Le contrat « jeunes majeurs » est le dispositif spécifique pour assurer le suivi des jeunes issus de l’ASE entre 18 et 21 ans, conformément aux objectifs de la loi du 7 février 2022. Il est utilisé par le Département comme passerelle entre les mesures de protection des mineurs et leur insertion socio-professionnelle. L’objectif est d’éviter une rupture dans les parcours d’insertion et de surmonter les difficultés qui peuvent bloquer l’accès à des dispositifs de droit commun.
Au regard des bénéfices attendus d’une insertion socio-professionnelle des jeunes issus de l’ASE, cette politique publique est peu coûteuse. La dépense associée à ce suivi, pour le Département, est globalement stable à 1,3 M€ (dont 38 % financée par l’État), dont 0,4 M€ pour les contrats « jeunes majeurs » et 0,7 M€ pour l’hébergement en 2023.
Le Département a anticipé plusieurs mesures issues de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté et des lois de 2016 et 2022, en mettant fin à l’hébergement à l’hôtel, plusieurs années avant l’adoption du décret d’application, en 2024, et en déployant deux dispositifs de logements autonomes. En 2020, la création de trois postes de référents « Parcours jeunes » lui a permis de renforcer la mise en œuvre des mesures prévues par la loi pour les jeunes les plus en difficultés.
L’insertion socio-professionnelle des jeunes majeurs de l’ASE présente des caractéristiques spécifiques qui contraignent leur insertion dans l’Aisne. Celle-ci est plus précoce et moins sécurisée, par rapport à la moyenne nationale. En 2022, le taux de chômage localisé des jeunes de moins de 25 ans s’élève à 28 % dans l’Aisne, 23 % dans la région
Hauts-de-France, par rapport à 17 % en France métropolitaine. Le taux des jeunes de 18 à 24 ans qui ne sont ni en formation, ni en études est de six points supérieurs à la moyenne nationale. L’absence de centre universitaire, dans l’Aisne, nuit à l’insertion des étudiants de l’enseignement supérieur dans le département. En revanche, la plupart des jeunes deviennent autonomes, à partir de 25 ans. Ces difficultés sont accrues pour les jeunes ayant une double vulnérabilité, en raison d’un handicap et d’un trouble psychique, au regard des spécificités et des restrictions rencontrées dans ces secteurs d’activité.
Le Département s’assure qu’aucun jeune majeur ne sorte de l’ASE sans solution, mais il ne suit pas leur insertion socio-professionnelle à long terme. Pour sécuriser les parcours, la chambre lui recommande d’élaborer une stratégie départementale dédiée aux jeunes majeurs, recouvrant l’ensemble de ses champs d’action, pour renforcer le travail conjoint de ses services sur le handicap et sur l’insertion, d’instaurer la commission d’accès à l’autonomie, d’adopter le protocole partenarial d’accès à l’autonomie, d’établir une convention de partenariat avec les missions locales, et de renforcer le suivi qualitatif de l’insertion socio-professionnelle.