mise en cohérence des
inventaires physique et comptable de la délégation de service public (DSP).
Recommandation n° 6.
: Élaborer un plan pluriannuel d’investissement (PPI).
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
8
INTRODUCTION
La procédure de contrôle de la chambre
Le contrôle des comptes et de la gestion du syndicat mixte Sarthe numérique, à compter
de l’exercice 2018,
a été inscrit au programme des travaux de la chambre régionale des comptes
Pays de la Loire pour l’année 2023.
Le précédent
rapport
de la chambre sur le syndicat avait été publié en 2016 et portait sur
les exercices 2011 à 2015.
L’ouverture du contrôle a été notifiée le 16
janvier 2023 à M. Dominique Le Mèner,
président du syndicat depuis le 22 décembre 2014
1
. Une copie a été adressée au comptable.
Les entretiens
d’ouverture
et d
e fin d’instruction
se sont tenus avec le président,
respectivement, le 7 février et le 11 mai 2023, en présence du directeur
2
.
La chambre a délibéré ses observations provisoires lors de sa séance du 1
er
juin 2023.
Celles-ci ont été notifiées le 14 juin 2023 à M. Dominique Le Mèner, en tant que président de
Sarthe numérique, qui a répondu le 13 juillet 2023. Des extraits ont été adressés à
M. Dominique Le Mèner, en tant que président du Département de la Sarthe, qui a répondu le
17 juillet 2023. M. Éric Jammaron, président de la SAS Sartel THD,
n’a pas répondu aux
extraits qui lui avaient été adressés. La chambre a délibéré ses observations définitives lors de
sa séance du 7 septembre 2023.
Le syndicat mixte Sarthe numérique
Le syndicat mixte sarthois
d’aménagement numérique, devenu Sarthe numérique, a été
créé en 2005 par le Département de la Sarthe et la communauté urbaine du Mans
3
. Les
établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) de la Sarthe y ont adhéré à partir
de 2014 dans la perspective du déploiement de réseaux de très haut débit
4
. La Région Pays de
la Loire en est membre associée avec voix consultative.
1
Points III.10 à 14 des normes professionnelles
2
Points III.15 à 17 des normes professionnelles et art.
L. 243-1
du CJF, points III.44 et 45 des normes
professionnelles
3
Arrêté du 7 mars 2005 et statuts annexés prévoyant une «
boucle métropolitaine sur l’agglomération du
Mans »
4
La notion de débit mesure la quantité de données (en bits) transmise par seconde (bps). Quelle que soit
la technologie utilisée, le haut débit correspond, selon l’Autorité de régulation de
s communications électroniques
et des postes (Arcep), à une transmission supérieure ou égale à 512 Kbps. Le très haut débit représente une
transmission supérieure ou égale à 30 Mbps.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
9
Le syndicat exerce, en lieu et place de ses membres, les compétences suivantes
5
:
•
Établissement et exploitation d’infrastruct
ures et de réseaux de communications
électroniques
(depuis l’origine)
;
•
Élaboration du schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN)
(depuis
2012 pour le compte du Département) ;
•
Développement des usages et services numériques (depuis 2023) ;
•
Activités complémentaires à son objet.
Sarthe numérique compte 11,7 ETP
6
. Le budget annuel du syndicat est d’environ 5,3
M€
en fonctionnement et 22 M€ en moyenne annuelle en investissement.
5
Statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
6
Équivalent temps plein
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
10
1
LA QUALITE DU SERVIC
E RENDU A L’USAGER F
INAL
Le
schéma directeur territorial d’aménagement numérique
(SDTAN) de la Sarthe,
approuvé le 12 avril 2013, définit « une stratégie de développement des réseaux de
communications électroniques, concernant prioritairement les réseaux à très haute débit »
7
.
Dans la lignée du plan France très haut débit, il vise une couverture intégrale de la Sarthe
en très haut débit. Parmi plusieurs technologies
8
, il opte pour celle de la fibre optique,
considérée comme la plus performante
9
.
Le plan France très haut débit
Le plan France très haut débit, lancé en 2013, vise la couverture en très haut débit de
l’ensemble du territoire national à l’horizon 2022 avec, à cette à échéance, 80
% de fibre optique
jusqu’à l’abonné.
Il prévoit 3 Md€ de subventions de l’État aux collectivités territoriales à travers
notamment le fonds pour une société numérique (FSN).
De façon schématique, les réseaux de communications électroniques sont constitués
d’équipements informatiques et de traitement de signaux installés dans les locaux des
opérateurs économiques ou chez les usagers, ainsi que de liaisons pour assurer le transfert de
signaux entre ces équipements.
7
Art.
L.1425-2 du CGCT
8
La montée en débit sur le réseau en cuivre, le réseau câblé modernisé, les réseaux hertziens terrestres et
satellitaires
9
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017 : la fibre
optique jusqu’à l’abonné est l
a technologie unanimement jugée la plus performante en termes de transmission du
signal et la plus pérenne mais aussi la plus coûteuse et la plus longue à déployer.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
11
Schéma n° 1 :
Architecture d’un réseau de fibre optique jusqu’à l’usager final
Source : Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
Un logement est dit « raccordable à » ou « éligible à » ou encore « couvert par » la fibre
optique lorsque tous les réseaux mentionnés ci-
dessus, à l’exception du raccordement final, ont
été construits et les équipements installés.
Le raccordement effectif nécessite un raccordement final (installation d’une prise
terminale optique (PTO) chez l’abonné ou usager final puis connexion au point de branchement
optique (PBO) relié au point de mutualisation (PM)) réalisé par un opérateur commercial lors
de la souscription d’un abonnement.
10
Sont donc successivement examinés la couverture de la Sarthe puis son raccordement
effectif en fibre optique jusqu’à l’usager final.
10
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
12
1.1
Une couverture quasi-
intégrale sur le réseau d’initiative
publique mais
une incertitude sur les réseaux d’initiative privée
Comme vu précédemment, l’objectif du
SDTAN
est la couverture intégrale de la Sarthe
en fibre optique, l’ensemble des logements devant être raccordables.
En Sarthe, l’opérateur historique Orange s’est positionné pour investir dans des réseaux
d’initiative privée situés sur neuf communes du Mans métropole,
la commune de Sablé-sur-
Sarthe et trois communes de la communauté urbaine d’Alençon.
Dans le reste du département, l’accès au très haut débit devait être assuré par le réseau
d’initiative publique (RIP) de Sarthe numérique
Le zonage en matière de réseaux de communications électroniques
Dans un cadre juridique largement défini par l’Union européenne et destiné à ouvrir le
marché à la concurrence, l’établissement de réseaux de communications électroniques est libre
et l’intervention publique ne se justifie que s’il y a carence de l’initiative privée
11
. L’autorité de
régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse
(Arcep) a donc défini plusieurs zones :
-
Les zones très denses réservées à l’initiative privée
;
- Les zones moins denses où le Gouvernement a lancé un appel à manifestations
d’intention d’investissement (AM
II) auprès des opérateurs privés en 2011 pour sécuriser
l’intervention des collectivités territoriales. Celles de ces zones qui n’avaient pas fait l’ob
jet de
déclaration d’intention d’investissement devaient être couvertes par un réseau d’initiative
publique (RIP) construit et exploité par ces collectivités.
11
Loi n° 2004-
575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, notamment codifiée à
l’article
L. 1425-1 du CGCT
–
Principe de subsidiarité et régime des aides d’État
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
13
Carte n° 1 :
Répartition du réseau d’initiative publique (RIP) de Sarthe numérique et du réseau
privé d’Orang
e
Source :
site internet « La fibre arrive chez vous »
1.1.1
Une couverture quasi-intégrale
sur le réseau d’initiative publique de Sarthe
numérique
Sarthe numérique a été chargé du déploiement du réseau d’initiative publique (RIP).
Dès sa création en 2005, soit avant l’adoption du
SDTAN
, il avait déjà été chargé de la
construction et l’exploitation d’un RIP dit «
de première génération » (ou RIP1), raccordant
notamment à la fibre les collèges, administrations du Département, zones d’activité, etc.
(
cf. infra
)
Le déploiement du RIP dit « de deuxième génération » (ou RIP2) a concerné
prioritairement les zones ne disposant pas d’un accès ADSL satisfaisant et donc les zones les
plus rurales. C’est donc un équilibre dans l’aménagement du territoire qui a été recherché.
L
’échéance du 31
décembre
2022 n’a pas été fixée dans le
SDTAN
mais dans le contrat
de délégation de service public (DSP) (
cf. infra
).
D’après le
SDTAN
, la construction du RIP2 impliquait la réalisation de
161 154 prises et 15 300 km de câble optique pour un investissement de 386
M€ (hors
raccordements finals), soit 2 400
€ par prise (à comparer à un coût de 460
€ par prise en zone
d’initiative privée).
Malgré la pénurie de main d’œuvre et la crise sanitaire de 2020
-2021, en octobre 2022,
208 734 prises et 14 541
km de câble optique ont été installés pour un investissement d’environ
380
M€ (dont 134 M€ public), soit autour de 1
700
€ par prise. On dénombre également
476 points de mutualisation (PM) et 66
nœuds de raccordement optique (N
RO).
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
14
La couverture de la Sarthe en très haut débit, et plus particulièrement en fibre, est
supérieure aux moyennes nationale et régionale (cf.
annexe n° 3
).
Carte n° 2 :
Carte de déploiement de la fibre au 2
ème
trimestre 2022
Source :
Arcep
Toutefois, environ 2 500 sites isolés identifiés ne sont pas encore couverts. Comme le
SDTAN
le précisait déjà, leur raccordement est soumis à une demande compte tenu du coût
d’environ 7
880
€ par prise (40
% des investissements pour 12
% des prises) et du fait qu’il
n’est pas nécessairement utile (maison de chasse, transformateur, etc.). Le déla
i prévu de
six
mois entre la demande et le raccordement n’est pas toujours respecté
12
.
Par ailleurs, le raccordement d’environ 4
000 logements est soumis à la résolution de
difficultés administratives ou techniques.
Au total, ce sont environ 6 500 localisations, soit environ 3 % des prises à réaliser, qui
ne sont pas raccordables. Dans le cadre de la phase 2 de la construction du réseau (mission n° 1
du contrat de DSP), l’objectif de complétude assigné au délégataire (pas plus de 5
500 prises
non déployées
) fait l’objet d’un suivi attentif.
Ainsi, s’agissant du réseau d’initiative publique, la couverture en réseau de fibre optique
est quasi-intégrale : 208 734 logements sont raccordables, soit plus que prévu (161 154).
6 500 localisations ne sont pas encore raccordables. La performance de Sarthe numérique est
notable aux niveaux national et régional. Le budget et l’échéance ont été respectés.
12
Rapports d’activité 2020 et 2021
: compte tenu du nombre de demandes et du manque de supports mis
à disposition par Orange (décision de ne plus utiliser de poteaux en bois et pénurie sur les ouvrages métalliques
ou composites)
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
15
1.1.2
Une couverture incertaine par les réseaux d’initiative privé
Même si les réseaux d’initiative privée ne relèvent pas
de la responsabilité de Sarthe
numérique, ils participent à l’atteinte ou non de l’objectif de couverture intégrale de la Sarthe
en fibre optique fixé dans le
SDTAN
, lequel estime que ces réseaux représentent 38 % des
logements et 44 % des entreprises du département.
Or, le respect de ses engagements par l’opérateur privé est peu suivi, bien que le
SDTAN
qualifie ce suivi de « nécessaire ». Seule la commune de Sablé-sur-Sarthe a conclu une
convention avec Orange formalisant les engagements de celui-ci.
De manière générale, les opérateurs privés poursuivent une stratégie d’entreprise qui
leur est propre. Ils réalisent les opérations les plus faciles en premier, laissant parfois de côté
les déploiements les plus complexes et donc les plus coûteux. Il reste beaucoup à faire afin
d’«
organiser la transparence des engagements des opérateurs en zone AMII pour que la
sanction de leur non-respect soit efficace ».
13
Pour autant, Sarthe numérique se coordonne avec Orange sur les zones d’intersec
tion
technique, à la limite du réseau d’initiative publique et des réseaux d’initiative privée sarthois.
La coordination avec les réseaux d’initiative publique des départements voisins peut être plus
difficile en raison d’un rythme du déploiement qui diffè
re.
1.2
Un nombre d’usagers finals qui va croissant mais une qualité de service
dégradée par les difficultés de raccordement effectif rencontrées par
certains
Comme vu précédemment,
le raccordement effectif au réseau d’initiative publique (RIP)
est souvent r
éalisé par les opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen)
en mode
STOC (sous-traitance opérateur commercial),
lors de la souscription d’un abonnement
, et ne
relève alors pas directement de la responsabilité de Sarthe numérique. Pour autant, la
construction des infrastructures ne fait sens que si elles sont utilisées.
Sur le RIP2 du syndicat, on constate une réussite de la commercialisation. Toutefois,
elle est ternie par les difficultés de raccordement effectif rencontrées par certains usagers finals.
1.2.1
Un nombre d’usagers qui va croissant
Fin 2022, 90 836 logements, sur 208 834 raccordables, sont effectivement raccordés au
réseau de fibre optique. Le taux de logements effectivement raccordés sur les logements
raccordables, appelé taux de pénétratio
n, augmente et s’établit à 43,52
% au 31 décembre 2022
(cf.
annexe n° 3
).
13
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
16
Graphique n° 1 :
Évolution du nombre de clients du réseau d’initiative publique de deuxième
génération, par technologie disponible
Source
: rapports d’activité 2018, 2019,
2020, 2021
Le risque, identifié par la Cour des comptes, d’une commercialisation des réseaux
d’initiative publique (RIP) freinée par le changement d’opérateur commercial qu’implique le
passage au très haut débit
14
ne s’est pas réalisé en Sarthe. La commerc
ialisation, débutée en
2016 et 2017, a été une réussite avec la présence de neuf opérateurs de proximité et des quatre
opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen) dès 2019. Cela confirme que le réseau
de fibre optique déployé répondait à un besoin de la population.
14
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017 : « Les
deux opérateurs nationaux [opérateur historique Orange et SFR] ne se sont que rarement engagés à exploiter les
réseaux en zone d’initiative publique
».
0
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
2018
2019
2020
2021
2022
- Dont clients FttH
- Dont clients solutions hertziennes (WiMax/LTE)
- Dont clients ADSL
Nombre de prises FttH ouvertes commercialement
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
17
1.2.2
Les difficultés de raccordement effectif rencontrées par certains usagers finals
en raison du non-respect de leurs obligations par les opérateurs commerciaux
d’envergure nationale (Ocen)
À l’image de la situation nationale
15
, en raison des conditions du marché (dynamisme
de la demande de raccordements finals, recours à la sous-traitance sans contrôle, concurrence
tarifaire entre opérateurs, etc.), plusieurs difficultés sont constatées au niveau des opérateurs
commerciaux d’envergure nati
onale (Ocen) :
•
Des demandes de (re)raccordement final ne sont pas satisfaites dans des délais raisonnables.
Dans ce cas, la procédure qui prévoit l’ouverture d’un ticket d’incident n’est pas toujours
respectée, ce qui fait obstacle à l’intervention du gestionnaire d’infrastructures Sartel THD
et à une connaissance fiable par Sarthe numérique du taux d’échec de raccordement voire du
taux de renoncement ;
•
Des dégradations sur les infrastructures de Sarthe numérique, notamment dans les armoires
de rue, sont constatées. Les audits réguliers des équipements demandés par Sarthe numérique
à son délégataire Sartel THD n’ont pas totalement résolu ce problème.
En réponse aux observations provisoires, Sarthe numérique a déclaré, en plus des
mesures prises, participer aux réflexions nationales visant la recherche de solutions aux
problèmes posés par le mode STOC.
Le syndicat et le président du conseil départemental de la Sarthe reçoivent chacun
environ 100 réclamations par an.
Le marché des réseaux de communications électroniques
Les «
opérateurs d’opérateurs
» qui exploitent les réseaux de communications
électroniques (comme la société Sartel THD pour le RIP de Sarthe numérique) proposent à des
«
opérateurs commerciaux » (tels que les fournisseurs d’accès à internet)
un ensemble de
services à des tarifs de gros encadrés par l’Arcep et adoptés par les collectivités territoriales
s’agissant des réseaux d’initiative publique (RIP).
Ces services permettent aux opérateurs commerciaux de composer à leur tour des offres
destinées aux usagers finals (abonnés particuliers, entreprises ou services publics) à des tarifs
non régulés dans le cadre d’un marché de détail ouvert à la concurrence.
Les collectivités et leurs délégataires n’interviennent donc pas directement dans les
relations entre les usagers finals et leur opérateur commercial.
15
France stratégie,
rapport
d’évaluation portant sur les infrastructures numériques et l’aménagement du
territoire, janvier 2023
: La rapidité des déploiements s’est traduite par «
un large recours à l’externalisation
d’interventions de terrain (…) conduisant à une multiplicité des intervenants, des opérateurs et sous
-traitants
agissant dans les différents réseaux d’initiative publique (RIP), sans toujours un contrôle suffisant de la
qualité des
prestations. »
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
18
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Sarthe numérique est un syndicat mixte qui exerce les compétences des établissements
publics de coopération intercommunale (EPCI) de la Sarthe, fédérés par le Département, en
matière de communications électroniques.
Le syndicat a quasiment atteint l’objectif qui lui était assigné, dans le schéma directeur
territorial d’aménagement numérique (SDTAN) de la Sarthe, d’une couverture intégrale en très
haut débit, par la technologie performante de la fibre optique, des zones relevant de sa
responsabilité. Le bilan du déploiement est notable aux niveaux national et régional. Le
sy
ndicat a recherché un équilibre dans l’aménagement du territoire en priorisant les zones ne
disposant pas d’un accès ADSL satisfaisant et donc les zones les plus rurales.
Dans les zones sarthoises relevant de l’initiative privée, il existe une incertitude
sur
l’atteinte de l’objectif en raison du manque de contrôle des engagements de l’opérateur
historique Orange.
Les infrastructures construites par Sarthe numérique répondent à un besoin de la
population qui les utilise de manière croissante. Fin 2022, 90 836 logements, sur
208 834 raccordables, sont effectivement raccordés au réseau de fibre optique. Le taux de
logements effectivement raccordés sur les logements raccordables, appelé taux de pénétration,
augmente et s’établit à 43,52
% au 31 décembre 2022.
Néanmoins, en Sarthe comme ailleurs en France, on constate une dégradation de la
qualité du service rendu à l’usager final en raison du non
-respect de leurs obligations par les
opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen), en lien avec les conditio
ns du marché
(dynamisme de la demande, recours à la sous-traitance sans contrôle, concurrence tarifaire).
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
19
2
LA STRATEGIE NUMERIQUE ET LES ENJEUX A RELEVER
L’objectif d’une couverture intégrale de la Sarthe en fibre optique étant en passe d’être
atteint s
’agissant du réseau d’initiative publique (RIP), le
SDTAN
, qui n’a pas été révisé depuis
plus de 10
ans alors qu’il devait l’être annuellement, gagnerait à être actualisé. Au surplus, de
nombreux enjeux sont à relever.
2.1
Les usages et services numériques
Comme d’autres collectivités territoriales et comme l’État, Sarthe numérique, fortement
impliqué dans la construction
d’infrastructures, a assez peu anticipé les usages qui pouvaient
en être faits. Pourtant, ce sont ces usages qui justifient le niveau des investissements et
détermine leur rentabilité.
16
Par exemple, alors que le délégataire de Sarthe numérique, Sartel THD, devait
développer les usages numériques au titre de la mission n° 3A du contrat (
cf. infra
), cet aspect
a été peu suivi par le syndicat
17
. Les actions menées par la société se limitent pour l’heure à
l’Internet des objet (IOT pour
Internet Of Things
).
L’accompagnement des collectivités dans
l’élaboration de schémas directeurs des usages à l’échelle des pays ou encore celui des
entreprises dans la numérisation et la cybersécurité (plate-
forme d’autodiagnostic, soutien
financier, etc.) n’ont pas débuté. L
e fonds innovation et expérimentation destiné à financer ces
actions reste d’un montant de 300
000
€. Aucune pénalité n’est prévue en la matière. À noter
que l’accompagnement des collectivités dans le respect du règlement général sur la protection
des donn
ées (RGPD), notamment dans la cadre de l’Internet des objets mis en service à partir
d’avril 2023, pourrait être assuré par la
SPL ATESART
.
La modification des statuts du syndicat en 2023 pour intégrer le développement des
usages et services numériques (
cf. supra
) constitue une première étape.
Dans le même temps, le Département de la Sarthe a adopté en janvier 2023 une feuille
de route traitant de ces aspects et inscrit à son budget de l’exercice des crédits d’un montant de
119 000
€ en fonctionnement et 70
000
€ en investissement pour «
développer et animer des
services et des usages numériques à destination des sarthois »
18
. L’ambition est de lutter contre
la fracture des usages numériques et l’illectronisme après avoir dépassé la fracture territoriale.
16
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
17
En parti
culier en comité d’exploitation comme prévu par l’avenant n° 1 au contrat
18
Rapport et délibération du 9 février 2023
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
20
Parmi les actions entreprises ou à venir citées
19
, on peut saluer l’existence de
35 conseillers numériques en Sarthe, dont 16 recrutés par le Département et mis à disposition
des EPCI avec l’aide de l’État, accompagnant (achat en ligne, e
-
démarche, recherche d’emploi,
suivi de la scolarité des enfants, etc.) et sensibilisant (protection des données personnelles,
protection des enfants et adolescents, etc.) la population dans leurs usages numériques.
Cependant, pour l’heure, la «
vision stratégique » souhaitée par le Département dans sa
feuille de route reste
générale. La détermination d’objectifs m
esurables
et d’un plan d’actions
devra
encore associer l’ensemble des parties prenantes, à commencer par Sarthe numérique, à
qui les EPCI membres ont confié la mission de développer les usages et services numériques.
Pour établir un diagnostic des usages,
le projet d’un observatoire de l’aménagement
numérique en Sarthe prévu dans le
SDTAN
pourrait également être relancé.
Ainsi, comme la loi le permet
20
, l’actualisation du
SDTAN
devrait intégrer l’enjeu des
usages et services numériques.
2.2
L’impact environnemental, notamment l’empreinte carbone, du
numérique
Le réseau fixe de fibre optique déployé par Sarthe numérique, en permettant une
optimisation des déplacements (visioconférence) ou de la consommation d’énergie (objets
connectés) par exemple, peut être un acteur de la transition écologique.
De plus, certains choix opérés par le syndicat vont dans le sens d’une limitation de
l’impact environnemental du numérique
: choix de la fibre moins consommatrice d’énergie que
le cuivre, création
d’un
data center
ou centre de données local pour lequel une analyse de la
consommation énergétique a été menée, réseau bas débit pour l’Internet des objets permettant
de choisir la technologie la plus adaptée selon l’usage, peinture réfléchissante sur le t
oit des
nœuds de raccordement optique (NRO) pour en réduire la climatisation.
19
Subvention départementale pour la création de tiers-lieux : espaces de travail partagé (
coworking
), de
prototypage (
fablabs
), etc.
Open data : plate-forme du Département avec 80 jeux de données, ouverture aux collectivités ;
Fonds numérique solidaire : tablettes pour collèges ou EHPAD ;
Au titre de l’objectif 2 de renforcement de la politique numérique éducative
: plan numérique des
collègues : raccordement au réseau fixe de THD de tous les collèges en 2017, équipement et renouvellement
permettant la création d’un fonds de matériels reconditionnés, réseau wifi d’ici 2024, coût de 17
M€ soit 131 € par
collégien.
20
Art.
L.1425-2 du CGCT
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
21
Pour autant, la construction et l’exploitation du réseau d’initiative publique (RIP) émet
des gaz à effet de serre et consomme des ressources (métaux, minerais, eau, déchets, etc.) ainsi
que de l’énergie finale. À cet égard, en dépit d’une annexe A03.5 au contrat portant sur le
développement durable, le délégataire n’a transmis au syndicat aucune mesure de l’impact
environnemental du réseau, notamment aucun bilan carbone allant au-delà des émissions des
transports (analyse du cycle de vie des fournitures, etc.). Mis à part les objectifs de valorisation
de 80 % des déchets et de labélisation interne au groupe Axione, les engagements fixés en
matière environnementale sont vagues, certains se limitent à la reprise d’obligations
règlementaires, l’incident environnemental n’est pas défini précisément et ces aspects sont peu
suivis par le syndicat.
Mais avant les réseaux (5 %) et les centres de données (16 %), ce sont les terminaux des
utilisateurs (en particulier les téléviseurs et smartphones) qui représentent l’empreinte carbone
la plus élevée au niveau national (79 %). Pour l’ensemble de ces tiers, la
fabrication représente
78 % de cette empreinte, la distribution 1 % et l’utilisation 20 %.
L’étude de l’Arcep et de l’A
deme
21
, devenue agence de la transition écologique, montre
également que le secteur du numérique ne s’inscrit pas actuellement dans une t
rajectoire de
décarbonisation et de réduction de ses impacts environnementaux. Sans action pour la réduire,
l’empreinte carbone du numérique en France pourrait tripler en 2050, en contradiction
avec
l’objectif de neutralité carbone à atteindre la même anné
e, inscrit dans la loi et repris dans la
stratégie nationale bas carbone (SNBC)
22
.
Or, la compétence « développement des usages et services numériques » attribuée à
Sarthe numérique devrait lui permettre d’adresser le sujet de l’impact environnemental du
nu
mérique dans son ensemble en prenant en compte l’interdépendance créée par les usages
entre terminaux, réseaux et centres de données.
Les actions mises en place pourraient encourager la sobriété des usages (moins
d’équipements, de vidéos, etc.), l’éco
-conception des infrastructures de réseau et centres de
données, l’allongement de la durée de vie de l’ensemble des équipements et les bonnes
pratiques des utilisateurs (utilisation du réseau fixe au lieu du réseau mobile lorsque c’est
possible, etc.) ainsi que des gestionnaires de réseaux et centres de données.
Dans son rapport préparatoire au vote de crédits destinés au développement des usages
et services numériques, le Département de la Sarthe évoquait déjà les notions de « sobriété
numérique » et de « politique numérique responsable ».
21
Évaluation de l'impact environnemental du numérique en France et analyse prospective
de l’Arcep et
de l’
Ademe
: rapports 1 État des lieux et pistes d’action et 2 Évaluation environnementale des services numériques
en France publiés en janvier 2022, rapport 3
Analyse prospective à horizon 2030 et 2050 et pistes d’action à moyen
et long terme
publié en mars 2023
22
Loi n° 2013-312 du 15 avril 2013
visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre,
loi
n° 2015-992 du 17 août 2015
relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV),
loi
n° 2019-
1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat
En particulier, une
forte réduction des consommations d’énergie dans tous les secteurs
(- 40 % par rapport
à 2015), y-compris celui du numérique, est exigée.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
22
2.3
La résilience des réseaux dans le contexte du changement climatique
L’objectif de neutralité carbone en 2050 vise à atténuer les effets du changement
climatique. Celui-
ci, en augmentant la fréquence et l’intensité des épisod
es extrêmes (tempêtes,
inondations, canicules, etc.) fragilise les réseaux en même temps qu’il les rend indispensables.
Par exemple, la canicule de l’été 2020 a nécessité des mesures urgentes de gestion de
crise sur la tête de réseau, enregistrant des températures supérieures aux normes. Dans le même
temps, le réseau a permis de développer un système de détection des feux de forêt.
Cette nouvelle donne est prise en compte par Sarthe numérique. Le plan de prévention
du risque inondation (PPRI) a été consul
té lors de l’implantation des nœuds de raccordement
optique (NRO). Le délégataire dispose d’un plan de continuité d’activité.
Mais au-
delà, il apparaît nécessaire de traiter explicitement dans la stratégie l’enjeu de
résilience des réseaux, comme le recommandait la Cour des comptes dans son
rapport
de
2017
23
.
Cet impératif est renforcé par la décision récente de déposer rapidement le réseau cuivre
qui porte le service universel et la continuité du service de télécommunications.
Actuellement, 73 % du réseau départemental de fibre optique est aérien et 27 %
souterrain. En cas de tempête, le premier serait plus vulnérable.
Pour autant, y compris hors période de crise, Sarthe numérique est dépendant des autres
gestionnaires d’infrastructures pour l’enfouissement et la maintenance de son réseau. En effet,
dans le but d’accélérer le déploiement de la fibre optique à moindre coû
t, le plan France très
haut débit a privilégié la réutilisation des infrastructures supports existantes de l’opérateur
historique Orange.
Le délégataire n’a la charge de l’enfouissement que lors d’opérations coordonnées avec
les autres gestionnaires
24
. Un montant annuel de 500 000
€, soit 14
M€ sur la durée du contrat,
est prévu au plan d’affaires à cette fin (avec le dévoiement). Selon Sarthe numérique,
l’enfouissement de la totalité du réseau de sa seule initiative coûterait plusieurs centaines de
million
s d’euros. Il estime que les conditions tarifaires d’accès des opérateurs commerciaux
aux réseaux devraient être différenciées au niveau national, selon que ces réseaux sont
d’initiative publique ou privée, dès lors que la maintenance des premiers, plus ét
endus, est plus
couteuse pour un même nombre de clients.
Néanmoins, le syndicat pourrait établir un programme en vue d’enterrer les parties les
plus vulnérables de son réseau, en lien avec sa capacité financière d’investissement
prévisionnelle, qui s’élève à 83 M€ sur la durée du contrat. À cet égard, l’analyse du rapport
annuel du délégataire mentionne la nécessité d’une prospective sur les travaux de gros entretien
et renouvellement, y-compris enfouissement et dévoiement. (
cf. infra
).
23
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
24
Article 27 du contrat
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
23
Le
rapport
d’évaluation portant sur les infrastructures numériques et l’aménagement du
territoire publié par France stratégie en janvier 2023 e
stime que l’enjeu de la résilience et la
maintenance des réseaux ne pourra être relevé sans la structuration d’une filière industrielle
(requalification des emplois, etc.) et la prise en compte de la dimension à la fois technique mais
également stratégique (structure de coordination, cartographique des points sensibles, etc.) du
sujet, impliquant des financements au-delà de la maintenance « courante ».
Recommandation n° 1.
: Actualiser avec les parties prenantes le schéma directeur
territorial d’aménagement numérique (SDTAN) d
e la Sarthe au vu des enjeux à relever
en matière d’usages, d’impact environnemental et de résilience des réseaux.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’atteinte de l’objectif d’une couverture intégrale de la Sarthe en fibre optique implique
désormais d’actualiser
la stratégie du SDTAN de 2013 au vu des enjeux à relever. Sarthe
numérique s’est engagé à mettre en place une organisation à cette fin à partir de 2023.
Le syndicat, à qui les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI)
sarthois ont confié la mission de développer les usages qui peuvent être faits des infrastructures
construites, devrait participer activement à la démarche conduite par le Département de la
Sarthe en vue de préciser une stratégie en la matière.
Cette nouvelle mission
devrait également permettre au syndicat d’adresser le sujet de
l’impact environnemental du numérique dans son ensemble en prenant en compte
l’interdépendance créée par les usages entre terminaux, réseaux et centre
s de données.
Si certains choix opérés par
le syndicat vont dans le sens d’une limitation de cet impact
et si le réseau fixe de fibre optique déployé peut être un acteur de la transition écologique, le
délégataire n’a transmis aucun bilan carbone lié à la construction et l’exploitation du réseau
et les engagements qui lui sont fixés en matière environnementale sont imprécis.
Pour participer à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone en 2050, des actions
pourraient encourager la sobriété des usages, l’éco
-conception des infrastructures de réseau
et centres de données, l’allongement de la durée de vie de l’ensemble des équipements et les
bonnes pratiques des utilisateurs, ainsi que des gestionnaires de réseaux et centres de données.
Par ailleurs,
l’enjeu
de la maintenance et de la résilience des réseaux, en particulier
dans le contexte du changement climatique qui fragilise ces derniers en même temps qu’il les
rend indispensables, ne pourra être relevé sans la prise en compte de la dimension stratégique
du sujet, impliquant des financements au-delà de la maintenance « courante ».
Actuellement, 73 % du réseau départemental de fibre optique est aérien et 27 %
souterrain. Si Sarthe numérique est dépendant des autres gestionnaires d’infrastructures pour
l’enfouissement et l’entretien de son réseau, il pourrait établir un programme en vue d’en
enterrer les parties les plus vulnérables.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
24
3
L’ORGANISATION DU SE
RVICE
Au plan territorial, le service s’organise au niveau départemental. Il fait également
l’objet d’une gestion déléguée.
3.1
L’atteinte d’une taille critique malgré l’absence de mutualisation
régionale
Le réseau de Sarthe numérique est départemental. La recommandation de la Cour des
comptes dans son
rapport
de 2017, préconisant le regroupement ou la mutualisation au niveau
régional des fonctions à forte valeur ajoutée voire de l’ensemble des fonctions des réseaux
d’initiative publique (RIP), n’a donc pas été suivie
25
.
Eu égard à
la réussite de la construction et de la commercialisation du réseau, ainsi qu’à
la coordination de l’action des EPCI (
cf. supra
), Sarthe numérique apparaît néanmoins comme
ayant atteint une taille critique.
Le réseau d’initiative publique régional Gigali
s a été développé, selon un principe de
subsidiarité par rapport aux réseaux relevant de maîtrises d’ouvrage départementales, sur des
sites publics et privés dits « prioritaires » (certaines entreprises, universités, lycées, hôpitaux,
cliniques, mairies, e
tc.). Il s’appuie notamment sur le réseau existant de Sarthe numérique,
lequel est adhérent du syndicat mixte Gigalis.
3.2
Des choix de gestion déléguée qui se sont révélés pertinents
La construction et l’exploitation du réseau d’initiative publique dit «
de première
génération », raccordant notamment à la fibre les collèges, administrations du Département,
zones d’activité
,
a fait l’objet d’un premier contrat de délégation de service public (DSP) conclu
en 2004 par le Département de la Sarthe avec la société Sartel. Ce contrat a été transféré à Sarthe
numérique à sa création en 2005
26
.
La délégation de service public : une modalité de gestion du service
Les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent confier la gestion d’un
service public dont elles ont la responsabilité à un ou plusieurs opérateurs économiques par une
contrat de délégation de service public
27
. Celle-ci est désormais appelée « concession de
services »
28
.
25
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017
26
Art.
L. 5721-6-1 du CGCT
27
Art.
L. 1411-1 du CGCT
dans sa rédaction en vigueur depuis le 1
er
avril 2019
28
Art.
L. 1121-3 du CCP
dans sa rédaction en vigueur depuis le 1
er
avril 2019
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
25
L’objectif de couverture intégrale de la Sarthe en très haut débit par la fibre
a impliqué
la construction et l’exploitation du RIP dit «
de deuxième génération ». Dans ce cadre, Sarthe
numérique a :
•
De 2015 à 2018, assuré la maîtrise d’ouvrage de la construction de la première phase du
réseau en passant un marché de travaux avec la société Axione. En parallèle, un marché de
services a permis de mettre à disposition des opérateurs commerciaux les infrastructures
construites. Ces travaux ont été financé par des fonds publics (
cf. infra
).
•
En 2018, Sarthe numérique a conclu avec la société Sartel THD, filiale
ad hoc
du
groupement composé des sociétés Axione infrastructures, Axione, Bouygues énergies &
services, un deuxième contrat de délégation de service public portant sur :
-
La construction en concession de la deuxième phase du réseau (missions n° 1 et 3A) ;
-
L’exploitation en affermage de ce réseau, et ce jusqu’en 2049 (mission n° 2
29
).
Ce contrat prévoyait également la reprise par la société Sartel THD de l’exploitation du
RIP1. L’affermissement de cette mission (n°
4) en 2019, avant le terme de la première
délégation de service public prévu en 2024, a permis de simplifier l’exploitation des
infrastructures (même société exploitant les deux RIP).
Pour l’exécution de ces deux contrats, les sociétés Sartel puis Sartel THD font
intervenir
le groupe Axione via des contrats d’entreprise générale (construction) ou encore d’exploitation
et un contrat de financement intra-groupe.
Le délégataire a alors pris à sa charge les travaux de premier établissement et de vie du
réseau (
cf. infra
).
Ainsi, comme d’autres collectivités locales, Sarthe numérique a su faire évoluer les
modalités de gestion de ses réseaux. Il a entendu faire supporter le risque d’exploitation à un
investisseur privé dès que les opérateurs économiques ont été prêts à entrer sur le secteur des
réseaux d’initiative publique (RIP) (réticence avant 2015 dans un contexte incertain). Cela lui
a également permis de bénéficier des systèmes d’information du délégataire et d’accélérer
l’arrivée sur le réseau des opérateurs commerciaux d’envergure nationale (Ocen) (
cf. supra
).
Le mode affermo-
concessif aujourd’hui retenu apparaît comme le plus performant en
termes de taux de déploiement et d’avancement
30
.
29
Mission n° 2 incluant également la complétude de la première phase du réseau
30
France stratégie,
rapport
d’évaluation portant sur les infrastructures numériques et l’aménagement du
territoire, janvier 2023
Taux de déploiement : nombre de lignes déployées au quatrième trimestre 2021 divisé par le nombre total
de lignes à déployer d’après les objectifs contractuels
T
aux d’avancement
: durée de déploiement écoulée depuis le début du contrat divisé par la durée prévue
totale de déploiement
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
26
3.3
Le projet de
data center
ou centre de données
Comme tout réseau de fibre optique, le réseau de Sarthe numérique comprend une tête
de réseau hébergeant l’arrivée des infrastructures optiques et les équipements des opérateurs du
réseau. Le syndicat a indiqué qu’elle hébergeait également les données d’entreprises en lien
avec la Sarthe. Elle comprend actuellement 22 baies.
Comme l’a montré la canicule de l’été 2020 (
cf. supra
), la modernisation de cette tête
de réseau s’est avérée nécessaire. Le contrat de délégation de service public (DSP) prévoit ainsi
la création d’une nou
velle tête de réseau sécurisée ou «
data center
» «
d’une superficie utile
d’hébergement de 100 m
2
».
L’avenant n°
5 à ce contrat porte la superficie à 200 m
2
et indique une capacité de
66
baies. Le délégataire doit développer une offre d’hébergement de d
onnées, ce qui implique
une évolution de son catalogue de services. La description technique et financière de la nouvelle
tête de réseau annexée précise que des données de santé pourront être hébergées.
La prévision financière également annexée prévoit qu’
en 2031 :
•
6 baies seront toujours utilisées pour les besoins du réseau ;
•
18 baies seront toujours utilisées par les clients existants de l’ancienne tête de réseau
;
•
17 baies seront destinées à des services aux collectivités (Département, communautés de
communes, public) ;
•
18 baies seront commercialisées auprès de nouveaux clients (opérateur 5G, systèmes
d’information d’Axione, fournisseurs d’accès à Internet).
Sarthe numérique soutient que les évolutions techniques et commerciales des services
de communications électroniques imposent une évolution du catalogue de services de son
délégataire devant proposer une offre globale
incluant l’hébergement de données
.
La chambre, qui n’a pas critiqué l’hébergement de données
appartenant à des
collectivités locales membres ni de données indispensables au fonctionnement du réseau,
rappelle que si le syndicat
, indépendamment de sa mission de service public d’exploitation d’un
réseau de communications électroniques attribuée par la loi
31
et limitée au transport, à la
diffusion ou à l’acheminement de ces communications
32
, entend prendre en charge une activité
économique, il ne peut légalement le faire que dans le respect tant de la liberté du commerce et
de l'industrie que du droit de la concurrence. À cet égard, pour intervenir sur un marché, le
syndicat doit, non seulement agir dans la limite de ses compétences, mais également justifier
d
’un intérêt public, lequel peut résulter notamment de la carence de l’initiative privée.
33
La possibilité pour le syndicat, prévue dans ses nouveaux statuts,
d’exercer des activités
complémentaires à son objet et ses compétences, doit être interprétée strictement au regard du
principe de spécialité applicable aux établissements publics
34
.
31
Art. L. 2251-1 du CGCT
32
Art. 32 du code des postes et des télécommunications
33
CE, assemblée, 31 mai 2006, ordre des avocats du barreau de Paris, n° 275531
34
Art.
L. 5721-1 du CGCT
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
27
Surtout et c
omme vu précédemment, les collectivités locales n’ont été autorisées à
exploiter des réseaux de communications électroniques qu’en raison de la carence de l’initiative
privée.
Or, il n’est pas établi qu’une telle carence s’étendrait à l’hébergement de
données
d’opérateurs économiques ni que l’hébergement de ces données au sein du nouveau
data center
situé au Mans présenterait un intérêt public tel qu’il justifierait une atteinte à la libre
concurrence eu égard aux modalités d’organisation et de fonctio
nnement du service.
Ainsi
et
sous
réserve
de
l’appréciation
des
juridictions
compétentes,
la
commercialisation, dans le nouveau
data center,
de baies de stockage de données auprès
d’opérateurs économiques n’apparaît pas comme relevant des compétences de Sarthe
numérique.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Au plan territorial, le service apparaît comme ayant atteint une taille critique.
S’agissant de
ses modalités de gestion, Sarthe numérique a su les faire évoluer pour
faire supporter le financement de la deuxième phase de construction du réseau et le risque lié
à son exploitation à un investisseur privé dès que les opérateurs économiques ont été prêts à
entrer sur le secteur des réseaux d’initiative publique (RIP).
Les financements publics de la construction de la première phase du réseau auront
représenté 134
M€ sur un total, pour l’ensemble du réseau, de 380
M€.
Le choix du mode affermo-concessif (délégation de service public avec concession pour
la construction et affermage pour l’exploitation) a été performant pour atteindre l’objectif fixé.
La gestion a été simplifiée par l’exploitation des deux réseaux d’initiative publique par une
même société dès 2019.
Néanmoins, la commercialisation, dans le data center en projet, de baies de stockage
de données
auprès d’opérateurs économiques n’apparaît pas comme relevant
des compétences
de Sarthe numérique,
en l’absence notamment de carence établie de l’in
itiative privée.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
28
4
LA
PASSATION
DU
CONTRAT
DE
DELEGATION
DE
SERVICE PUBLIC
L’examen par la chambre de la passation du deuxième contrat de délégation de service
public (DSP), conclu en 2018 avec la société Sartel THD, filiale du groupement composé des
soc
iétés Axione infrastructures, Axione, Bouygues énergies & services, n’a pas relevé
d’irrégularité.
4.1
La procédure de remise des candidatures et offres
L’appel à candidatures a été publié au bulletin officiel des annonces des marchés publics
(BOAMP) le 24 no
vembre 2017, au journal officiel de l’Union européenne (JOUE) le
25
novembre 2017 et dans la revue spécialisée l’Usine nouvelle le 30 novembre 2017. La durée
indicative du contrat était de 300 mois (25 ans) et sa valeur estimée de 700
M€.
Les quatre
missions étaient décrites.
Six candidatures ont été reçues avant la date limite fixée au 3 janvier 2018 à 11h30 et
ouvertes par la commission de délégation de service public (CDSP) lors de sa séance du
4 janvier 2018.
Elles ont toutes été déclarées recevables dans le rapport du 11 janvier 2018 de la
commission qui a constaté le caractère complet des documents administratifs, financiers et
techniques produits. Les candidats ont reçu une version finale du cahier des charges le
24 janvier 2018.
Trois offres ont été reçues avant la date limite fixée au 30 mars 2018 à 11h30 et ouvertes
par la commission lors de sa séance du 5 avril 2018, celles des sociétés Axione / Bouygues, S
et T. Les sociétés O, C et A ont indiqué se retirer par courriers annexés au procès-verbal de la
séance.
Les trois offres complètes (durée du contrat de 30 ans) ont été déclarées recevables.
4.2
L’analyse et la négociation des offres
Les offres ont été classées dans le rapport d’analyse des offres du 14 mai 2018 selon les
critères prévus dans le règlement de consultation (cf.
annexe n° 4
). Ce rapport a été examiné
par la commission qui a constaté la qualité des offres remises lors de sa séance du 14 mai
2018. Comme prévu dans le règlement de consultation, les négociations ont été engagées
librement par l’exécutif du syndicat avec les soumissionnaires (auditions, remise d’offres
complémentaire et finale).
La société T a indiqué se retirer le 4 juin 2018.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
29
Les deux offres finales ont été analysées de manière détaillée pour chaque critère du
règlement de consultation, dans un rapport relat
if au choix du délégataire et à l’économie
générale de la délégation.
Par courrier du 14 septembre 2018, la société S a été informée de la
suspension des négociations. Celles-ci se sont poursuivies exclusivement avec le groupe
Axione / Bouygues. Cela a pe
rmis une amélioration de l’offre financière, notamment
l’indexation de la redevance d’affermage et la suppression du plafonnement de la part relative
à l’amélioration de l’excédent brut d’exploitation. Au niveau juridique, des pénalités ont été
ajoutées.
La commission de délégation de service public (CDSP) a émis un avis favorable le
24 octobre
2018 à l’attribution du contrat de DSP au groupe Axione / Bouygues. Cette
attribution ainsi que l’économie générale du contrat ont été approuvé
es par le comité syndical
lors de sa séance du 28 novembre 2018.
Sarthe numérique a indiqué qu’aucun recours n’avait été intenté par les candidats
évincés.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
L’examen par la chambre de la passation du deuxième contrat de délégation de service
public co
nclu en 2018 n’a pas relevé d’irrégularité.
5
LE SUIVI DE LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC
La chambre a examiné le suivi par Sarthe numérique du deuxième contrat de délégation
de service public (DSP) conclu en 2018.
5.1
L’environnement de suivi et de contrôle
5.1.1
La gouvernance de Sarthe numérique
Le Département de la Sarthe occupe une place centrale dans la gouvernance de Sarthe
numérique.
Il assure la présidence du syndicat et la première vice-présidence. Il dispose de cinq
délégués au comité syndical dotés de
presque la moitié des voix de l’instance et, en principe,
de la moitié des sièges au bureau
35
(cf.
annexe n° 5
).
35
Statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
30
Le comité syndical comprend désormais deux collèges. En 2023, les statuts ne prévoient
plus de collège dédié au suivi du premier contrat de DSP, ni de collège en charge de la mise
œuvre du réseau de fibre optique, ce contrat et ces travaux ayant pris fin. Néanmoins, ils
devraient explicitement attribuer au collège des affaires générales, «
l’ensemble des sujets l
iés
à l’exécution de la convention de concession confiée à Sartel THD
», en particulier son contrôle
régulier, comme précisé en préambule.
36
Conformément aux statuts, le comité syndical se réunit au moins une fois par semestre.
Toutefois, au cours de la pér
iode sous revue, le bureau ne s’est pas réuni, ce que le syndicat
explique par la tenue régulière des comités syndicaux.
5.1.2
La gouvernance spécifique à la délégation de service public
Le contrat prévoit deux comités notamment chargés du suivi de la DSP, composés de
représentants de Sarthe numérique et de la société Sartel THD :
•
Le comité de suivi, devenu comité stratégique, devant se réunir deux fois par an ;
•
Le comité technique, devenu comité d’exploitation, devant se réunir mensuellement
pendant la phase de réalisation du réseau puis une fois par trimestre ensuite.
37
Ce rythme de réunion a été globalement respecté (6 en 2020, 8 en 2021, 9 en 2022) et
chaque réunion fait l’objet d’une présentation de la société Sartel THD (
cf. infra
).
Toutefois, au cours de la période sous revue, comme lors du précédent contrôle, la
commission consultative des services publics locaux, composée de représentants d’associations
locales de défense des consommateurs et des intérêts des familles,
ne s’est pas réunie, ce que le
syndicat explique par le renouvellement des instances et les circonstances exceptionnelles de
2021 et 2022.
Il s’est engagé à tenir cette instance
fin 2023. La chambre rappelle que l’examen
du rapport annuel du délégataire par cette commission est obligatoire
38
.
5.1.3
L’organisation des services
Au sein de Sarthe numérique, la DSP est suivie à différents niveaux. Les services
s’organisent, sous la responsabilité du directeur général des services, en deux pôles
39
:
•
Pôle juridique, administratif et financier : une secrétaire générale, une gestionnaire de
contrats, une gestionnaire comptable, financier et ressources humaines, un chargé des
relations avec les collectivités membres et communication (poste vacant) ;
•
Pôle infrastructures numériques comprenant un directeur et un référent techniques, quatre
responsables de secteurs d’intervention (dont un poste vacant), un responsable du suivi
d’exploitation (poste vacant) et un responsable système d’information géographique (SIG)
.
36
Statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
37
Avenant n° 1 au contrat
38
Art.
L. 1413-1 du CGCT
39
Organigramme
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
31
Il peut être relevé que si un certain nomb
re de postes sont aujourd’hui vacants, ces
moyens ont été correctement dimensionnés pour suivre le déploiement du réseau et vérifier le
respect des règles d’ingénierie. En effet, la possibilité d’approuver de manière implicite les
études de conception n’a
pas été utilisée
40
. Même si la réception du réseau est réalisée par le
délégataire auprès de l’entreprise générale, le syndicat y a participé activement. La construction
de la phase 1 du réseau sous sa maîtrise d’ouvrage (
cf. supra
) lui avait permis de rédiger des
procédures de recettes sur lesquelles il a pu s’appuyer lors de la phase 2.
Les services du Département mis à disposition peuvent être sollicités. Conformément
aux statuts, cette mise à disposition n’est plus gratuite et fait l’objet d’une conventi
on depuis
2017
41
. Néanmoins le montant remboursé n’est calculé sur la base de la quotité du temps de
travail appliqué aux rémunérations et charges sociales des agents mis à disposition que depuis
2020
42
.
Pour analyser le rapport annuel du délégataire, Sarthe numérique fait également appel à
l’
expertise extérieure
d’un groupement d
e cabinets extérieurs. Selon lui, cette assistance à
maîtrise d’ouvrage est nécessaire et lui a permis une monter en compétence. Cette dépense est
financée par la redevance pour frais de contrôle versée par le délégataire (
cf. infra
).
Au sein de la société Sartel THD et du groupe Axione, des moyens humains participent
également à la bonne exécution de la DSP :
•
Directeur et assistant administratif ;
•
Centre des opérations du réseau (NOC pour
Network Operation Center
) supervisant en temps
réel les équipements du réseau (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) ; service technique client
(STC) notamment en charge de la gestion des incidents (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) (avec
l’équipe supp
ort technique niveau 2) ; unité de production locale située à Mulsanne (Sarthe)
notamment en charge des opérations de maintenance.
43
5.1.4
Les délégations de pouvoir et de signature
La délégation accordée par le comité syndical au bureau, à l’exception des attrib
utions
visées à l’article
L. 5211-10 du CGCT
, conformément aux statuts, n’est pas exercée, en
l’absence de réunion du bureau (
cf. supra
)
44
.
La délégation accordée par le comité syndical au président est large en matière
d’emprunts et de marchés publics
45
.
40
Annexe A03.2 du contrat
41
Convention du 10 novembre 2017
: remboursement d’un montant de 50
463
€ (rémunération et charges
sociales d’un ETP calculées sur
la moyenne des agents mis à disposition)
42
Convention du 19 novembre 2020
43
Annexe A09.2 du contrat
44
Délibération n° 7 du 15 septembre 2021 du comité syndical
45
Délibération n° 8 du 15 septembre 2021 du comité syndical
Certaines modalités de gestion des emprunts et lignes de trésorerie sont précisées (durée et index de
référence, nombre minimal d’offres demandées) mais pas le montant maximal emprunté. Par ailleurs, le président
peut préparer, passer, exécuter et régler tous « marchés et accords-cadres de travaux, de fournitures et services
sans condition de seuil lorsque les crédits sont inscrits au budget ainsi que toute décision concernant leurs avenants
quel que soit le pourcentage d’augmentation du montant du contrat initial
».
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
32
Le comité syndical a également délégué ses attributions au président pour saisir la
commission consultative des services publics locaux (CCSPL) sur tout projet
de gestion d’un
service public (DSP, régie, partenariat)
46
.
Le président n’a pas délégué l’exercice d’une partie de ses fonctions aux vice
-présidents
ou autres membres du bureau.
En revanche, il a délégué sa signature au directeur général des services, au directeur
technique et à la secrétaire générale pour tous les actes relevant de leurs attributions à
l’exception de certains actes limitativement énumérés
47
.
Recommandation n° 2.
: Réunir la commission consultative des services publics locaux
(CCSPL) pour qu’elle se pronon
ce sur le rapport annuel du délégataire (art.
L. 1413-1 du
CGCT
).
5.2
Le dispositif de suivi et de contrôle
Le contrat, dont la convention initiale, ses annexes et ses avenants comportent plus de
1
200 pages, présente les travaux et services fournis par le délégataire. Il précise l’organisation
retenue et certaines des procédures établies par les deux parties.
Les indicateurs chiffrés mesurant l’atteinte des engagements contra
ctuels se concentrent
essentiellement sur la construction du réseau dans les délais voulus par Sarthe numérique et,
pour partie, la qualité de service
48
. Ces aspects sont suivis à la fois dans le rapport annuel du
délégataire et en comité d’exploitation. Le
s modalités de suivi ont parfois été enrichies au cours
de l’exécution du contrat.
Par exemple, un tableau annexé au contrat précise les engagements de livraison des
études de conception et de production des points de mutualisation (PM) par jalons annuels
devenus mensuels. Il fait l’objet d’un suivi hebdomadaire dans un tableau de bord mis en place
en 2021. Depuis la même année, l’état des prises IPE (investissement de premier établissement)
est présenté par mission.
Certains indicateurs de qualité de service (garanties de temps de rétablissement, taux de
disponibilité du réseau) sont également suivis.
46
Délibération n° 9 du 15 septembre 2021 du comité syndical
47
Rapports à soumettre au comité syndical ; courriers aux ministres, parlementaires et préfet ;
conventions, marchés publics et leurs avenants, exceptés les marchés conclus après procédure adaptée, tels que
définis par le code des marchés publics, dont le montant est inférieur à 50 000
€
HT (10
000 € HT pour le directeur
technique et la secrétaire générale) ; actes notariés. Arrêtés n° 21/22, 21/23 et 21/24 du 20 septembre 2021 du
président
48
Notamment, pour l’exploitation
technique : disponibilité du réseau à hauteur de 99,5 %, respect de la
garantie de temps de rétablissement (GTR) dans 95 % des incidents majeurs impliquant l’ensemble des utilisateurs
finals d’un PM
; pour l’exploitation commerciale
: respect des délais d
e mise en service des liens d’accès à hauteur
de 95 %.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
33
De même, les pénalités se concentrent essentiellement sur la construction du réseau et
la qualité du service. Aucune n’a été appliquée.
Pourtant, certain
s objectifs n’ont pas été atteints. Par exemple, en matière d’insertion et
de formation, si l’objectif de 54
000
heures de formation et d’insertion au titre des missions
n°
1 et 3A a été dépassé (66 974 heures à fin 2021), l’objectif plus précis de 9
000 heures de
formation n’a pas été atteint (2 398 heures à fin 2021).
Par ailleurs, en dehors du contrat, il existe de nombreux autres indicateurs suivis par
Sarthe Numérique et mesurant la vie du réseau (
backlog
49
et délai de traitement des tickets
d’incident,
délai de raccordement, taux d’échec de raccordement, taux de panne,
open data
,
etc.). Ils ne font l’objet ni d’engagements contractuels ni de pénalités associées. Le déploiement
étant quasiment achevé et l’exploitation représentant désormais l’essentiel de l’activité du
délégataire, Sarthe numérique est encouragé à rectifier cette
situation par voie d’avenant.
Recommandation n° 3.
: Contractualiser des indicateurs chiffrés d’exploitation du
réseau et y associer des pénalités.
5.3
L’information et la communication
5.3.1
Le
rapport
annuel
du
délégataire
et
les
autres
documents
prévus
contractuellement
Le délégataire produit chaque année avant le 1
er
juin qui suit l’exercice considéré un
rapport comportant les informations légales et règlementaires obligatoires
50
.
Ce rapport fait l’objet d’une analyse par un groupement de cabinets (
cf. supra
)
demandant des informations complémentaires, parfois depuis plusieurs années (mise en
perspective des éléments financiers avec les aspects techniques et commerciaux, explication
des écarts financiers, ventilation par mission, etc.).
L’analyse portant sur le rapport financier vérifie l’existence et la qualité de toutes les
informations correspondantes prévues à l’annexe A13 du contrat relative aux modèles de
compte-rendu. À cet égard, Sarthe numérique, qui dispose des comptes détaillés, suit le compte
d’exploitation prévisionnel dont la présentation reprend celle du plan d’affaires
51
révisé
annuellement pour intégrer les réalisations.
49
« Stock
» de tickets entrants ne faisant pas l’objet d’un ticket sortant. Les indicateurs d’exploitation
suivis en comité d’exploitation font l’objet de cycles de contrôle mis en place selon des seuils d’acceptabilité et
d’alerte issus du
backlog
par typologie des incidents.
50
Art.
L. 1411-3 du CGCT
,
art. 52 de l’ordo
nnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats
de concession
,
art. 33 du décret n° 2016-86 du 1
er
février 2016 relatif aux contrats de concession
, applicables dès
lors que le contrat de DSP a été signé le 20 décembre 2018 et notifié le mois suivant, article 38.6 de la convention
et annexe A13 « modèle de comptes rendus annuel et trimestriel »
51
Annexe A15 du contrat
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
34
L’analyse portant sur le rapport technique et commercial, si elle a permis d’enrichir les
modalités de suivi du contrat (
cf. supra
), est plus imprécise sur le fait de savoir si certaines
informations demandées relèvent d’engagements contractuels ou non.
Le délégant dispose d’un pouvoir de contrôle étendu et peut demander la transmission
de toute information au délégataire. Pour autant, l’actualisation de l’annexe A13 du contrat, à
la suite de la contractualisation d’indicateurs d’exploitation (
cf. supra
), devrait lui permettre
d’obtenir ces informations plus facilement.
Tout comme les actions de développement des usages (pourtant prévues dans l’annexe
A13 du contrat), les aspects liés au développement durable sont peu détaillés dans le rapport
annuel du délégataire (l’analyse indique pourtant que «
les résultats des actions conduites en
matière de protection de l’environnement
» sont fournies).
Ce rapport fait la synthèse des comptes-rendus trimestriels, eux-mêmes reprenant les
présentations quasi mensuelles des comités d’exploitation (
cf. supra
) et les indicateurs suivis
en temps réel via les systèmes d’information (
cf. infra
).
5.3.2
Des systèmes d’informat
ion mis à disposition par le délégataire au service du
suivi de la concession
Le délégataire met à disposition de Sarthe numérique plusieurs systèmes d’information
prévus contractuellement
52
et permettant au syndicat de suivre l’exécution du contrat
:
•
Un extranet « console délégant » comportant différentes fonctionnalités : météorologie du
réseau (indicateurs de supervision), accès aux tickets d’incident, suivi des travaux
programmés et de maintenance curative, indicateurs de qualité et de capacité, indicateurs
commerciaux (délai de raccordement).
Il permet au délégant de visualiser en temps réel et de manière dynamique (cartes,
graphiques) l’état et la vie du réseau. Sarthe numérique est très satisfait de cet outil et de ses
évolutions.
La fiabilité des données produites par le délégataire est contrôlée annuellement et en partie
trimestriellement par le syndicat à partir d’un échantillonnage des données source (par
exemple, extraction des tickets ou incident signalé ayant bien fait l’objet d’un ticket).
•
Un outil de gestion électronique de documents (
Sharepoint
) qui permet de dématérialiser la
documentation détaillée des réseaux et de travailler en mode collaboratif de manière sécurisée
(pas d’envoi des documents par mail, droits d’accès,
mots de passe, etc.). Sarthe numérique
conserve l’historique des documents en en enregistrant une version annuellement sur son
serveur.
52
Annexe A09.3 du contrat
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
35
Le syndicat a également recours à une base informatique de l’aménagement numérique
–
suivi comptable et administrati
f (Bianca) qu’il a faite développer pour suivre le marché de
travaux de 2015 à 2018 (
cf. supra
). Les fonctionnalités liées à la gestion des bons de commande
et la facturation n’ont plus d’utilité mais les fiches de suivi des opérations par nœud de
raccordement optique (NRO) et point de mutualisation (PM) autorisent une connaissance fine
du réseau construit sous la maîtrise d’ouvrage de Sarthe numérique.
5.3.3
Un espace réservé aux élus sur le site internet à mettre en place pour un
meilleur suivi de l’état du ré
seau
Le contrat prévoit la mise en place d’un plan de communication par le délégataire dans
la continuité du précédent réalisé par Sarthe numérique
53
. Les actions favorisant la
commercialisation du réseau ont été menées, après validation du délégant :
-
Réun
ions d’ouverture commerciale destinées au grand public, séminaire destiné aux élus,
aux opérateurs commerciaux, conférence de presse, page
Facebook
, etc.
-
Site internet «
la fibre arrive chez vous
» destiné au grand public, aux entreprises, aux
opérateurs commerciaux, mettant en avant les avantages de la fibre optique, listant les
opérateurs présents sur le réseau, comportant un test d’éligibilité, des informations sur les
modalités de raccordement, les règle
s d’ingénierie pour les aménageurs, des formulaires de
contact et de commande d’étude d’adduction
.
Néanmoins, l’espace sur le site internet réservé aux élus et services techniques des
communes reste à mettre en place pour permettre un meilleur suivi par c
es acteurs de l’état du
réseau (déclaration d’un dommage, etc.).
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La gouvernance de Sarthe numérique accorde une place prépondérante au
Département de la Sarthe.
Le suivi du contrat de délégation de service public est assuré par de nombreux acteurs
–
Sarthe numérique, Département, groupement de cabinets extérieurs, Sartel THD et son
groupe Axione
–
au moyen de différents outils autorisant plusieurs niveaux de contrôle
–
rapport
annuel,
présentations
quasi
mensuelles
en
comité
d’exploitation,
système
d’information du délégataire mis à disposition en temps réel.
Le déploiement du réseau étant quasiment achevé, des indicateurs d’exploitation déjà
suivis devraient être
contractualisés au travers d’objectifs chiffrés et de pénalités, puis
entraîner l’actualisation des informations devant obligatoirement figurer dans le rapport
annuel.
La commission consultative des services publics locaux devrait également être réunie,
ce à quoi Sarthe numérique s’est engagé
.
53
Annexe A06.5 du contrat
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
36
6
L’EQUILIBRE ECONOMIQ
UE DE LA SECONDE DSP
La chambre a examiné l’équilibre économique du deuxième contrat de délégation de
service public (DSP) conclu en 2018.
Contrat de concession et équilibre économique
Le contrat de délégation de service public (DSP) doit transférer aux opérateurs
économiques un risque lié à l’exploitation de l’ouvrage ou du service, en contrepartie soit du
droit d’exploiter l’ouvrage ou le service, soit de ce droit assorti d’un prix. «
La part de risque
transférée au concessionnaire implique une réelle exposition aux aléas du marché, de sorte que
toute perte potentielle supportée par le concessionnaire ne doit pas être purement théorique ou
négligeable. Le concessionnaire assume le risque d'exploitation lorsque, dans des conditions
d'exploitation normales, il n'est pas assuré d'amortir les investissements ou les coûts, liés à
l'exploitation de l
’
ouvrage ou du service, qu
’
il a supportés »
54
.
Le concessionnaire réalise nécessairement une marge sur son exploitation, qui lui
permet de rémunérer ses actionnaires, mais également d’améliorer tout au long du contrat la
qualité du service dont la gestion lui est déléguée. Cette marge doit être connue du concédant
et mise en relation avec la nature de
l’activité, les capitaux investis et les risques encourus.
La réalité de l’équilibre économique conditionne le bon emploi des fonds publics.
6.1
Les produits du service délégué
Les produits reçus par le délégataire, Sartel THD, proviennent essentiellement de la
location du réseau auprès des opérateurs commerciaux. Les tarifs de location sont approuvés
par le comité syndical de Sarthe numérique. Les modifications de la grille tarifaire font l’objet
d’avenants au contrat. Certains tarifs sont indexés, en particu
lier ceux qui participent le plus à
la formation du chiffre d’affaires.
Sarthe numérique ne dispose pas de marge de manœuvre pour ajuster les tarifs de
location de son réseau aux spécificités de la concession. En effet, les conditions tarifaires
d’accès d
es opérateurs commerciaux aux réseaux ouverts au public à très haut débit en fibre
optique sont régulées au niveau national pour être objectives, transparentes, non
discriminatoires et proportionnées
55
.
54
Art.
L. 1121-1
du CPP dans sa rédaction en vigueur depuis le 1
er
avril 2019
55
VI de l’article
L. 1425-1 du CGCT
,
lignes directrices de l’Arcep du 7 décembre 2015
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
37
Outre le mode locatif, l’accès des opérateurs commerciaux au réseau est également
possible en cofinancement. La structure des produits reçus par la société Sartel THD a évolué
avec la modification de la stratégie de ces opérateurs s’orientant davantage ver
s un
cofinancement des investissements. Cela a eu une incidence sur le plan d’affaires (baisse des
recettes de location : 899
M€ vs 961
M€ sur la durée du contrat). Néanmoins, le taux de
rendement interne (TRI) est resté inchangé à 8,33 % dès lors que le cofinancement se traduit
par des financements extérieurs (emprunts et avances en compte courant) moindres et
remboursés plus rapidement pour la société Sartel THD (baisse des charges financières : 23
M€
vs 62
M€ sur la durée du contrat).
Tableau n° 1 :
Tarifs de location du réseau (par prise)
En cofinancement
En location
passive
Droit d’usage
initial
Récurent
mensuel
Opérateurs
commerciaux
concernés
Abonnement
mensuel
Accès au point de
mutualisation
500 €
4,90 €
Orange +
1,21
€/abonné/mo
is (lien NRO-PM)
12,20 €
Accès au nœud de
raccordement optique
560 €
5,15 €
Free, SFR, Bytel
13,40 €
Source
: annexe A06.1 du contrat et plan d’affaire 2021
Par ailleurs, la société Sartel THD reçoit des participations publiques (ou subventions
d’équipement) de Sarthe numérique
56
:
•
pour la construction du réseau au titre de la seule mission n° 3, versée au cours du
déploiement, d’un montant total de 26
M€
;
•
pour l’extension de l’offre d’accès activés sur l’ensemble du périmètre de la mission n°
4,
d’un montant de 1,62 M€ (avenan
t n° 4) ;
•
pour les travaux sur la tête de réseau, d’un montant de 2,36
M€ (avenant n°
5) ;
•
pour la conception du réseau bas débit Internet des objets (IOT), d’un montant de 3,21
M€
(avenant n° 7).
6.2
Les charges du service délégué
Le délégataire a la charge du premier établissement du réseau de 2019 à 2024 pour un
montant de 100
M€ et de la
vie du réseau
(maintenance, densification, etc.) jusqu’en 2049 pour
un même montant de 100
M€.
56
IV de l’article
L. 1425-1 du CGCT
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
38
Les charges supportées par la société Sartel THD sont essentiellement constituées des
redevances
versées à Sarthe numérique, au titre de l’exploitation du réseau appartenant au
syndicat (missions n° 2 et n° 4 du contrat) (
cf. infra
) et des frais de contrôle engagés par le
syndicat.
Le montant de la redevance pour frais de contrôle est comparativement élevé (8,4
M€
sur la durée du contrat)
57
et supérieur aux dépenses engagées. Sarthe numérique indique qu’il a
été proposé par le candidat Sartel THD avant d’être inscrit au contrat.
En vertu d’une
clause de
retour à meilleure fortune
, en cas d’amélioration de l’économie générale du contrat, la société
Sartel THD peut aussi devoir reverser à Sarthe numérique une somme calculée à partir du
nombre de logements commercialisés et du chiffre d’affaires réels et prévisionnels. Les données
sont suivies mais aucun reversement ne peut intervenir avant la cinquième année du contrat,
soit 2024
58
.
Le plan d’affaires est fondé, par précaution, sur une hypothèse de renouvellement gratuit
des droits irrévocables d’usage (DIU ou IRU pour
Indefeasible Right of Use
)
59
. Dans le cas où
les IRU seraient renouvelés à titre onéreux, un reversement
sera effectué par la société Sartel
THD au bénéfice de Sarthe numérique.
La société Sartel THD supporte également les frais de location des infrastructures
appartenant à d’autres gestionnaires et utilisées par le réseau (Orange, réseau ferré de France
(RFF), concessionnaire d’autoroutes).
Enfin, la société Sartel THD rémunère le groupe Axione pour les avances en compte
courant qu’il lui apporte afin de couvr
ir le besoin de financement des investissements, selon le
contrat de financement (
cf. supra
).
La société Sartel THD verse également au groupe Axione des frais de structure au titre
des moyens mis à sa disposition par le groupe.
6.3
L’équilibre global du
contrat et son évolution
Des produits et charges mentionnés précédemment, il résulte pour le délégataire un taux
de rendement interne (TRI) de 8,33
%, ce qui n’apparaît pas anormal au vu du secteur
d’activité
60
. Celui du précédent contrat de DSP (2004-2019) était de 9,32 %
61
(cf.
annexe n° 6
).
57
CRC Bretagne, syndicat mixte Mégalis Bretagne, 2021
: redevance pour frais de contrôle de 25
000 €,
50
000 € en 2019 et 2020 et 100
000 € en 2021
58
Art. 31 du contrat et annexe A19
59
Droit permanent, irrévocable et exclusif d’usage de longue durée (une vingtaine d’années selon les cas).
60
CRC Bretagne, syndicat mixte Mégalis Bretagne, 2021
: dans le cas de Mégalis (réseau très haut débit
breton), le contrat initial de DSP prévoyait la rémunération des capitaux d’Orange à
hauteur de 15
%. L’avenant
n° 4 modifiait les conditions financières du contrat et affichait une rentabilité de 44 % pour Orange, que la CRC
Bretagne a qualifié d’excessive.
61
PV du 16 septembre 2019
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
39
Sarthe numérique connaît ce taux de retour sur investissement. En cela, il a suivi la
recommandation de la Cour des comptes dans son
rapport
de 2017
62
. Ce suivi devra être
poursuivi sur toute la durée du contrat, lequel n’est qu’à son commencement d’exécution.
Le
syndicat s’y est engagé dans sa réponse aux observat
ions provisoires, en plus de suivre
l’état
d’avancement de la mise en cohérence des inventaires physique et comptable (cf.
infra
), les
indicateurs d’exploitation et l’application éventuelle de pénalités (cf.
supra
).
L’excédent brut d’exploitation (EBE) cu
mulé devient supérieur aux seules dépenses
d’investissement de premier établissement (hors raccordement, densification, enfouissement,
renouvellement) à compter de la seizième année du contrat (EBE de 113 M€ vs investissements
de 103 M€ en 2034).
Si les tarifs de location ne peuvent être ajustés (
cf. supra
), le concessionnaire est soumis
à l’aléa économique du nombre de prises raccordables construites (vitesse du déploiement) et
de leur commercialisation (prises raccordées).
Il peut être relevé qu’en correspondant principalement jusqu’ici à des levées d’options
prévues au contrat initial, les avenants n’ont pas d’impact significatif sur l’équilibre
économique de ce dernier (cf.
annexe n° 6
).
Recommandation n° 4.
Poursuivre le suivi du taux de rendement interne (TRI) sur toute
la durée du contrat de délégation de service public (DSP).
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Si les conditions tarifaires d’accès des opérateurs commerciaux au réseau sont régulées
au niveau national et ne peuvent être ajustées, le risque lié à la vitesse de construction du
réseau et à sa commercialisation a bien été transféré au délégataire.
Au vu de ce risque, des capitaux investis et du secteur d’activité, le taux de rendement
interne (TRI) du délégataire de 8,33
% n’appar
aît pas anormal. Il résulte des produits perçus
par la société Sartel THD (recettes de location du réseau, co-financement des investissements
par les opérateurs commerciaux, participations publiques de Sarthe numérique, etc.) et des
charges que la société supporte (redevances versées à Sarthe numérique, dépenses de premier
établissement et de vie du réseau d’un montant total de 200
M€, frais de location des
infrastructures des autres gestionnaires, rémunération du groupe Axione pour les avances en
compte courant et les frais de structure, etc.).
L’excédent brut d’exploitation (EBE) cumulé devient supérieur aux seules dépenses
d’investissement de premier établissement (hors raccordement, densification, enfouissement,
renouvellement) à compter de la seizième année du contrat.
Le suivi du TRI devra être poursuivi sur toute la durée du contrat, ce à quoi Sarthe
numérique s’est engagé
.
62
Cour des comptes,
Les réseaux fixes de haut et très haut débit
, Un premier bilan, janvier 2017 : la Cour
recommandait aux collectivités territoriales de renforcer le suivi de la performance
des réseaux d’initiative
publique (RIP) en calculant un taux de retour sur investissements.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
40
7
LA FIABILITE DES COMPTES
Sarthe numérique compte deux budgets : le budget principal ne représente que 1,8 %
des recettes de fonctionnement en 2021. Le budget le plus important est donc le budget annexe
« réseau
» retraçant l’activité de ce service public industriel et commercial (
SPIC). Une
instruction budgétaire et comptable différente s’applique à chacun de ces budgets
: M52 pour
le budget principal et M4 pour le budget annexe « réseau »
63
.
Tableau n° 2 :
Budgets de Sarthe numérique
Budget
Libellé
Nomenclature
Recettes de
fonctionnement
2021
(en €)
%
Budget
principal
ASYMIX Sarthe Numérique
M52
117 045
1,8 %
Budget
annexe
Réseau Sarthe Numérique
M4
6 494 479
98,2 %
Total
6 611 524
100,00%
Source : CRC d'après les comptes de gestion
7.1
Le suivi patrimonial
7.1.1
La mise en cohérence nécessaire des inventaires physique et comptable établis
par le délégataire
Dans le cadre d’une délégation de service public (DSP), le délégataire reçoit du délégant
et crée lui-même des immobilisations. Une connaissance fine de ce patrimoine est nécessaire
au délégant pour contrôler la délégation sur la durée du contrat et aux parties pour calculer une
juste indemnité en cas de litige voire de résiliation.
Or, le délégataire Sartel THD a établi deux inventaires des immobilisations, l’un
détaillant ces biens, l’autre
renseignant sur leur valeur, sans que ces documents ne puissent être
mis en cohérence.
63
Statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
41
Comme le relève l’analyse du rapport du délégataire (
cf. supra
), celui-ci ne montre pas
de volonté à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour mettre en cohéren
ce les deux
documents, moyens qui augmentent au fil du temps. Il s’agit pourtant d’une priorité du syndicat,
s’agissant d’un risque majeur lors de la sortie de la DSP.
Recommandation n° 5.
: Obtenir du délégataire une mise en cohérence des inventaires
physique et comptable de la délégation de service public (DSP).
7.1.2
L’inventaire uniquement comptable des immobilisations de Sarthe numérique
Sarthe numérique a établi un inventaire comptable des immobilisations dont il est
propriétaire. Le RIP1 (68,37 M€ au 31 décembre 2022) comme
le RIP2 (« études » pour
23,8
M€ et «
travaux
» pour 92,28 M€ au 31 décembre 2022) y tiennent sur deux lignes
principales. Les inventaires physiques du RIP1 et du RIP2 pour la partie réalisée sous sa
maîtrise d’ouvrage, dont fait état le syndicat dans sa
réponse aux observations provisoires,
éléments désormais suivis par le délégataire, appellent les mêmes réserves que l’inventaire
physique du RIP2 tenu par ce dernier (
cf. supra
).
Par ailleurs, le syndicat n’a pas amorti le RIP2 construit de 2016 à 2021,
lequel reste
imputé au compte 2315 pour un montant de 123,6 M€, alors que tous les nœuds de raccordement
optique (NRO) et points de mutualisation (PM) sont en service et que de nombreux
raccordements finals sont réalisés. Sarthe numérique justifie ce délai
par le fait qu’il n’a validé
que le 28 septembre 2022 l’ensemble de la documentation remise dans un format exploitable
par le délégataire. Selon le tableau de prospective financière, l’amortissement devrait débuter
en 2023.
Enfin, en l’absence d’amortisse
ment, la valeur du RIP1 est surévaluée de 30 %
(226 227 455
€ au lieu de de 174
498 462
€). La part du RIP1 amortie en totalité par le
délégataire et remise au syndicat en 2019 apparaît pour 51 728
993 € alors que sa valeur nette
devrait être égale à zéro. En réponse aux observations provisoires, le syndicat a indiqué avoir
rectifié cette erreur.
7.2
Des subventions d’investissement non amorties jusqu’en 2022
Le précédent
rapport
de la chambre relevait l’absence d’amortissement des subventions
d’investissement (ou participations publiques) versées au délégataire et alors comptabilisées au
budget principal.
Ces subventions ont depuis été transférées au budget « annexe » réseau, au compte
2764, dès lors que l’instruction M4 applicable à ce budget ne prévoit pas de compte 204 où les
enregistrer.
Contrairement à l’engagement qu’il avait pris, Sarthe numérique n’a amorti qu’à
compter de 2022 les subventions versées à la société Sartel de 2004 à 2019 au titre de la
construction du réseau d’initiative publique dit «
de première génération » (RIP1).
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
42
Le mécanisme mis en place depuis 2022 pour amortir les subventions d’équipement
versées fait appel à une provision p
our dépréciation au débit du compte 6866 et l’inscription de
sa contrepartie au crédit du compte 29764 afin de déprécier le compte 2764. Le montant annuel
de la dépréciation est de 1 667
617,99 € sur 18 ans, soit un total de 30
017 123,77
€ jusqu’en
2041.
En parallèle, de 2022 à 2041, le syndicat procédera à la reprise annuelle des subventions
qu’il a reçues pour financer celles versées au délégataire. Ainsi, pendant 18 ans, un montant
annuel de 1 292 647,08
€ sera repris au débit du compte 139 et au crédit
du compte 777 pour
un total de 23 267 647,44
€.
7.3
D’autres écritures comptables n’appelant pas d’observation
Les contrôles ont été réalisés de manière exhaustive sur le budget principal et le budget
annexe. Ne révèlent pas d’anomalie les recettes et dépenses à classer en fin d’exercice, la reprise
en fonctionnement de la quote-
part des subventions d’investissement dites transférables, les
charges à répartir, les charges et produits constatés d’avance, le rattachement des produits et
des charges à l’exerci
ce, le refinancement de la dette, les intérêts courus non échus (ICNE), les
cessions d’immobilisations, les provisions (cf.
annexe n° 7
).
7.4
Des prévisions budgétaires à fiabiliser en dépenses d’exploitation
S’agissant du bu
dget annexe « réseau », les taux de réalisation budgétaire des dépenses
d’investissement ne dépassent pas 80
%.
Cela peut s’expliquer par l’ampleur des travaux à
mener. Le syndicat gère ses investissements en autorisations de programme et crédits de
paiement (AP/CP).
Les taux de réalisation budgétaire des recettes d’exploitation n’appellent pas
d’observation. Ceux des dépenses d’exploitation sont faibles en 2020 (65
%), 2021 (71 %) et
2022 (69 %) (cf.
annexe n° 7
).
L’ann
ulation de crédits ouverts concerne en particulier le chapitre 011 « charges à
caractère général ». Sur la période 2018-2022, les crédits ouverts à hauteur de 1 210 850
€ ont
été annulés à hauteur de 687 421
€, et concernent notamment les comptes 618 «
Divers », ainsi
que les comptes 6061 et 6063 « Fournitures ».
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
43
En outre, les crédits ouverts pour dépenses imprévues ne sont jamais consommés.
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
Il apparaît
nécessaire d’améliorer le suivi patrimonial du contrat de délégation de
service public (DSP). L’absence
de concordance entre l
’inventaire physique (détail des biens)
tenu par le délégataire et un inventaire comptable (valeur des biens) enregistrant les
amortissements représente un risque au moment de la sortie de la DSP.
Les subventions d’équipement (ou participations publiques) finançant la construction
du réseau n’ont été amorties qu’à compter de 2022.
Si les prévisions budgétaires sont globalement sincères, le taux de réalisation des
dépenses d
’exploitation
du budget annexe « réseau » devrait être amélioré.
8
LA SITUATION FINANCIERE
8.1
Le budget principal
S’agissant du budget principal, au 31
décembre 2022, les recettes de fonctionnement
(116 916
€) provi
ennent uniquement des participations du Département de la Sarthe (57 982
€)
et des autres collectivités (58
934 €). Les charges de fonctionnement (76
765
€) sont
essentiellement constituées des dépenses de personnel (54 093
€) et des charges à caractère
général (22
672 €). L’intégralité de la dette a été transférée au budget annexe en 2019. Aucune
dépense d’investissement n’est enregistrée depuis 2018. (cf.
annexe n° 8
)
8.2
Le budget annexe « réseau »
S’agissant du budget annexe «
réseau », au 31 décembre 2022, les recettes
d’exploitation (5,31 M€) proviennent essentiellement des redevances versées par le délégataire
Sartel THD (5,08 €). Les charges de même nature (0,93 M€) sont majoritairement constituées
des dépenses de personnel (0,70
M€) et des charges à caractère général (0,13 M€).
La capacité d’autofinancement (CAF) brute s’élève à 4,38 M€ en 2022.
Sur la période 2018-
2022, la CAF nette cumulée s’élève à 22,79
M€ et les subventions
d’investissement reçues à 87,99 M€, soit un fin
ancement propre disponible de 110,78
M€. Les
dépenses d’équipements et investissements financiers cumulés s’élèvent à 125,04
M€. Le
besoin de financement (14,25
M€) se concentre majoritairement sur l’année 2020.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
44
En conséquence, des emprunts à court terme ont été contractés en 2020 pour un montant
de 17 M€. Il s’agit de prêts remboursables
in fine
en 2024 dans l’attente de la réception de
subventions. Au 31 décembre
2022, l’encours de dette du budget annexe s’élève à 19,63
M€ et
la capacité de désendettement est de 4,5 ans. La trésorerie est de 7,16
M€ (cf.
annexe n° 8
).
8.3
La prospective
8.3.1
Le coût et le financement du déploiement du réseau
Le cout d’investissement, lié au déploiement du réseau, supporté par le syndicat (marché
de
travaux et subventions d’équipement ou participations publiques versées au délégataire)
s’élèvera à 168,76
M€ entre 2016 et 2025, décomposé comme suit
:
•
Construction du réseau
: 117,63 M€ (essentiellement 2016
-2020)
•
Complétude du réseau
: 16,43 M€ (2020
-2025)
•
Subvention IPE (investissement de premier établissement) (mission n° 3) : 26
M€
(2020-2023)
Sur la même période, les subventions d’investissement reçues par le syndicat pour
financer le réseau s’élèveront à 135 M€ et se répartiront entre l’État (FSN 3
8
M€), l’Europe
(7
M€), la Région Pays de la Loire (32
M€), les EPCI (33 M€) et le Département de la Sarthe
(25
M€).
8.3.2
La prospective jusqu’à la fin du contrat de délégation de service public (DSP)
Sarthe numérique dispose d’un outil de prospective dont les
projections courent sur
toute la durée du contrat de délégation de service public (DSP), soit jusqu’en 2048 (cf.
annexe
n° 8
).
Les redevances versées par le délégataire Sartel THD à Sarthe numérique, qui
constituent l’essentiel des recettes d’exploitation du syndicat, permettent à celui
-ci de dégager
une capacité d’autofinancement (CAF) brute de 142,7 M€ et un financement propre disponible
de 254,4 M€. Ces redevances sont certaines dans la mesure où elles résultent de l’applica
tion
du contrat.
Selon la prospective établie, de 2016 à 2025, les dépenses cumulées (208,1
M€) sont
essentiellement constituées des dépenses d’investissement (168,8
M€). Elles sont financées par
les subventions d’investissement reçues (135 M€), les redev
ances versées par le délégataire
(56,6 M€) et la dette dans une moindre mesure (encours de 15,6 M€ en 2025).
Après 2025, ces redevances continueront de s’élever à plus de 6 M€ par an, soit
206,5
M€ sur l’ensemble de la période 2016
-2048 (minimum sans actualisation de 203
M€)
(cf.
annexe n° 8
).
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
45
Sarthe numérique projette des dépenses d’investissement de 1,5 M€ par an de 2026 à
2029 puis de 4 M€ par an de 2030 à 2048. Cependant, le réseau étant achevé en 2025, aucun
projet n’est associé à ces dépenses en l’absence de plan pluriannuel d’investissement (PPI).
Tableau n° 3 :
Financement cumulé des investissements 2016-2048 du budget annexe
En M€
CAF brute
142,7
- Remboursement en capital de la dette THD
17,0
- Remboursement en capital de la dette RIP1
6,3
= CAF nette
119,4
+ Subventions d’investissement
135,0
= Financement propre disponible
254,4
Investissements totaux
252,1
- Dont investissements THD
168,8
- Dont investissements 2026-2048
83,3
Source : tableur prospective BA THD Sarthe
En réponse aux observations provisoires, le syndicat a indiqué avoir conservé des
capacités financières par prudence. Il a ajouté que son PPI s’appuierait sur l’actualisation du
SDTAN mais également
l’évolution du contexte d’intervention qui doit être pris en compte
dans l’enjeu de résilience,
lequel ne peut se résumer à la seule mise en souterrain du réseau.
La chambre estime que
Sarthe numérique doit s’interroger sur l’emploi de
ses recettes
dans son futur
PPI, sans quoi son fonds de roulement pourrait atteindre 100 M€ en 2048.
En raison de l’encadrement des tarifs par l’Arcep (
cf. supra
), une éventuelle baisse de
la redevance d’affermage, en plus de modifier l’équilibre économique du contrat
, ne pourrait
être répercutée sur les opérateurs commerciaux, ni par suite les usagers finals.
Recommandation n° 6.
: Élaborer un plan pluriannuel d’investissement (PPI).
______________________ CONCLUSION INTERMÉDIAIRE ______________________
La situation financière actuelle est satisfaisante. La capacité de désendettement de
4,5 ans du budget annexe « réseau
», le plus important, s’explique en particulier par le retard
dans la perception des subventions d’investissement versées à Sarthe numérique pour financer
la phase 1 du réseau sous sa maîtrise d’ouvrage, subvention
s publiques dont le montant cumulé
devrait atteindre 135
M€ en 2025.
Après 2025, les redevances versées à Sarthe numérique par son délégataire Sartel THD
continueront de s’élever à plus de 6 M€ par an, soit 206,5 M€ sur l’ensemble de la période
2016-2048.
Sarthe numérique doit donc s’interroger dans un plan pluriannuel d’investissement
(PPI) sur les investissements qu’il projette de financer, sans quoi son fonds de roulement
pourrait atteindre 100 M€ en 2048.
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
46
ANNEXES
Annexe n° 1. Glossaire
....................................................................................................
47
Annexe n° 2. Le réseau d’initiative publique de Sarthe numérique
................................
48
Annexe n° 3. La gouvernance de Sarthe numérique
.......................................................
50
Annexe n° 4. L’équilibre économique de la seconde DSP
.............................................
52
Annexe n° 5. La fiabilité des comptes
............................................................................
54
Annexe n° 6. La situation financière
...............................................................................
55
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
47
Annexe n° 1.Glossaire
ADSL
:
Asymmetric Digital Subscriber Line
: communication numérique par ligne
téléphonique
AMII
: appel à manifestations d’intentions d’investissement
ARCEP
: autorité de régulation des communications électroniques et des postes
CAF
: capacité d’Autofinancement
CCSPL
: commission Consultative des services publics locaux
CDSP
: commission de délégation de service public
CGCT
: code général des collectivités territoriales
DSP
: délégation de service public
EBE
: excéd
ent brut d’exploitation
EPCI
: établissement public de coopération intercommunale
FAI
: fournisseur d’accès à Internet
FEDER
: fonds européen de développement régional
FSN
: fonds national pour la société numérique
FttH
:
Fiber to the Home
: fibre optiqu
e déployée jusqu’à l’abonné grand public
FttO
:
Fiber to the Office
: fibre optique déployée jusqu’à l’abonné entreprise si souscription
de l’offre
IPE
: investissement de premier établissement
IOT
:
Internet of Things
ou internet des objets
IRU
:
Indefeasible Rights of Use
ou droits irrévocables d’usage (DIU)
NRO
: nœud de raccordement optique
OCEN
: opérateur commercial d’envergure nationale
PBO
: point de branchement optique
PM
: point de mutualisation
PPI
: plan pluriannuel d’investissement
PPRI
: plan de prévention du risque inondation
PTO
: prise terminale optique
RIP
: réseau d’initiative publique
SDTAN
: schéma directeur territorial d’aménagement numérique
SIG
: système d’information géographique
SPIC
: service public industriel et commercial
STOC
: sous-traitance opérateur commercial
TRI
: taux de rendement interne
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
48
Annexe n° 2.
Le réseau d’initiative publique de Sarthe numérique
Tableau n° 4 :
Évolution de la réalisation du réseau d’initiative publique de deuxième génération
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prises réalisées
1
500
8
500
25
587
68
997
41
425
125
979
61
577
175
218
131
442
201
776
208
734
Km de câble optique
6
023
8
326
11
196
14
541
Nœuds de
raccordement optique
2
9
23
47
60
66
66
Points de mutualisation
4
26
62
102
151
315
476
Source
: rapports d’activité 2018, 2019, 2020, 2021
Tableau n° 5 :
Répartition des logements par technologie disponible (en septembre 2022)
France
Pays de la
Loire
Sarthe
Loire-
Atlantique
Maine-et-
Loire
Mayenne
Vendée
Haut débit
17,4 %
15,6 %
11,1%
20,7 %
19,2 %
9,6 %
8,8 %
THD
82,4 %
84,4 %
88,9 %
79,3 %
80,8 %
90,4 %
91,2 %
-
Dont fibre
74,6 %
72,7 %
86,0 %
71,8 %
75,0 %
87,9 %
57,0 %
- Dont câble
1,7 %
1,1 %
0,5 %
1,4 %
1,5 %
/
0,9 %
- Dont cuivre
4,2 %
5,7 %
2,3 %
6,1 %
4,2 %
2,5 %
10,2 %
- Dont radio
2,0 %
4,8 %
/
/
/
/
23,2 %
Source :
Arcep
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
49
Tableau n° 6 :
Évolution du nombre de clients du réseau d’initiative
publique de deuxième
génération, par technologie disponible
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Prév
ision
nel
Réal
isé
Clients utilisant le
RIP2 de Sarthe
numérique
40
452
43
520
52
541
76
943
104
513
-
Dont particuliers
38
093
40 8
53
49
595
74
503
101
802
- Dont clients FttH
3
772
5
665
8
176
27
145
19
970
54
954
52
705
98
014
90
318
- Dont clients ADSL
32
751
31
949
31
675
30
926
28
989
28
010
21
459
23
469
11
267
- Dont clients solutions
hertziennes
(WiMax/LTE)
1
570
1
298
1
002
1
125
636
851
339
319
217
- Dont entreprises et
secteur public
2
359
2
667
2
546
2
440
2
711
- Dont entreprises et
secteur public fibre
1
085
908
1
049
1
050
1
139
1
156
1
229
1
309
1
756
Nombre de prises
ouvertes
commercialement
1
500
8
500
25
587
68
997
41
425
125
979
61
577
175
218
131
442
201
776
208
734
Nombre de PM ouverts
commercialement
4
26
62
299
102
443
151
476
315
476
476
Taux de pénétration
8,2%
19,7
3%
21,5
5%
32,4
3%
31,3
6%
40,1
%
48,5
8%
43,2
7%
Source
: rapports d’activité 2018, 2019, 2020, 2021
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
50
Annexe n° 3. La gouvernance de Sarthe numérique
Tableau n° 7 :
La composition du comité syndical
Membres
Nombre de
délégués
(titulaires)
Nombre de
voix
Nombre de
vice-
présidents
Département de la Sarthe
5
64,5
1
Communauté urbaine Le Mans métropole
3
21,5
1
Communauté de communes des Haute Sarthe Alpes
Mancelles
3
3
1 pour tous
les EPCI
Communauté de communes Sud Sarthe
3
3
Communauté de communes de la Champagne Conlinoise
et du Pays de Sillé
2
2
Communauté de communes Loir-Lucé-Bercé
3
3
Communauté de communes Maine Saosnois
3
3
Communauté de communes Maine Cœur de Sarthe
3
3
Communauté de communes du Gesnois Bilurien
3
3
Communauté de communes des Vallées de la Braye et
de l’Anille
2
2
Communauté de communes du Pays de l’Huisne
Sarthoise
3
3
Communauté de communes du Pays Fléchois
3
3
Communauté de communes du Pays sabolien
3
3
Communauté de communes du Sud-Est du Pays
Manceau
2
2
Communauté de communes du Val de Sarthe
3
3
Communauté de communes Loué-Brûlon-Noyen
3
3
Communauté de communes d’Orée de Bercé
-Bélinois
3
3
Commune de Villeneuve-en-Perseigne
1
1
Commune de Chenay
1
1
Source : statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
51
Tableau n° 8 :
Les collèges du comité syndical
Collège
Attributions
Composition
Modalités de vote
Collège en charge
des affaires
générales du
syndicat
Élection du président, des vice-présidents et des membres du
bureau
Examen des projets d’étude et d’action présentés par le président
Adoption d’un éventuel règlement intérieur
Vote du budget principal et du budget annexe
Fixation des contributions de fonctionnement des membres
Approbation du compte administratif
Autorisation du président à intenter et soutenir toute action
contentieuse et à accepter toute transaction
Création des postes et emplois
Principe de la DSP
Modification des statuts
Délégation de ses attributions au bureau
Élaboration et approbation du SDTAN
Adhésion ou retrait d’un membre
Département de la
Sarthe : 5 délégués
Communauté urbaine
Le Mans métropole :
3 délégués
EPCI ayant transféré
la compétence
communications
électroniques
Voix du
Département =
voix des EPCI
Voix du Mans
métropole = 1/3
des voix du
Département
Voix
prépondérante du
président en cas de
partage
Collège en charge
du développement
des usages et
services
numériques
Détermination des services et usages fonctionnels composant le
socle commun et le socle optionnel
Détermination des modalités et des montants des contributions des
membres pour le développement de services et usages
Validation des projets de conventions avec les membres pour la
fourniture de services et usages optionnels à la carte et autorisation
du président à les signer
Département de la
Sarthe : 5 délégués
Communauté urbaine
Le Mans métropole :
3 délégués
EPCI ayant adhéré au
socle commun de
développement des
usages et services
numériques
Voix du
Département =
voix des EPCI
Voix y compris Le
Mans métropole
Voix
prépondérante du
président en cas de
partage
Source : statuts approuvés par arrêté préfectoral du 8 février 2023
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
52
Annexe n° 4.
L’équilibre économique de la seconde DSP
Tableau n° 9 :
Les avenants à la concession de travaux et de services pour le financement, la
construction, la maintenance et l’exploitation de boucles locales optiques de dessertes à l’usager final
sur le territoire de la Sarthe
N° de
l’avenant
Date
Objet
Remarque
1
Signé le 30 septembre
2019 et notifié le
7 octobre 2019
Affermissement de la mission 4
Introduction d’un mécanisme de participation publique aux coûts de
raccordement des entreprises non éligibles aux offres d’accès FttH du
délégataire
Mise à jour des services fournis aux usagers et de leur tarification suite à
l’affermissement de la mission 4
Modification du catalogue de service et de la grille tarifaire
Modification des contrats de service
Mise à jour du plan d’affaires
Modification de la dénomination, la fréquence et la composition :
comités technique et stratégique
RAS
2
Signé le 5 février 2021
et notifié le 15 février
2021
Modification des engagements de production des PM : jalons mensuels
et plus annuels
Réalisation des ouvrages résiduels de la phase 1 (problématiques
d’obtention d’autorisations ou de
conventions) par le délégataire
(chiffrage des prestations en application du BPU)
Nouvel objectif de couverture
Modalités d’approbation des avant
-projets définitifs (APD) précisées
Régime de CRMAD anticipé précisé
Intégration d’une prestation d’adduction p
our les logements qui en sont
dépourvus
Régime de prise en charge de la taxe foncière par le délégataire
complété
Modification du catalogue de service et de la grille tarifaire
Augmentation des engagements en matière d’insertion
Pénalités
Sur le mécanisme
d’ajustement du
planning d’un
commun accord :
l
a modification
de
l’ordonnancement
de réalisation des
ZAPM peut
s’appliquer même
pour des PM
initialement
planifiés moins
de 18 après la
date d’accord
entre les deux
parties.
3
Signé le 29 juin 2021 et
notifié le 6 juillet 2021
Modification du catalogue de service et de la grille tarifaire
RAS
4
Signé le 3 janvier 2022
Extension de l’offre d’accès activités sur l’ensemble du périmètre de la
mission n° 4
Équilibre économique de l’offre d’accès activés de
haute qualité de la
mission n° 4
1 tranche ferme (fonds propres au délégataire) et 1 tranche optionnelle
(subvention d’équipement constituant une compensation d’obligation de
SP : montant maximal de 1,62
M€)
Garantie à première demande pour l’établissemen
t des travaux
d’extension sur le périmètre de la tranche optionnelle
Sort de l’encours des charges constatées d’avance au titre des
raccordements réalisés sur les BLOM tierces
Régime des biens
+ voir tableau
RAS
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
53
N° de
l’avenant
Date
Objet
Remarque
5
Signé le 30 novembre
2022
Levée de
l’option n° 3 de mise en œuvre de la nouvelle tête de réseau
+ voir tableau
RAS
6
Signé le 30 juin 2022 et
notifié le 6 juillet 2022
Modification du catalogue tarifaire
RAS
7
Approuvé par le conseil
syndical du 30 juin
2022
Mise en œuvre d’une solution
de connectivité IOT (
Internet Of Things
)
Équilibre économique de la mise en œuvre des solutions de connectivité
IOT
Évolution des offres de connectivité IOT
Cadres financiers
+ voir tableau
RAS
8
Signé le 2 décembre
2022
Modification du catalogue de service et de la grille tarifaire
RAS
Source
: CRC d’après les avenants au contrat
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
54
Annexe n° 5. La fiabilité des comptes
Tableau n° 10 :
Taux de réalisation budgétaire du budget annexe « réseau »
2018
2019
2020
2021
2022
Taux de réalisation
sans
RAR
avec
RAR
sans
RAR
avec
RAR
sans
RAR
avec
RAR
sans
RAR
avec
RAR
sans
RAR
avec
RAR
Dépenses
d'investissement
61%
61%
77%
77%
80%
80%
67%
67%
56%
56%
Recettes d'investissement
97%
97%
78%
78%
100%
100%
99%
99%
111%
111%
Dépenses d’exploitation
87%
87%
92%
92%
65%
65%
71%
71%
69%
69%
Recettes d’exploitation
104%
104%
96%
96%
100%
100%
101%
101%
100%
100%
Source : comptes administratifs
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
55
Annexe n° 6. La situation financière
Tableau n° 11 :
Recettes de fonctionnement cumulées 2016-2048 du budget annexe
Recettes de fonctionnement (2016-2048)
En M€
Flux DSP
196,87
- Dont redevance M2
141,57
- Dont supplément affermissement M3
19,13
-
Dont redevance d’occupation du domaine public (RODP) et
intéressement data center
3,41
- Dont redevance M4
12,65
- Dont redevance si affermissement M4 anticipé + PCA Sartel
20,12
Redevance de contrôle
9,61
Autres recettes de fonctionnement
2,42
Recettes réelles de fonctionnement
208,90
Reprise en fonctionnement des subventions d’équipement
134,26
Opérations d’ordre de fonctionnement
134,26
Source : tableur prospective BA THD Sarthe
Tableau n° 12 :
Dépenses de fonctionnement cumulées 2016-2048 du budget annexe
Dépenses de fonctionnement (2016-2048)
En M€
Charges de gestion
46,06
Indemnité de résiliation Sartel et PCA Sartel THD
10,51
Intérêts dette THD
8,84
Dépenses réelles de fonctionnement
66,17
Amortissements travaux initiaux
134,30
Amortissements travaux supplémentaires
41,41
Dépréciation subvention DSP versée à Sartel THD
33,64
Amortissement indemnité valeur nette comptable Sartel
9,67
Apurement
Sartel
(solde
dépréciation
/
amortissement
subvention)
6,54
Opérations d’ordre de fonctionnement
225,56
Source : tableur prospective BA THD Sarthe
Tableau n° 13 :
Dépenses et recettes de fonctionnement et d’investissement cumulées, comparaison
2016-2025 et 2016-2048
2016-2025
2016-2048
Dépenses cumulées
208,1
336,1
Gestion (salaires + charges de gestion)
7,9
46,1
Intérêts de la dette
2,1
9,6
Transfert au budget principal
2,0
2,0
Investissements (travaux + subventions Sartel THD)
168,8
168,8
Indemnité Sartel
20,2
20,2
Remboursement dette RIP1
5,9
6,3
Investissements complémentaires
1,3
83,3
Recettes cumulées
209,5
343,9
Participations / recettes de fonctionnement
2,3
2,4
SYNDICAT MIXTE SARTHE NUMÉRIQUE
56
2016-2025
2016-2048
Redevances affermage et contrôle
56,6
206,5
Subventions d’investissement reçues
135,0
135,0
Encours de dette (hors RIP1)
15,6
0,0
Source : tableur prospective BA THD Sarthe
Tableau n° 14 :
Sarthe numérique
–
budget principal - évolution de la situation financière (2018-
2022)
en €
2018
2019
2020
2021
2022
Var.
annuelle
moyenne
Produits de gestion (A)
266 448
117 532
117 308
117 045
116 916
-18,6%
Charges de gestion (B)
80 409
75 258
82 770
82 988
76 765
-1,2%
Excédent brut de fonctionnement (A-B)
186 038
42 274
34 537
34 057
40 151
-31,8%
en % des produits de gestion
69,8%
36,0%
29,4%
29,1%
34,3%
CAF brute
36 475
42 274
34 537
34 057
40 151
2,4%
en % des produits de gestion
13,7%
36,0%
29,4%
29,1%
34,3%
- Annuité en capital de la dette
884 723
0
0
0
0
884 723
CAF nette ou disponible (C)
-848 247
42 274
34 537
34 057
40 151
-697 228
Recettes d'inv. hors emprunt (D)
1 577 499
20 494
38 478
1 360
0
1 637 832
Financement propre disponible (C+D)
729 252
62 768
73 015
35 418
40 151
940 604
Financement propre dispo / Dépenses d'équipement
307,28%
0,00%
0,00%
0,00%
0,00%
- Dépenses d'équipement (y compris travaux en régie)
237 324
0
0
0
0
237 324
-
Subventions d’équipement
1 221 647
0
0
0
0
1 221 647
+/- Dons, subventions et prises de participation en nature,
reçus ou donnés
-746 843
0
0
0
0
-746 843
Besoin (-) ou capacité (+) de financement propre
17 124
62 768
73 015
35 418
94 244
228 477
Nouveaux emprunts de l'année (y compris pénalités de
réaménagement)
0
0
0
0
0
0
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du fonds de
roulement net global
17 124
62 768
73 015
35 418
94 244
228 477
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Tableau n° 15 :
Sarthe numérique
–
budget principal
–
dette (2018-2022)
en €
2018
2019
2020
2021
2022
Var. annuelle
moyenne
Encours de dettes du BP au 1er janvier
7 153 207
6 268 484
0
0
0
-100,0%
- Annuité en capital de la dette (hors remboursement
temporaires d'emprunt)
884 723
0
0
0
0
-100,0%
+ Intégration de dettes (contrat de partenariat, emprunts
transférés dans le cadre de l'intercommunalité...)
0
-6 268 484
0
0
0
+ Nouveaux emprunts
0
0
0
0
0
= Encours de dette du BP au 31 décembre
6 268 484
0
0
0
0
-100,0%
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Tableau n° 16 :
Sarthe numérique - budget annexe - évolution de la situation financière (2018-2022)
en €
2018
2019
2020
2021
2022
Cumul
Produits de gestion (A)
622 640
21 831 404
4 492 247
6 722 407
5 315 221
N.S.
Charges de gestion (B)
528 612
718 189
998 987
983 457
933 162
N.S.
Excédent brut de fonctionnement (A-B)
94 028
21 268 469
3 616 286
5 855 521
4 480 896
N.S.
RAPPORT D’OBSERVATIO
NS DÉFINITIVES
57
en €
2018
2019
2020
2021
2022
Cumul
en % des produits de gestion
18,4%
98,3%
85,4%
90,2%
88,2%
CAF brute
93 483
12 726 080
3 493 260
5 739 202
4 382 059
26 434 082
en % des produits de gestion
18,3%
58,8%
82,5%
88,4%
86,3%
- Annuité en capital de la dette
0
894 602
904 883
915 580
926 713
3 641 778
CAF nette ou disponible (C)
93 483
11 831 477
2 588 377
4 823 621
3 455 346
22 792 305
Recettes d'inv. hors emprunt (D)
27 045 684
21 174 323
14 605 373
11 442 414
13 724 281
87 992 076
Financement propre disponible (C+D)
27 139 167
33 005 801
17 193 750
16 266 036
17 179 628
110 784 381
- Dépenses d'équipement (y compris travaux en régie)
21 963 414
40 644 913
30 214 010
12 712 101
6 820 711
112 355 150
-Participations et investissements financiers
0
209 981
1 405 611
4 826 348
6 239 734
12 681 674
Besoin (-) ou capacité (+) de financement propre
5 175 752
-7 849 094
-14 425 871
-1 272 412
4 119 182
-14 252 442
Nouveaux emprunts de l'année (y compris pénalités de
réaménagement)
0
0
17 000 000
0
0
17 000 000
Mobilisation (-) ou reconstitution (+) du fonds de
roulement net global
5 175 752
-7 849 094
2 574 129
-1 272 412
4 119 182
2 747 558
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Tableau n° 17 :
Sarthe numérique
–
budget annexe
–
dette (2018-2022)
en €
2018
2019
2020
2021
2022
Encours de dettes du BP au 1er janvier
0
0
5 373 882
21 468 999
20 553 419
- Annuité en capital de la dette (hors remboursement
temporaires d'emprunt)
0
894 602
904 883
915 580
926 713
+ Intégration de dettes (contrat de partenariat, emprunts
transférés dans le cadre de l'intercommunalité...)
0
6 268 484
0
0
0
+ Nouveaux emprunts
0
0
17 000 000
0
0
= Encours de dette du BP au 31 décembre
0
5 373 882
21 468 999
20 553 419
19 626 706
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Tableau n° 18 :
Sarthe numérique - budget annexe - capacité de désendettement (2018-2022)
Capacité de désendettement
2018
2019
2020
2021
2022
Encours de dette du budget principal au 31 décembre
0
5 373 882
21 468 999
20 553 419
19 626 706
Capacité de désendettement BP en années (dette / CAF brute du BP)
0,0
0,4
6,2
3,6
4,5
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Tableau n° 19 :
Sarthe numérique
–
budget annexe - fonds de roulement et trésorerie (2018-2022)
2018
2019
2020
2021
2022
Fonds de roulement net global (FRNG)
16 924 899
9 075 806
11 629 108
10 350 440
14 496 705
en nombre de jours de charges courantes
11 686,4
4 612,5
4 248,9
3 841,5
5 670,3
Trésorerie nette
12 375 317
7 203 529
10 158 733
8 809 710
7 157 236
en nombre de jours de charges courantes
8 545,0
3 661,0
3 711,7
3 269,6
2 799,5
Source
: CRC, d’après les comptes de gestion
Chambre régionale des comptes Pays de la Loire
25 rue Paul Bellamy
BP 14119
44041 Nantes cédex 01
Adresse mél.
paysdelaloire@ccomptes.fr
Les publications de la chambre régionale des comptes
Pays de la Loire
sont disponibles sur le site :
www.ccomptes.fr/crc-pays-de-la-loire