Un enjeu croissant pour la Martinique, avec une population concernée en très forte augmentation
Près de 20 000 martiniquais de plus de 45 ans ont un handicap reconnu par la maison martiniquaise des personnes en situation de handicap (MMPH). Ils représentent 70 % de l’ensemble des bénéficiaires, une proportion équivalente à la situation hexagonale. Sur la période 2011-2021, le nombre de ceux de plus de 60 ans été multiplié par cinq, un rythme extrêmement rapide.
L’absence de politique ciblée au niveau territorial, une offre insuffisante
Cet enjeu démographique, peu anticipé, n’est pas spécifiquement pris en compte dans les politiques publiques territoriales qui relèvent de compétences croisées de la collectivité territoriale de Martinique (CTM) et de l’Agence régionale de santé (ARS).
Malgré des moyens significatifs consacrés au champ du handicap (80 M€ pour l’ARS et 41,7 M€ pour la CTM en 2021), aucun dispositif ciblé pour les personnes en situation de handicap vieillissantes n’existe en Martinique. Le suivi est ainsi assuré par les structures du champ du handicap, peu familières de la prise en charge du vieillissement, ou par celles du secteur de la personne âgée, tenues de s’adapter aux spécificités des bénéficiaires.
Malgré un effort de développement de l’offre, le nombre de places disponibles en établissements médicaux-sociaux demeure très inférieur aux moyennes nationales et ne permet pas de répondre aux demandes. L’âge moyen des résidents y est inférieur aux moyennes hexagonales, mais l’avancée en âge est perceptible, amenant les établissements à adapter leur prise en charge.
Le centre hospitalier Maurice Despinoy dispose d’un Ehpad de 33 places pour les sujets âgés souffrant de handicap psychique. Cependant ses conditions d’hébergement dégradées, le fort roulement de ses équipes et un déficit financier chronique nuisent à la qualité de la prise en charge.
Un accompagnement à domicile lacunaire, reposant largement sur les aidants
En Martinique, le maintien à domicile des personnes handicapées vieillissantes est traditionnellement très privilégié. Mais cette population reste peu connue. Son repérage, l’identification des besoins et l’accompagnement sont lacunaires. La prise en charge repose sur les proches, parfois éloignés ou en difficulté, et sur un maillage d’intervenants parfois dense posant le défi de leur coordination. L’accès effectif aux droits et aux services et le soutien aux aidants conditionnent la qualité de la réponse aux besoins. Or, l’offre de services est incomplète avec un seul service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah) et aucun service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) sur le territoire.
Les prises en charge à domicile ne font pas l’objet de suivi ou d’évaluation transversale. L’adéquation des réponses apportées reste méconnue et le risque de situation inadaptée, de rupture ou de renoncements aux droits et aux soins est présent.
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