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La station de Saint-Pierre de Chartreuse - Le Planolet. Communauté de communes Coeur-de-Chartreuse et commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère et Savoie). Enquête : L'adaptation des stations de montagne au changement climatique

CRC AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

La chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes a procédé, dans le cadre de son programme de travail 2023, au contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse et de la communauté de communes Cœur-de-Chartreuse pour les exercices 2017 et suivants, dans le cadre d’une enquête nationale des juridictions financières relative aux acteurs publics locaux du tourisme hivernal face au changement climatique.

Une station de moyenne montagne fragilisée par le changement climatique
La station de Saint-Pierre-de-Chartreuse Le Planolet, à 25 km de Grenoble et 35 km de Chambéry, s’étend sur les communes de Saint-Pierre-de-Chartreuse et de Saint-Pierre-d’Entremont, deux communes membres de la communauté de communes Cœur de Chartreuse.
Située en moyenne montagne, à 900 m d’altitude en bas des pistes et 1 789 m au sommet de la Scia, elle est particulièrement exposée à un risque de chute de la fréquentation lié à l’insuffisance de l’enneigement.
L’enneigement naturel aléatoire et le recours très marginal à l’enneigement artificiel - rendu difficile par la fragilité de la ressource en eau et les caractéristiques du territoire – conduisent à constater une forte variabilité du nombre de jours d’ouverture du domaine skiable avec une tendance globale à la diminution des jours d’ouverture de la station depuis dix ans.

Une exploitation structurellement déficitaire
Depuis une vingtaine d’années, plusieurs gestionnaires se sont succédé à la tête de la station et plusieurs modes de gestion ont été expérimentés : directement par la commune de Saint-Pierre de Chartreuse puis par le SIVU regroupant cette dernière et Saint-Pierre-d’Entremont jusqu’au transfert de la compétence à la communauté de communes Cœur de Chartreuse en 2016 qui l’a confié à un établissement public dédié avant d’expérimenter la délégation de service public pour la saison 2021/2022 avant de reprendre la gestion en régie directe en 2023.


Aucun modèle n’a permis d’atteindre un équilibre financier et le déficit structurel peut être évalué à 300 k€ (variable selon le périmètre d’exploitation).
Le déficit d’exploitation est aggravé par un parc de remontées mécaniques supérieur à la moyenne des stations similaires et dont l’âge moyen conduit à de lourdes charges d’entretien.

Un territoire qui n’a pas des ressources financières suffisantes pour assumer ces déficits.
Pas plus que celles de la commune de Saint-Pierre de Chartreuse, les capacités financières de la communauté de communes Cœur-de-Chartreuse ne lui permettent d’assumer la charge récurrente d’une exploitation structurellement déficitaire des remontées mécaniques.
La gestion des domaines skiables au niveau communautaire présente l’avantage d’une appréhension globale de la situation d’un territoire par rapport aux mutations d’un modèle de développement moins exclusivement centré sur l’activité de ski alpin qui appelle des décisions rapides sur l’exploitation des équipements de remontées mécaniques.  
 Toutefois, si la communauté de communes Cœur-de-Chartreuse ne souhaite plus supporter les déficits structurels de la station de Saint-Pierre de Chartreuse, elle n’a pour autant pas défini de stratégie pour une sortie organisée de l’exploitation du domaine skiable (adaptation du modèle ou fin d’exploitation planifiée).
La possibilité d’une exploitation plus réduite du domaine skiable (sans équipements lourds de type téléportés), plus axée sur l’apprentissage peut être une option envisageable pour la station de Saint-Pierre de Chartreuse selon le modèle de Saint-Hugues-les-Egaux.

Un territoire qui dispose d’autres atouts pour développer son économie touristique
Les différents acteurs du territoire ont aujourd’hui pris en compte la nécessité d’une mutation du modèle économique touristique devenue urgente.
Il s’agit de sortir d’une spirale qui associe une activité de ski alpin déclinante et une destination « Chartreuse » axée sur le tourisme à la journée et trop peu sur le séjour.
Les insuffisances qualitatives et quantitatives du parc d’hébergements touristiques constituent un frein au développement de la destination et l’enjeu de l’amélioration de l’offre immobilière apparait essentiel.
Toutefois, elle dispose de nombreux atouts favorisant une mutation déjà engagée :
•    une notoriété nationale et internationale importante (tant par son histoire religieuse que par le produit phare de la liqueur) ;
•    un territoire très préservé avec une qualité paysagère reconnue ;
•    la proximité avec de grandes agglomérations avec un potentiel de clientèle très important.