Plus fragile économiquement et socialement que les autres communes réunionnaises, la commune de Saint-Joseph qui comptait 38 166 habitants et 744 agents au 1er janvier 2020 a atteint la limite budgétaire du recours massif aux contrats aidés sur des emplois permanents pour insérer professionnellement une partie de sa population et optimiser sa masse salariale.
La réduction par l’État à partir de 2017 des quotas et financements des contrats aidés a conduit la commune, malgré les efforts qu’elle a entrepris depuis 2015, en dépenses comme en recettes, à ne plus dégager suffisamment d’épargne pour rembourser intégralement sa dette ; la capacité de désendettement de Saint-Joseph fin 2019 devient moins favorable que celle des autres communes réunionnaises de la même strate de population.
La commune, qui souffre d’un sous-financement structurel de son investissement, doit impérativement restaurer sa capacité d’autofinancement. Elle dispose pour cela de plusieurs marges de manœuvre : l’optimisation de ses bases de foncier bâti, la gestion prévisionnelle des emplois et compétences à l’occasion des nombreux départs à la retraite d’ici 2026, la mutualisation de ressources avec d’autres collectivités et une gestion plus écologique de certains services.
La commune est invitée à s’assurer de la soutenabilité du financement de son investissement au cours du prochain mandat, dans un contexte budgétaire tendu, rendu complexe par la crise sanitaire et la volonté de sortir à moyen terme, comme sa voisine Saint‑ Philippe, de la communauté d’agglomération du Sud (CASUD).
La commune de Saint-Joseph a par ailleurs intérêt à revoir la répartition de l’exercice et du financement de certaines compétences avec la communauté d’agglomération : la commune finance le solde de l’aménagement des crues de la Rivière des Remparts alors qu’il relève exclusivement de la compétence intercommunale de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GeMAPI) ; en outre, le site très fréquenté de la Rivière Langevin est susceptible de constituer une zone d’activités touristiques confiée par la loi à l’intercommunalité.
La commune peut encore améliorer sa gestion des ressources dans plusieurs domaines : une exécution des crédits en investissement plus élevée ; le suivi de ses risques externes constitués par les engagements hors bilan, comme les opérations de portage foncier, la situation financière des sociétés d’économie mixte et publiques locales dont elle est actionnaire et les garanties d’emprunts accordées ; la gestion du personnel avec la délibération des avantages octroyés, la mise en place du compte épargne temps et la réduction de l’absentéisme consécutif aux accidents du travail. La commune doit par ailleurs définir avec l’intercommunalité les conditions du transfert récent des biens nécessaires à l’exercice de certaines compétences, comme la zone d’activités économiques des Grègues 2 « les TERRASS » et les ouvrages de protection des crues.
Elle doit enfin procéder à des régularisations à la suite de l’intervention de la chambre telles que la mise en ligne d’informations intéressant le budget, ou l’adoption d’une délibération annuelle précise sur les avantages accordés aux agents et aux élus.
Commune de Saint-Joseph (La Réunion)
CRC LA RÉUNION