Une station de proximité à vocation sociale et d’apprentissage
La station de Chalmazel a été créée dans les années 1930 dans les Monts du Forez. Située au cœur de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à une heure de Saint-Étienne et de Roanne et, depuis l’ouverture de l’A89 en 2013 à une heure trente de Lyon, elle attire une clientèle familiale à la journée principalement, pour la majorité en apprentissage du ski et à la recherche d’une station de proximité offrant des tarifs accessibles.
Le domaine skiable dont l’altitude varie entre 1 108 m et 1 583 m, est accessible par sept téléskis et un télésiège débrayable. Il offre 12 km de ski de piste, un snow park d’altitude, 119 km de pistes de ski fond balisées, et 25 km de piste de raquette non loin au col de la Loge.
Pour la saison 2021-2022, les équipements permettent de transporter7 333 personnes par heure (débit skieur). Le département de la Loire, en tant qu’autorité organisatrice des remontées
mécaniques de la station de Chalmazel par délégation de la commune de Chalmazel Jeansagnière, a entrepris depuis le début des années 2000 un programme de requalification du domaine skiable.
La gestion de la station est assurée dans le cadre d’une régie départementale, administrée, sous l’autorité du président du conseil départemental de la Loire, par un conseil d’exploitation et gérée par la directrice de la station.
Une situation financière en apparence saine mais totalement dépendante du soutien du département de la Loire et dont le niveau de recettes dépend de l’aléa climatique
L’activité de la station de Chalmazel est retracée dans un budget annexe rattaché au budget principal du département de la Loire. Les charges à caractère général de ce budget annexe comprennent pour plus de la moitié les dépenses d’eau et d’énergie ainsi que l’entretien et la réparation d’équipements. La capacité d’autofinancement brute progresse grâce au versement de la subvention du budget principal qui représente plus d’un quart des recettes réelles d’exploitation. Sans cette subvention, la capacité d’autofinancement brute aurait été négative pour la plupart des exercices comptables examinés par la chambre.
Les principales dépenses d’équipement relèvent des travaux de la première grande inspection du télésiège des Jasseries et d’adaptation de l’équipement pour atteindre l’objectif d’un débit de 1 800 personnes par heure à la descente (contre 450 précédemment). Les dépenses d’investissement sont financées principalement par la capacité d’autofinancement brute (CAF) grâce au soutien financier massif du département de la Loire.
L’adaptation de la station au changement climatique : une stratégie « Quatre saisons » qui ambitionne d’accroitre son attractivité par des investissements conséquents mais qui relève d’un modèle déjà dépassé
Le département a défini quatre axes de développement dans le cadre du programme de mutation de la station et de son adaptation au réchauffement climatique. Il appuie son projet sur plusieurs études peu étayées et qui ne prennent pas en compte les conséquences du réchauffement climatique sur les niveaux de fréquentation de la station :
« Conforter le domaine skiable » : Au regard du maintien onéreux des équipements actuels, des consommations énergétiques et d’eau en hausse (neige de culture) et des incertitudes quant à l’enneigement dans les prochaines années, la chambre invite le département à la prudence en matière d’investissement.
« Diversifier les activités loisirs été/hiver ». Hormis le projet de luge sur rail (1,9 M€), les autres activités proposées existent déjà à relative proximité de la station de Chalmazel. La concurrence entre les territoires sera donc un élément à prendre en considération dans les choix de la collectivité ainsi que leur impact environnemental (surface artificialisée, dénaturation du site...).
« Proposer un panel de services aux clients ». La station de Chalmazel dispose d'équipements vieillissants et sans intégration architecturale ou paysagère. Le projet consiste en l’aménagement d’une plateforme associée aux activités ludiques ainsi qu’une plateforme technique d’une surface totale de 13 200 m² pour un cout estimé à 3,5 M€. L’efficience de tels investissements doit être interrogée au regard du manque d’enneigement sur une station de faible altitude.
« Développer des hébergements touristiques ». Il est prévu la création de 5 000 m² d’hébergements touristiques ainsi qu’un pôle d’hébergement commercial de près de 1 100 m². La nature publique ou privée du ou des financeurs de ce programme n’est pas à ce jour arrêtée. Néanmoins, l’existence de longue date, de friches immobilières sur la station n’augure pas d’un financement privé et reporterait donc le risque financier sur le département. De plus, sa réalisation occasionnerait à nouveau une forte artificialisation des sols ce qui semble éloigné des impératifs environnementaux actuels.
Au regard des incertitudes climatiques, du coût environnemental et d’un risque de faible attractivité, ce projet anachronique et onéreux pour les finances départementales devra vraisemblablement être réinterrogé en profondeur.