Classée parmi les « très grandes stations françaises », la station de Megève reste dépendante de la saison hivernale qui représente 70 % des nuitées. Dans un marché du ski arrivé à maturité, la station offre aussi nombre d’équipements et d’activités diversifiés qui jouent un rôle dans la fréquentation touristique. Elle dispose de près de 38 000 lits dont 60 % de lits froids, c’est à dire occupés moins de quatre semaines par an.
Le territoire connait de grandes difficultés pour recruter de la main d’œuvre, principalement à cause de la problématique du logement. En effet, avec un coût du foncier très élevé (environ 12000 € / m² pour les appartements) et un parc de logements constitué à plus de 80 % de résidences secondaires, le développement d’une offre de logements accessible tant aux habitants permanents qu’aux travailleurs saisonniers est devenu une priorité pour la commune.
Conformément à la loi montagne et à l’article L. 301-4-1 du code de la construction et de l’habitation, la commune de Megève a conclu le 22 avril 2020 pour une période de 3 ans, une convention avec l’Etat pour le logement des travailleurs saisonniers. Les objectifs étaient la réalisation de 109 lits urgents sur un besoin global évalué à 474 lits. Environ 240 lits ont été créés pour les travailleurs saisonniers entre 2020 et 2023. 45 sont issus de l'intermédiation locative, une vingtaine de préemptions de la commune et 168 d’actions de promoteurs immobiliers ou d’employeurs privés.
Cette convention a permis d'appuyer des actions fortes de la collectivité, telles que les préemptions ou les acquisitions. Les documents structurants du territoire ont également intégré le besoin en logements à destination des travailleurs saisonniers. Ainsi, le programme local de l'habitat (PLH) 2022-2028 reprend le diagnostic de la convention ainsi que les solutions proposées par la collectivité, notamment la mise en place de l'intermédiation locative. De même, le plan local d'urbanisme, en cours de révision, reprend en premier objectif le renforcement du logement permanent et celui des travailleurs saisonniers.
Cependant, le besoin en logements des travailleurs saisonniers reste critique.
Selon une enquête réalisée en février 2024 par la CRC conjointement avec la commune et l’office de tourisme auprès des employeurs et travailleurs saisonniers, les exigences des salariés ont évolué. Avec un recrutement qui se fait majoritairement par le « bouche à oreille », les employeurs mettent en place dans la vie quotidienne de leurs salariés, pour moitié, un hébergement confortable gratuit ou à faible loyer. Ils les accompagnent par de la formation (20 %), la prise en charge d’une mutuelle (19 %), la gratuité de l’alimentation (14 %) ou de la blanchisserie (14 %).
Pour améliorer leurs conditions de vie, les travailleurs saisonniers souhaiteraient la mise en place de tarifs spéciaux (35 %), une augmentation de salaire (16 %), des logements plus accessibles en termes de prix et d’offre (12 %), des parkings abordables et plus de transport en commun.
Proactive dans le développement de l’offre de logements, la collectivité est consciente que les dispositifs qu’elle a mis en place à destination des propriétaires privés pour favoriser la remise en location de logements existants, dont le succès reste à ce jour mitigé, doivent monter en puissance. Pour ce faire, elle devrait renforcer auprès de ces propriétaires la promotion de l’intermédiation locative et des aides financières qu’elle propose, tout en procédant à une simplification et une fluidification des procédures de gestion locative dans le cadre de l’intermédiation.