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Évaluation de deux peines alternatives à l’incarcération

FICHE DE SYNTHÈSE

La présente évaluation porte sur deux peines alternatives à l’incarcération : le travail d’intérêt général (TIG) et la détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE). Ces mesures ont connu un essor particulier dans le cadre des réformes déployées à partir de 2019 afin de limiter la place de la détention dans le système répressif. Néanmoins, cet objectif n’a pas été atteint et le nombre de personnes incarcérées a atteint un niveau record en 2024. Dans ce contexte, la Cour des comptes a mené une évaluation du TIG et de la DDSE, en s’interrogeant en particulier leur caractère effectivement sanctionnant, ainsi que leurs effets sur l’insertion des condamnés et la prévention de la récidive.

Les résultats en deux mots

En 2024, le TIG et la DDSE concernent respectivement 22 000 et 18 000 personnes, soit l’équivalent de la moitié de la population carcérale. Néanmoins, ces mesures sont principalement utilisées comme un outil de gestion du flux carcéral et tardent à s’affirmer comme des sanctions effectives. Leur crédibilité est altérée par un délai d’exécution très long (en moyenne 4,5 mois en DDSE et plus de 16 mois pour les TIG), et un contrôle insuffisant. Par ailleurs, le TIG et la DDSE contribuent de manière limitée à l’objectif de réinsertion des condamnés, qui peinent à accéder à des dispositifs de droit commun saturés (logement, santé, emploi). L’accompagnement assuré par le ministère de la Justice est jugé insuffisant : il oriente peu les condamnés vers des acteurs de l’insertion et a un effet limité sur l’emploi. Enfin, l’impact de ces deux mesures sur la prévention de la récidive est contrasté : le taux de récidive cinq ans après un TIG est similaire à celui observé pour les peines de prison ferme (proche de 60 %), alors que la DDSE semble réduire le taux de récidive par rapport à la détention sans aménagement. Malgré leur manque d’efficacité, le TIG et la DDSE ont un coût largement inférieur à la détention et demeurent des leviers indispensables pour limiter la surpopulation carcérale, à condition d’être mis en œuvre de manière plus exigeante.

Recommandations

La Cour des comptes formule neuf recommandations afin de renforcer l’efficacité du TIG et de la DDSE. Les préconisations portent sur la coordination des acteurs de la chaîne pénale, l’allocation des moyens ainsi que l’amélioration des connaissances. La Cour des comptes recommande notamment de réduire les délais d’exécution, de renforcer les contrôles en intégrant des visites à domicile, d’intensifier l’accompagnement du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP), de faciliter l’accès aux dispositifs de droit commun et de mieux caractériser les besoins des condamnés à travers l’amélioration des enquêtes sociales.

 

Contact : Cour des comptes

Ce document résume un rapport d'évaluation. Il n'engage pas la responsabilité des auteurs dudit rapport.