Synthèse
Située au bord de la Manche dans le département de la Seine-Maritime, à 18 km à l’ouest de Dieppe, Quiberville est une petite station balnéaire de la côte d’Albâtre de 548 habitants à l’année, labellisée « station verte » et commune touristique. Elle est membre de la communauté de communes Terroir de Caux, qui regroupe 79 communes et plus de 38 000 habitants.
Le recul du trait de côte y est une réalité tangible depuis des siècles, mais se trouve aggravé par le réchauffement climatique et la montée subséquente du niveau de la Manche. Une partie de son territoire est en effet située en basse vallée de la Saâne, exposée historiquement aux risques de submersion marine et d’inondation. De plus, les secteurs les plus urbanisés situés sur un plateau crayeux sont bordés par des falaises sujettes à des éboulements réguliers générant un recul du trait de côte d’environ 3 à 7 mètres par décennie.
Dans les années cinquante, la commune a créé en front de mer, derrière une digue/route, un camping municipal géré en régie directe jusqu’en 2022. Celui-ci a été complètement submergé en décembre 1999, sans qu’il y ait de victimes, ce qui pose depuis lors la question de sa fermeture ou de sa relocalisation. A l’issue d’un processus de plus de vingt années d’études et de concertations, un projet territorial de recomposition spatiale de la vallée de la basse Saâne a pu se concrétiser dans le cadre d’un programme européen Interreg franco-britannique PACCo. La relocalisation du camping municipal en constitue un des volets majeurs. L’opération, pionnière à bien des égards, évaluée à 8,6 M€, n’aurait pas pu être engagée sans la subvention européenne de 5,9 M€. La commune, maître d’ouvrage, assume cependant seule l’essentiel des risques liés à l’opération.
Par ailleurs, à ce stade, ce projet ne traite pas des éboulements de falaises alors que ce phénomène présente bien plus de risques pour les habitants et leurs biens. Le dernier effondrement d’un bout de falaise en juin 2020 a conduit à un arrêté de péril et à la démolition d’une maison menacée de tomber à la mer.
Or la relocalisation des 24 habitations, dont 21 résidences secondaires, butte encore sur un problème aigu de financement en l’absence de création au niveau national d’une source de financement pérenne et dimensionnée à de nouvelles opérations de recomposition spatiale. Son coût dépasse les capacités financières de la commune. En effet, la loi du 22 août 2021 dite loi « climat et résilience » ne règle pas la question de l’indemnisation des propriétaires d’habitations construites antérieurement à l’adoption du PLUiH en cours d’élaboration par la CC Terroir de Caux et à la définition préalable d’une cartographie des zones exposées sur Quiberville au recul du trait de côte à l’horizon de trente et cent ans.